« Plusieurs victimes sont toujours ensevelies sous les décombres et jonchent les routes, les ambulances et les équipes de la protection civile n’ayant pas parvenu à les atteindre », indique le ministère de la Santé à Gaza. L’armée israélienne a repris ses attaques contre la bande de Gaza le 18 mars. Depuis lors, elle a fait 2.651 martyrs et près de 7 223 blessés, en dépit d’un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers entré en vigueur en janvier dernier.

Dans la ville de Rafah, frontalière de l’Egypte, la résistance palestinienne inscrit à son actif de nouvelles pages de gloire. Les Brigades Al-Qassam ont réalisé trois opérations dans la journée. Une a consisté en la destruction par des obus d’une maison que des soldats israéliens s’apprêtaient à plastiquer tandis qu’une autre a consisté en la mise à mort d’une escouade de soldats israéliens via une charge hautement explosive déclenchée à leur passage à l’est de la ville. Dans la même région, des combattants d’Al-Qassam ont échangé un feu nourri avec une force israélienne motorisée. Des hélicoptères israéliens ont été vus dans le ciel dépêchés pour transporter morts et blessés.

Si la résistance palestinienne choisit l’heure et le lieu de la confrontation, contrairement à l’armée sioniste qui bombarde à l’aveuglette, tuant principalement les civils, il y a lieu de relever que les Gazaouis sont confrontés à d’autres drames tels les pénuries des denrées alimentaires et des médicaments, le blocus étant actionné comme arme de destruction massive par les dirigeants israéliens. Dans ce sillage, il y a lieu de noter que 75% des véhicules de la Défense civile à Gaza sont immobilisés faute de carburant L’organisation caritative américaine World Central Kitchen (WCK) n’est plus en mesure de livrer des vivres aux Gazaouis en raison du blocage israélien de l’aide humanitaire. « Après avoir fourni 130 millions de repas et 26 millions de pains, au cours des 18 derniers mois, World Central Kitchen n’a plus les moyens de cuisiner des repas ou de cuire des pains à Gaza », a déclaré l’organisation humanitaire mercredi 7 mai.

Les secours palestiniens ont également averti jeudi 8 mai qu’ils étaient au bord de la paralysie dans une enclave en pleine catastrophe humanitaire. « Soixante-quinze pour cent de nos véhicules sont à l’arrêt en raison d’un manque de diesel », a déclaré à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza. « Nous souffrons d’une grave pénurie de générateurs électriques et d’appareils à oxygène », a-t-il ajouté.

À l’hôpital de campagne koweïtien de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens font la queue pour donner leur sang a constaté un journaliste de l’AFP.  Hind Joba, cheffe du laboratoire, note qu’ « il n’y a rien à manger, rien à boire, les points de passage sont fermés, et on n’a aucun accès à une alimentation nutritive ou riche en protéines ». « Malgré cela, les gens ont répondu à l’appel, accomplissant leur devoir humanitaire en donnant leur sang malgré l’épuisement que cela entraîne par la suite », ajoute-t-elle. « Mais ce sang est vital, ils savent que chaque goutte peut sauver la vie d’un blessé ».

Depuis le 2 mars, Israël bloque l’aide humanitaire à destination des Palestiniens dans l’enclave occupée de Gaza. Israël accuse le Hamas de détourner cette aide, ce que le Hamas réfute.

Le Hamas dénonce pour sa part qu’Israël a recours à la faim comme arme de guerre. « L’aide humanitaire est utilisée comme arme de guerre », a aussi dénoncé le représentant de la Palestine auprès des instances internationales à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye (Pays-Bas). La CIJ a ouvert une semaine d’audiences sur les obligations humanitaires d’Israël à l’égard des Palestiniens à la fin du mois d’avril. La Belgique y a plaidé la semaine passée pour l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Fin avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé l’épuisement de ses stocks à Gaza, où Israël bloque toute aide depuis plusieurs semaines. L’Unwra, l’agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens, a aussi déclaré ne plus disposer de farine.

Il y a un an, sept employés de World Central Kitchen ont perdu la vie dans une attaque aérienne israélienne. Leur convoi de trois véhicules quittait alors un dépôt dans le centre de l’enclave palestinienne.

Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, devait informer mercredi le Conseil de sécurité de l’ONU sur la politique de Washington à l’égard de la bande de Gaza et d’autres dossiers régionaux majeurs, a rapporté Axios, citant trois sources proches du dossier. Selon le média, S. Witkoff devrait axer son intervention sur un nouveau plan d’aide humanitaire pour Gaza proposé conjointement par les États-Unis et Israël.

Des rapports antérieurs indiquaient que le cabinet de sécurité israélien avait récemment validé un plan de livraison d’aide aux Palestiniens dans l’enclave via des entreprises de sécurité privées US, reposant sur une distribution directe des colis aux individus. Cependant, ce mécanisme a été rejeté par l’ONU ainsi que par toutes les organisations humanitaires opérant à Gaza, ces dernières estimant qu’il contrevient aux principes du droit humanitaire international. Le mois dernier, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, s’était opposé publiquement à cette approche. « Soyons clairs : nous ne participerons à aucun dispositif qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires – humanité, impartialité, indépendance et neutralité. L’accès humanitaire sans entrave doit être garanti », avait-il déclaré.

L’administration Trump chercherait actuellement à rallier le soutien d’autres pays, tout en exerçant des pressions sur l’ONU pour qu’elle coopère. « À notre connaissance, il s’agit d’un briefing non officiel organisé par la mission américaine », a indiqué la mission grecque à l’ONU, qui assure la présidence tournante du Conseil pour le mois de mai.

Cette réunion à huis-clos intervient à quelques jours de la tournée de D. Trump au Moyen-Orient, au cours de laquelle un sommet est prévu avec les dirigeants du Golfe pour discuter de l’Iran et de la situation à Gaza.

Ecoles d’Al-Qods ciblées

Dans le reste des territoires occupés, il y a lieu de relever qu’un jeune palestinien a été tué jeudi par les forces israélienne à Naplouse. Des forces de la police d’occupation israélienne ont fermé, dans la matinée, deux écoles des Nations unies à Chouafat, a constaté un journaliste de l’AFP, l’agence onusienne tenant ces établissements confirmant la fermeture par Israël de ses trois écoles dans ce camp de réfugiés palestiniens à l’Est d’AlQods occupée.

Les forces d’occupation israéliennes ont expulsé les enfants présents sur les lieux, dont beaucoup sont partis en pleurant, et placardé un ordre de fermeture indiquant que les écoles fonctionnaient illégalement en l’absence d’ « autorisation », a constaté le photographe de l’AFP.

La gouverneure d’AlQods a déclaré dans un communiqué que la police d’occupation israéliennes ont pris d’assaut les cours et les environs de l’école, dans un contexte de tensions accrues et de craintes d’attaques contre les étudiants et les enseignants.

Le 8 avril, les autorités d’occupation ont émis une décision à l’encontre de trois écoles du camp de réfugiés de Chouafat et d’une école à Sur Baher, Silwan et Wadi al-Joz, interdisant à quiconque d’entrer dans le bâtiment scolaire après le 8 mai 2025, y compris les directeurs, les enseignants, le personnel et les parents.

L’UNRWA a déclaré que la mise en œuvre par l’occupation de sa décision de fermer les six écoles priverait 800 enfants de leur droit à l’éducation, ce qui constitue une violation des obligations d’Israël en vertu du droit international. En octobre 2024, la Knesset israélienne a adopté une loi interdisant les activités de l’UNRWA en Israël.

En novembre 2024, rappelle-t-on, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés dans la bande de Gaza. Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre menée contre l’enclave palestinienne.

La conscience européenne semble se réveiller avec la réflexion menée au niveau de Bruxelles pour la mise en place d’un tribunal spécialisé dans les crimes de guerre. Le dossier palestinien sera-t-il le premier à être traité au niveau de cette instance projetée ?

En attendant, sous l’Amérique de D. Trump, 78 manifestants ont été arrêtés à l’université Columbia après avoir protesté contre la guerre génocidaire israélienne à Gaza. Autant dire que l’Oncle Sam persiste dans sa politique pro-israélienne…

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