Selon les informations de l’agence de presse américaine, cette nouvelle aide comprend une quantité importante de munitions, notamment les systèmes de défense antiaérienne Nasams et Hawk. Les responsables américains ont indiqué que des missiles Stinger et des obus d’artillerie de 155 mm et 105 mm seraient également livrés.

L’AP a également noté que si cette nouvelle tranche était livrée à l’Ukraine, Washington aurait fourni à Kiev plus de 64 milliards de dollars d’aide à la sécurité depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. Un montant qui avoisine celui établi par le Kiel Institute. Selon le dernier décompte de ce think tank allemand, le total de l’aide fournie ou promise entre fin janvier 2022 et fin octobre 2024 par les États-Unis s’établit à 65,5 milliards d’euros (soit 68,4 milliards de dollars).

 Le 24 décembre, Denys Chmygal, Premier ministre ukrainien, a annoncé que Kiev avait reçu le premier –garanti par les intérêts des actifs russes gelés en Occident – des 50 milliards de dollars que les États-Unis et l’UE sont prêts à allouer à l’Ukraine dans le cadre d’une initiative du G7. Un « vol » qui « contredit toutes les normes et toutes les règles », avait déclaré le lendemain Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, tout en réitérant la position de Moscou quant au sort des actifs russes gelés en Occident. Durant sa campagne, Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises l’aide militaire à l’Ukraine et a promis un règlement rapide du conflit. Le 7 décembre, le président élu américain a rencontré à Paris Volodymyr Zelensky ainsi que le président français Emmanuel Macron. Il a ensuite appelé à « un cessez-le-feu immédiat ». « Trop de vies ont été perdues en vain », a-t-il ajouté.

Pour le Kremlin, ces nouvelles livraisons d’armes ne font que prolonger le conflit, sans en changer la tournure. La Russie a également régulièrement déclaré être ouverte aux négociations, dès lors que la réalité du terrain serait prise en considération. Le 19 décembre, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année, le président russe a déclaré qu’il était prêt à discuter et à rencontrer D. Trump « à tout moment ».

Tension entre Bratislava et Kiev

Dans un message vidéo publié sur les réseaux sociaux, Robert Fico le Premier ministre slovaque a répondu aux accusations portées par V. Zelensky après sa visite à Moscou, brandissant au passage la menace de couper ses approvisionnements en électricité de l’Ukraine si celle-ci mettait un terme au transit du gaz russe à travers son territoire. La tension continue de monter entre Bratislava et Kiev. Dans une vidéo publiée le 27 décembre sur sa page Facebook, R. Fico a vertement répondu aux dernières accusations de V. Zelensky. « Je comprends à quelle pression vous êtes soumis. Je comprends que l’Occident vous donne presque tout ce que vous demandez en raison de ses intérêts politiques, mais je ne suis pas votre humble serviteur qui ne peut pas exprimer son opinion et qui est obligé de vous aider sans rien attendre en retour », a lancé l’homme politique slovaque à V. Zelensky.

Dans cette intervention vidéo, R. Fico a affirmé qu’il continuerait à mettre en avant l’« agenda de la paix » lors de ses déplacements internationaux. La position de l’Ukraine « empire tous les jours » « Je ne suis pas et ne veux pas être l’un de ces hommes politiques occidentaux qui soutiennent ouvertement la guerre », a-t-il affirmé, assurant qu’il « n’accepterai[t] jamais que des Slaves s’entretuent à cause d’intérêts géopolitiques et du rêve de diviser et d’affaiblir la Russie ». Celui-ci a par ailleurs déclaré « ne pas comprendre » le refus de V. Zelensky d’un cessez-le-feu. Selon lui, les dirigeants du pays « entraînent l’Ukraine à la catastrophe » et leur position dans d’éventuelles négociations « empire tous les jours .» Dans un message posté le 23 décembre sur X, au lendemain d’un déplacement de R. Fico à Moscou, V. Zelensky avait notamment estimé que  « les forces de l’ordre et les services spéciaux slovaques » devraient s’« inquiéter » des « importantes remises » que « Moscou accorde à Fico ». Par ailleurs, d’après-lui, si R.t Fico et V. Poutine n’ont fait aucune déclaration à l’issue de leur rencontre, c’est parce qu’« ils ont peur de la réaction de l’opinion publique ».
Cette rencontre entre les dirigeants russe et slovaque intervenait sur fond de refus de Kiev de proroger le contrat de transit de gaz russe à travers l’Ukraine qui arrive à terme le 31 décembre. Un approvisionnement que R. Fico juge vital pour la Slovaquie. Celui-ci avait déclaré le 19 décembre, à l’issue d’un Conseil européen, que V. Zelensky aurait tenté de le soudoyer sur cette question, en lui proposant un dédommagement financier s’il votait en faveur d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. « [Il] m’a demandé si je voterais en faveur de l’adhésion [de l’Ukraine] à l’OTAN s’il me donnait 500 millions d’euros d’actifs russes », a affirmé R. Fico, qui venait de signaler au dirigeant ukrainien que la Slovaquie pourrait perdre 500 millions d’euros de frais de transit par an.

Dans sa vidéo, le Premier ministre slovaque a menacé de couper son approvisionnement en électricité de l’Ukraine si celle-ci mettait ainsi un terme au transit du gaz russe à partir du 1er janvier. Selon l’homme politique, l’Europe devra faire face à des coûts énergétiques supplémentaires de 120 milliards d’euros en 2025-2026 en raison de la décision de Kiev. « Après le 1er janvier, nous évaluerons la situation et les éventuelles mesures de rétorsion contre l’Ukraine. Si c’est inévitable, nous arrêterons les livraisons d’électricité, dont l’Ukraine a cruellement besoin pendant les coupures de courant, ou nous nous mettrons d’accord sur une autre méthode », a déclaré R. Fico. « Il suffit de regarder quels pays bénéficient le plus de la réduction de la dépendance de l’Union européenne à l’égard du gaz russe. La réponse est très simple : ce sont d’abord les États-Unis », a-t-il également déclaré, rappelant que le dirigeant américain élu D.Trump avait déjà menacé les pays de l’UE d’imposer des droits de douane s’ils ne commençaient pas à acheter davantage de pétrole et de gaz américains.

Le moral dans les chaussettes !

Le Washington Post a publié le 26 décembre un article sur le moral d’une unité ukrainienne à l’occasion des fêtes. Au gré des témoignages quant à un éventuel cessez-le-feu, les militaires de Kiev ont fait part de leurs craintes, notamment quant à un potentiel arrêt de l’aide des États-Unis.
« Là où nous parlions de victoire auparavant, maintenant ce n’est pas clair », a concédé au Washington Post Kyrylo, commandant adjoint d’un bataillon de la 33e brigade mécanisée ukrainienne. « Personne n’a l’impression que la fin est proche », a-t-il déclaré au quotidien américain. « Le moral ne cesse de baisser, de pis en pis » a-t-il encore assuré.

Dans cet article publié le 26 décembre, alors que « l’Ukraine célèbre Noël » – dans ce pays qui compte une majorité d’orthodoxes –, le Washington Post a interrogé plusieurs soldats ukrainiens quant à un éventuel cessez-le-feu en 2025. Ces hommes, selon le journal, « ont déclaré qu’ils accueilleraient favorablement un sursis », tout en étant « sceptiques » quant à l’arrivée prochaine de celui-ci. Les combattants ukrainiens sont « tout simplement épuisés », stipule encore le quotidien, citant Félix, un soldat de 39 ans, qui espère que l’investiture de D. Trump pourra marquer un tournant dans le conflit, en faveur de pourparlers. « Ça ne peut pas continuer comme ça », a-t-il assuré. « Nous nous retirons. Et ils poussent de plus en plus loin. Quel genre de victoire se produira-t-il ? », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Si nos responsables ne peuvent pas y mettre fin, peut-être que M. Trump le peut. »

Le quotidien a rapporté que certains soldats «craignaient» un arrêt du soutien militaire américain si Kiev persistait à revendiquer ses territoires perdus. D’autres, a ajouté le Washington Post, « ont reconnu qu’ils cédaient actuellement des terres, même s’ils continuaient à se battre ». Au-delà des armes, ce sont les combattants qui manquent. Les soldats ont fait part au quotidien qu’il n’y aurait, par bataillon, qu’un seul chauffeur de véhicule blindé de transport de troupes. « Ce qui compliquerait la logistique pour transporter les troupes en toute sécurité entre les positions de tranchée », toujours selon le Washington Post. « J’ai peur que nous soyons tout simplement abandonnés », a déclaré au média américainOleksandr, âgé de 26 ans. « Ce sont les pensées qui s’insinuent – que le soutien et les livraisons de nos alliés, les munitions, vont tout simplement cesser. Si nous n’avons pas cela, nous n’aurons rien avec quoi tirer », a-t-il ajouté. La pénurie chronique de moyens humains au sein des forces ukrainiennes est régulièrement soulevée par la presse anglo-saxonne. Un manque d’effectifs qui, soulignait le Guardian dans un article au ton similaire, publié le 21 décembre, « a envenimé les relations entre Kiev et Washington » au cours des derniers mois, des responsables de l’administration Biden étant « irrités par le fait que Zelensky, et d’autres responsables exigeaient fréquemment plus d’armes, mais n’étaient pas en mesure de mobiliser les effectifs nécessaires pour remplir les rangs ». Des soldats ukrainiens avaient, notamment, confié au quotidien britannique que l’état-major avait ordonné aux unités de défense aérienne de « libérer davantage d’hommes pour les envoyer au front en tant qu’infanterie.»

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