V. Zelensky a reconnu que le président américain élu voulait agir vite. En revanche, « il n’est pas encore à la Maison Blanche et ne peut pas avoir accès à toutes les informations », a-t-il estimé. « Il connaît aussi ma ferme volonté de ne pas précipiter les choses au détriment de l’Ukraine », a notamment ajouté le dirigeant du régime de Kiev dans l’entretien publié mercredi par le journal français. « Peu importe le nombre de présidents ou de Premiers ministres qui voudraient décréter la fin de la guerre, nous n’allons pas tout simplement céder », a-t-il notamment déclaré. « Le danger consisterait à dire : « On gèle la guerre et on se mettra d’accord avec les Russes » », a ajouté V. Zelensky, affirmant que geler le conflit à son stade actuel donnerait à la Russie l’occasion d’« attaquer » l’Ukraine à une date ultérieure.
Le dirigeant ukrainien a précisé qu’il ne ferait pas de concessions, qu’elles soient territoriales ou liées aux ambitions de Kiev au sein de l’UE et l’OTAN, pour parvenir à la paix. « Nous ne pouvons que compter sur la pression diplomatique de la communauté internationale pour forcer Poutine à s’asseoir à la table des négociations », a-t-il souligné.
V. Zelensky a déjà affirmé plusieurs fois que la seule voie viable vers la paix avec la Russie était sa « formule de paix » en dix points, qui comprend notamment le rétablissement des frontières du pays de 1991, et ce, en dépit du rattachement par référendum à la Fédération de Russie de Sébastopol et de la République de Crimée dès 2014, suivies en 2022 du Donbass (Donetsk et Lougansk) et de la Nouvelle-Russie (Kherson et Zaporojié). Vantée par l’Occident, la proposition n’a jamais été prise au sérieux à Moscou, qui la juge « irréaliste ». Cependant, V. Zelensky a indiqué ces dernières semaines qu’il serait prêt à renoncer à ses revendications territoriales si Kiev devenait membre de l’OTAN. Mais selon les médias, D. Trump et son entourage s’opposent à l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance et proposent de reporter cette question à plusieurs décennies.
À noter que le régime de Kiev s’était retiré des négociations avec la Russie en avril 2022, annonçant cinq mois plus tard s’interdire d’entrer en pourparlers. La Russie, pour sa part, a déclaré à plusieurs reprises être ouverte aux négociations et qu’elle accueillerait favorablement un règlement diplomatique, mais a insisté sur le fait que cela n’était possible que si Kiev cessait ses opérations militaires, garantissait les droits des habitants russophones et devenait un État neutre et dénucléarisé.
190 localités libérées…
Sur le terrain, la Défense russe assure avoir abattu quatre drone dans le ciel de Russie. Lors d’un briefing auquel assistaient les attachés militaires étrangers, Valéry Guérassimov, chef d’état-major général des forces armées russes, a déclaré que « malgré l’aide colossale de l’Occident, l’initiative sur la ligne de contact est entre nos mains et les troupes russes mènent une offensive sur l’ensemble du front.» Il a précisé qu’en 2024, plus de 190 localités avaient été libérées, la Russie ayant repris environ 4500 kilomètres carrés de territoire. « Les pertes de l’ennemi depuis le début de l’opération militaire spéciale s’élèvent à environ un million de personnes tuées et blessées, environ 20 000 chars et véhicules blindés de combat, plus de 19 500 canons d’artillerie de campagne, ainsi que plus de 1 500 lance-roquettes multiples », a-t-il précisé.
Le chef d’état-major général des forces armées russes a rappelé qu’en réponse aux succès de la Russie, le régime de Kiev avait lancé une attaque terroriste sur le territoire de la région de Koursk, dans le sud de la Russie, au début du mois d’août dernier. Il a décrit l’objectif de cette provocation comme un effet d’information pour les sponsors occidentaux. En outre, selon V. Guérassimov, Kiev comptait attirer les réserves des troupes russes du Donbass, mais cela ne s’est pas produit. « L’avancée de l’ennemi a été stoppée. Les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont déjoué les tentatives des groupes mobiles des Forces armées ukrainiennes et des mercenaires étrangers de pénétrer profondément dans le territoire russe. Actuellement, l’élimination et l’expulsion des formations armées et des mercenaires étrangers des localités occupées se poursuit », a-t-il relevé.
V. Guérassimov a indiqué que la Fédération de Russie répondrait à l’escalade américaine sur la base d’évaluations des menaces pour sa sécurité, et que l’essai du missile balistique hypersonique russe à moyenne portée « Orechnik », était précisément l’incarnation de cette réponse. Il a également noté que plus de 165 000 militaires ukrainiens avaient été formés selon les standards de l’OTAN et que dans le cadre de l’exercice militaire géant autour de la Baltique « Steadfast Defender », l’Alliance avait redéployé d’importants contingents, dont des troupes américaines, aux frontières de la Russie.
Le chef d’état-major général des forces armées russes a souligné qu’il y avait plus de 30 pays qui fournissaient des armements à l’Ukraine, en particulier les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et le Danemark. En ce qui concerne l’aide financière étrangère totale apportée à l’Ukraine, elle s’élève à plus de 350 milliards de dollars, dont 170 milliards de dollars pour les besoins militaires, d’après V. Guérassimov.