Face au désengagement américain et à la menace russe, l’Union européenne presse le pas pour tenter d’assurer elle-même sa défense et celle de l’Ukraine. Et dans le cadre de sa grande campagne de réarmement, elle devait présenter mercredi un « livre blanc » pour la défense, une sorte de mode d’emploi à destination des États membres. Ce document acte pour les Européens la fin programmée de la garantie de sécurité américaine, ce que Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a qualifié, mercredi, par euphémisme, de « changement » de l’ordre mondial établi en 1945.

Ce livre est une première pour l’Union européenne, dont les prérogatives n’incluaient pas la défense jusque-là. On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Ursula von der Leyen,  présidente de la Commission européenne, avec pour objectif affiché de mettre l’Europe de la défense en ordre de marche.

La Commission y propose une série de pistes avec, pour objectif, que l’Union soit prête en 2030 pour combler les manques capacitaires, pays par pays. Défense anti-aérienne et anti-missiles, systèmes d’artillerie et munitions, drones et guerre électronique, Bruxelles a recensé tous les domaines où les Européens doivent se prendre en main pour – en fait – remplacer des capacités pour lesquelles ils sont pour certains totalement dépendants des États-Unis. On peut ainsi évoquer catapultes pour porte-avions ou encore transports tactique par air et ravitaillement en vol.

La Commission veut créer un marché unique de la défense pour que l’industrie européenne puisse répondre à toutes ces commandes ; elle propose aux Vingt-Sept d’arriver à 800 milliards d’euros de dépenses de défense d’ici 2030 avec des prêts directs et une flexibilité budgétaire pour que ces dépenses militaires n’entrent pas en ligne de compte pour les limites du déficit public

Mais tout dépendra de la bonne volonté vingt-sept. La Commission européenne veut leur permettre de consacrer jusqu’à 1,5 % de leur produit intérieur brut pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires.

Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu’à 650 milliards d’euros, selon la Commission européenne. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts. Il faudra pour cela acheter au maximum des armes fabriquées dans les frontières de l’Union, même si le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni seront aussi sollicités. « Le contenu européen est important. Au moins 65% des pièces contenues dans tel ou tel armement doit être d’origine européenne », a souligné Ursula von der Leyen ce mardi 18 mars à Copenhague. Les dirigeants de l’UE ont déjà validé ce plan lors d’un sommet extraordinaire la semaine dernière, il s’agit maintenant de passer aux actes.

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