E. Moret, 28 ans, collaborateur de la maison d’édition française La Fabrique, a été interpellé lundi soir par deux policiers britanniques en civils, à sa descente du train, dans la gare Saint-Pancras de Londres. Il se rendait à la Foire du livre organisée du 18 au 20 avril 2023 à Londres. Le Français avait une trentaine de rendez-vous programmés et déjà en main son billet retour, à destination de la France. Le lendemain, mardi 18 avril, il a été formellement arrêté et placé en garde à vue dans la matinée, car il a refusé de communiquer aux forces de l’ordre britanniques les codes d’accès à son téléphone portable et son ordinateur saisis par les policiers. L’homme a été relâché mardi après-midi sans qu’aucune mise en examen ne soit prononcée.

La loi antiterroriste britannique en question s’appelle le Terrorism Act 2000. Elle autorise les contrôleurs aux frontières à interpeller, fouiller, interroger les personnes voyageant dans des ports, aéroports ou des zones frontalières. La police a interrogé E. Moret sur sa participation aux récentes manifestations contre la réforme des retraites en France, sur ce qu’il pense du président français Emmanuel Macron, de la gestion de la crise du coronavirus, ou de certains auteurs « subversifs » publiés aux éditions La Fabrique, maison figure de la gauche radicale en France qui publie régulièrement des essais de collectifs ou militants engagés à gauche.

Me Richard Parry, avocat britannique, ainsi que la maison d’édition, n’excluent pas une commande de l’État français, sans preuve formelle à ce stade : « Cela pose la question du rôle de l’État français dans cette affaire. La police britannique a-t-elle fait le sale travail pour son compte ? » Aujourd’hui, E. Moret est libre et peut retourner en France, mais il « est convoqué dans quatre semaines à Londres pour être présenté à la cellule antiterroriste britannique », précise La Fabrique, dans un communiqué publié mercredi sur les réseaux sociaux. La maison d’édition « exige l’arrêt de toutes les procédures et poursuites à l’encontre de son responsable […] ». À ce stade, ni la police londonienne, ni le ministère de l’Intérieur français n’ont fait de commentaire.

Leave A Reply

Exit mobile version