La Tunisie qui se prépare à de nouvelles élections présidentielles le 6 octobre prochain, semble franchir un nouveau palier autoritaire et anti-démocratique avec le rejet de trois candidatures jugées sérieuses pour remplacer le président sortant K. Saied, élu en 2019.

Ce scénario semble ressembler à celui du précédent scrutin présidentiel où le magnat des médias, Nabil Karoui, candidat le plus sérieux pour prendre la tête du pays, a été incarcéré tout le long de la campagne médiatique, ternissant son image et réduisant toutes ses chances d’accéder au pouvoir.

Cette fois-ci, une décision de justice devait permettre à trois candidats, à savoir, Abdellatif Mekki, un ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennadha, Mondher Zenaïdi, un ancien ministre du régime Ben Ali, et Imed Daïmi, un conseiller de l’ex-président Moncef Marzouki, également proche d’Ennahda de réintégrer la course la présidentielle, seulement, l’instance électorale, Isie, leur a opposé une fin de non-recevoir.

Farouk Bouasker, chef de l’Instance, a souligné que « le Tribunal administratif (TA) n’a pas communiqué ses décisions (à l’Isie) dans le délai de 48 heures comme le prévoit la loi », d’où la non validation de leurs candidatures.

Cette mise à l’écart est perçue par les observateurs comme un nouveau coup porté à la démocratie en Tunisie, après celui opéré le 25 juillet 2021 par le président sortant en s’octroyant les pleins pouvoirs alors que l’exécutif devait être géré par le chef du gouvernement. L’année suivante, le président avait également décidé de réformer la Constitution tunisienne pour instaurer un régime ultra-présidentialiste légalisant son tour de force autoritaire.

Vérouillée, la liste des candidats retenue est « définitive et non sujette à un quelconque recours », a indiqué l’instance électorale tunisienne. Elle comprend le président sortant, candidat à sa propre succession, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, 43 ans, un industriel peu connu à la tête d’un petit parti libéral.

26 ONG tunisiennes et internationales dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ainsi que près de 200 personnalités dont font partie de nombreux juristes avaient appelé l’instance électorale à respecter les décisions du Tribunal administratif, en soulignant qu’elles étaient « exécutoires et ne pouvaient être contestées », appelant l’Isie à « éviter toute pratique pouvant porter atteinte à la transparence et à l’intégrité du processus électoral ».

Malgré ces appels pour un processus démocratique, le président de la République, a déclaré au cours d’une audience accordée mercredi, à Khaled Nouri, ministre de l’Intérieur, et à Sofien Ben Sadok, Secrétaire d’État chargé de la Sécurité nationale, que les élections sont une question exclusivement interne. Le président tunisien s’est plaint d’indices prouvant des tentatives d’ingérences étrangères pour « déstabiliser » le pays et de porter atteinte à la sécurité de l’État et des citoyens. K. Saied a également dénoncé des parties qui recevraient un soutien étranger tout en se proclamant défenseurs de la liberté et de la démocratie.

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