La loi martiale décrétée dans les nouveaux territoires annexés par la Russie implique entre autres un couvre-feu, des restrictions de circulation, une détention jusqu’à trente jours sans motif, l’internement des étrangers, une possible réinstallation obligatoire dans d’autres régions. Mais il est aussi mentionné dans le troisième point du décret : « D’autres mesures pendant cette période peuvent être appliquées sur le territoire de la Fédération de Russie. » Il faut croire que les niveaux de sécurité, désormais à l’œuvre en Russie, s’échelonnent en fonction des régions.
La loi martiale, niveau le plus élevé, est appliquée dans les quatre régions annexées en septembre. Une mesure en partie technique : Vladimir Poutine en l’annonçant mercredi rappelait que ces territoires étaient avant leur annexion déjà sous ce régime. Pour le président russe, ce décret relève d’une adaptation législative liée à leur intégration en Fédération de Russie. En parallèle, les territoires frontaliers de l’Ukraine, comme Belgorod, région touchée par des tirs ukrainiens, mais aussi la Crimée, l’option « niveau moyen » a été privilégiée, contrairement aux autres régions du sud et du centre de la Russie, incluant aussi Moscou et Saint-Petersbourg, où c’est le niveau le plus bas qui a été retenu.
V. Poutine a aussi pris des mesures sur les fournitures de l’armée avec la création dans les prochains jours d’un Conseil spécial de coordination militaire dont l’objectif est de veiller à ce que les soldats n’aient besoin de rien. L’objectif surtout est de vérifier la fourniture des armes et du matériel. Tous les départements liés à la sécurité en Russie y auront un siège, entre autres le renseignement intérieur et extérieur et bien sûr l’armée.
À la tête de ce comité, le chef de l’Etat russe a désigné Mikhaïl Michoustine, actuel Premier ministre. Depuis huit mois, celui-ci se tenait à distance de tout débat sur les questions militaires, contrairement à son prédécesseur. Quand Dimitri Medvedev charge bille en tête l’Occident, le chef du gouvernement, lui, se concentrait sur l’économie et les conséquences des sanctions. Il est aussi l’un des très rares responsables à avoir proposé de poursuivre les négociations diplomatiques. Aujourd’hui, c’est lui qui devra rendre compte, une fois par semaine, au maitre du Kremlin, de l’état de la logistique de l’armée.
Kiev broie du noir
Depuis la destruction de trois nouvelles centrales mercredi 19 octobre, les autorités ukrainiennes exigent de leur population de restreindre la consommation d’électricité. Dans toutes les régions du pays, l’utilisation de l’électricité est restreinte entre 7h et 23h. Sans quoi, écrit la présidence, les Ukrainiens devront se préparer à des coupures d’électricité. Cela signifie que les particuliers doivent éteindre fours, climatiseurs et radiateurs électriques. Et dans les entreprises, commerces et restaurants, qu’il va falloir limiter l’éclairage des enseignes, des écrans et des espaces publicitaires.
Le gouvernement étudie plusieurs scénarios. Y compris le scénario du pire : la destruction ou la mise hors-service de l’ensemble des installations électriques ukrainiennes.
A ce jour, 30 à 40% des centrales ont été visées. Les autorités cherchent des solutions d’urgence comme la création de points d’approvisionnement mobiles dans les villes et villages afin de maintenir l’activité des infrastructures les plus sensibles. La tâche s’annonce très compliquée pour Ukrenergo, gestionnaire du réseau de transport d’électricité dont le siège a été visé il y a quelques jours en plein centre de Kiev par une attaque de drone.