Trois nouveaux maires d’opposition ont été arrêtés samedi 5 juillet, ont rapporté les médias locaux, selon lesquels ces interpellations ont eu lieu dans le cadre d’une enquête portant sur des accusations de crime organisé. Les arrestations concernent les maires des villes d’Adana (sud), Zeydan Karalar, et d’Adiyaman (sud-est), Abdurrahman Tutderethe, a indiqué l’agence de presse étatique Anadolu, tandis que le journal de gauche Sozcu a affirmé que le maire de la station balnéaire d’Antalya (sud) a également été placé en détention.

Plus tôt cette semaine, une trentaine de personnes ont été jetées en prison à la mairie de Manavgat. Niyazi Nefi Kara, maire de cette ville du sud du pays, élu de la couleur du principal parti d’opposition, le CHP, fait face à des accusations de corruption.

Cette semaine, un autre coup de filet avait déjà eu lieu. A Izmir, troisième ville du pays et bastion de l’opposition, plus de 130 personnes, dont l’ancien maire Tunç Soyer et de nombreux « hauts responsables » de la municipalité, ont été placées en garde à vue. Des arrestations dénoncées par le Parti républicain du peuple (CHP).

Le président Erdogan avait déclaré le 26 juin, dans un communiqué, au sujet des opérations contre les municipalités du CHP : « Tous les documents sont disponibles. Malheureusement, la situation est désastreuse, non seulement à Istanbul, mais aussi dans d’autres provinces. » Quelques jours après ces propos, des opérations ont été lancées d’abord à Izmir, puis à Manavgat.

Dans le cas de la municipalité de Manavgat, la réaction du parti CHP est différente. Sur les réseaux sociaux, des vidéos qui montreraient des pots-de-vin reçus dans la mairie de Manavgat ont beaucoup circulé.  Ozgur Ozel, chef du parti, a annoncé avoir affecté deux enquêteurs sur cette affaire et s’est dit prêt à appliquer des « sanctions sévères ». Il se distancie ainsi d’une affaire qui pourrait potentiellement ternir l’image de son parti, alors que selon lui, depuis mars, aucune preuve concrète n’a été présentée pour les accusations qui concernent le maire CHP d’Istanmbul. Ekrem Imamoglu a été interpellé le 19 mars, incarcéré quatre jours plus tard et démis de ses fonctions par le ministre de l’Intérieur. La décision de son incarcération a d’ailleurs aggravé la colère qui traverse le pays et mené à des manifestations d’ampleur.

Nombre d’observateurs et d’analystes y voient une vaine tentative du pouvoir d’étrangler le CHP dans la perspective d’élections présidentielles anticipées en 2027, échéance capitale pour Erdogan qui vise la magistrature suprême pour la troisième fois…

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