Dans un entretien accordé à la radio publique le 15 juillet cité par Reuters, V. Orban est longuement revenu sur les conséquences des sanctions mises en œuvre par l’Union européenne, les jugeant inefficaces vis-à-vis de Moscou, mais surtout lourdes de conséquences pour les pays membres. «Au départ, je pensais que nous nous étions seulement tiré une balle dans le pied, mais maintenant il est clair que l’économie européenne s’est tirée une balle dans les poumons et qu’elle est à bout de souffle», a ainsi déclaré Viktor Orban.

Pour le chef du gouvernement hongrois, l’UE s’est trompée en considérant que les mesures prises après le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine, allaient affaiblir la Russie et accélérer la fin du conflit.  «Le moment de vérité doit venir de Bruxelles, lorsque les dirigeants admettront qu’ils ont fait une erreur de calcul, que la politique de sanctions était fondée sur des hypothèses erronées et qu’elle doit être modifiée », précise-t-il.

«Les sanctions n’aident pas l’Ukraine, en revanche, elles sont mauvaises pour l’économie européenne et si ça continue comme ça, elles vont tuer l’économie européenne », a-t-il encore déclaré.

Pauvre en ressources naturelles, la Hongrie importe actuellement 65% de son pétrole de Russie et 80% de son gaz. Deux jours avant les déclarations d’Orban à la radio sur les sanctions anti-russes, le 13 juillet, le gouvernement hongrois avait annoncé un «état d’urgence» pour répondre à la crise énergétique, avec une hausse prévue de la production de charbon et un appel aux ménages à restreindre leur consommation. Ainsi, les particuliers consommant davantage de gaz et d’électricité que la moyenne «devront modérer leur consommation ou payer le surplus au prix du marché», selon le cabinet du Premier ministre.

La Hongrie est par ailleurs dans l’incertitude quant à l’obtention de fonds d’aide européens, conditionnée par le respect de l’Etat de droit.ur le plan diplomatique, V.Orban est l’un des rares dirigeants européens à critiquer ouvertement les sanctions de l’UE, désobéissant notamment à celles interdisant aux Etats membres de régler le gaz russe en roubles. Il a affirmé que les sanctions de l’Union européenne contre la Russie « n’ont pas atteint leurs objectifs, au contraire, elles ont eu des effets secondaires ».

Gergeli Julias, du bureau du Premier ministre hongrois, a déclaré récemment qu’ « il n’y a pas d’alternative dans un avenir prévisible au gaz russe », ajoutant: « Non seulement l’économie hongroise, mais aussi l’économie allemande seront détruites et sombreront dans une profonde récession sans le gaz de la Russie. »

Julius a décrit les demandes adressées à la Hongrie pour qu’elle cesse d’importer des carburants de Russie comme une sorte de « prédication morale, et inutile », expliquant qu’ « il faudra plusieurs mois, jusqu’à un an et des centaines de milliards de forints pour modifier les raffineries du ministère du Travail pour transformer le pétrole non russe ».

Selon les données de la Central Dispatch Administration of the Fuel Energy Complex (CDU TEK), les exportations de pétrole via le pipeline vers la Hongrie ont augmenté de 41 %, atteignant 20 700 tonnes par jour, du 1er juillet au 14 juillet.

Les livraisons vers la Chine ont augmenté de 7,4 % à 113 600 tonnes par jour, vers la Slovaquie de 3,8 % à 8 100 tonnes et vers la République tchèque de 2 % à 9 800 tonnes.

Pendant ce temps, les cargaisons de la Russie vers l’Allemagne depuis début juillet ont chuté de 19 % soit 31 900 tonnes par jour, et vers la Pologne – de 5,8 % soit 30 800 tonnes par jour.

De son côté, la Russie a fortement réduit ses livraisons de gaz, alors que le géant russe Gazprom a confirmé mercredi qu’il n’était pas en mesure de garantir le bon fonctionnement du gazoduc Nord Stream, qui alimente en gaz l’Europe, actuellement suspendu pour des raisons de maintenance selon les dires du président russe Vladimir Poutine.

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