« Cette visite marquera le début d’une nouvelle ère dans l’histoire des relations entre les deux pays, fondée sur le respect mutuel, le rétablissement de la confiance, les relations de bon voisinage, la préservation de la souveraineté de nos deux pays et la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre, car la Syrie est souveraine pour les Syriens et le Liban pour les Libanais », a déclaré N. Salam lors de la réunion.

« Des entretiens ont eu lieu avec le président Sharaa et des responsables syriens concernant le contrôle des frontières et des points de passage, la prévention de la contrebande et, à terme, la délimitation des frontières terrestres et maritimes », a poursuivi le bureau de presse du Premier ministre libanais. « Ces discussions ont été initiés par une réunion [le mois dernier] à Djeddah entre les ministres de la Défense des deux pays, organisée par le Royaume d’Arabie saoudite. Les deux parties ont souligné l’importance de renforcer la coordination en matière de sécurité afin de préserver la stabilité des deux pays ». Parmi les sujets abordés figurent également le « retour en toute sécurité » des réfugiés syriens au Liban, la coopération commerciale et l’ouverture de voies de transit, ainsi que l’aviation civile. L’entretien a également porté sur le Conseil supérieur libano-syrien, formé dans les années 1990, au plus fort de la présence militaire syrienne au Liban. La question des prisonniers et des disparus libanais, ainsi que des assassinats de personnalités politiques libanaises, dont l’ancien gouvernement syrien a été accusé, a été abordée. Les routes de contrebande et les passages illégaux de frontières ont également été négociés.

N. Salam qui était accompagné du ministre libanais de la Défense, Michel Menassa, du ministre des Affaires étrangères, Youssef Rajji, et du ministre de l’Intérieur, Ahmad Hajjar, a invité Sharaa et son ministre des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, à se rendre à Beyrouth.

Le Liban et la Syrie ont signé un accord de sécurité négocié par l’Arabie saoudite à Djeddah le 27 mars, qui prévoit un éventuel accord de démarcation des frontières et le renforcement de la coopération en matière de sécurité. Cet accord a été conclu après de violents affrontements entre les forces militaires syriennes et des membres de tribus libanaises à la frontière entre les deux pays, qui se sont soldés par le déploiement de l’armée libanaise et un accord de désescalade.

Plus de 20 000 Syriens, principalement des alaouites, ont récemment fui vers le Liban après avoir été déplacés des villes côtières de Syrie le mois dernier suite à une série de massacres confessionnels perpétrés par les forces gouvernementales, qui ont entraîné la mort de plus de 1 500 personnes.

L’armée syrienne et les forces de sécurité sont contrôlées par ce qui était connu sous le nom de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) – anciennement Front al-Nosra d’Al-Qaïda – dirigé par Sharaa. Il a occupé le territoire libanais pendant des années durant la guerre en Syrie et est responsable du meurtre de nombreux soldats de l’armée libanaise. Plusieurs autres groupes extrémistes, dont des factions liées à Al-Qaïda et à l’État islamique, ont également été intégrés à la nouvelle armée syrienne. Le dernier à avoir fait le saut n’est autre que le puissant groupe armé, appelé la 8ème brigade, qui a annoncé dimanche sa dissolution et son rattachement à la nouvelle armée syrienne. Composée de plusieurs milliers d’hommes, cette armée contrôlait jusqu’ici la province de Deraa, berceau de la révolution de 2011, dans le sud du pays. Cette annonce est un signe positif pour la transition syrienne et l’unification du pays.

Dans une courte vidéo, Mohamed Al-Hourani, porte-parole de la 8ème Brigade, a annoncé sa dissolution. « Cette décision s’inscrit dans une volonté de préserver l’unité nationale, de renforcer la sécurité et la stabilité, a-t-il déclaré. Le groupe réaffirme également leur engagement envers la souveraineté du nouvel État syrien.

Cette dissolution était en négociation depuis plusieurs semaines. Elle intervient deux jours après de violents combats à Boshra al-Cham, dans la province de Deraa, frontalière du Golan occupé par Israël. La 8ème brigade y avait affronté un autre groupe local, avant que des notables du coin ne négocient l’entrée des forces de sécurité du ministère de l’Intérieur dans la ville.

Jusqu’ici, la 8ème brigade, qui contrôle la province de Deraa, avait refusé de déposer les armes. Elle a désormais négocié de pouvoir garder ses officiers dans la zone, de continuer à y maintenir la sécurité, tout en étant officiellement intégrée au ministère de la Défense.

Kaya Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a déclaré lundi que l’UE « n’a vu aucune mesure de la part des nouvelles autorités syriennes qui permettrait un nouvel assouplissement des sanctions contre la Syrie ».

« Nous avons eu une discussion riche sur la Syrie, notamment sur la poursuite de l’assouplissement des sanctions », a déclaré K. Callas lors d’une conférence de presse à Luxembourg à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. « L’avenir de la Syrie reste fragile et nous n’avons constaté aucune initiative de la part des nouvelles autorités. Cependant, il y a de l’espoir et nous avons convenu d’évaluer le processus de levée des sanctions ». Elle a expliqué que « les futures mesures visant à lever les sanctions seront conditionnées au respect d’un certain nombre de conditions par les nouvelles autorités de Damas. Parallèlement, l’Union européenne prévoit de préparer les détails techniques concernant les conditions requises pour la levée des mesures restrictives européennes ».

Avant de prendre le chemin vers Doha, M. al-Charaa a déjà reçu un coup de pouce de la part de Riyad. Le Royaume saoudien aurait épongé une dette syrienne auprès des bailleurs de fonds de plus de 300 millions de dollars. Peanuts, comme dirait l’actuel chef de l’administration US qui cherche, lui, à arracher auprès de Mohamed Ben Salmane, alias MBS, des milliards de dollars.

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