Près de 2.000 rassemblements avaient été annoncés, le jour où le président américain, qui célébrait samedi ses 79 ans, assistait avec des milliers de spectateurs à une parade militaire, événement rarissime aux Etats-Unis.

Sous la pluie à New York, des dizaines de milliers de personnes portant k-way et munies de parapluies ont défilé sur la 5e avenue. Dans un brouhaha de tambours et de cris de joie, la foule immense a scandé « hey hey, oh oh, Donald Trump has got to go! » (« Donald Trump doit s’en aller! »).

« Il est essentiel pour nous de montrer que la démocratie est encore forte dans ce pays, que les gens le ressentent. Nous voulons aussi montrer à nos enfants que, lorsque nous penserons à cette période de l’histoire où la démocratie était menacée, nous avons choisi de participer », a expliqué à l’AFP Vikas Mehta, médecin de 45 ans venu manifester avec sa femme et leurs deux enfants.

Dans cette atmosphère plutôt familiale, un homme se promène avec un photo montage de Marilyn Monroe adressant son célèbre « happy birthday Mr. President ». Mais cette fois, elle affiche un doigt d’honneur. « Je suis ici parce que je suis triste et indignée par la façon dont cette administration détruit les idéaux de la Constitution américaine et commet de nombreux actes illégaux et immoraux », déplore auprès de l’AFP Polly Shulman, employée de musée de 62 ans. Ce qui la choque le plus: « Les expulsions illégales de résidents respectueux de la loi qui n’ont rien fait de mal et qui ont droit à une procédure légale », et « qui sont envoyés dans des prisons, où se pratique la torture, dans des pays étrangers ».

En mars, l’administration Trump a expulsé plus de 250 hommes vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » par Washington. Ils ont été incarcérés dans une prison de haute sécurité connue pour la dureté de ses conditions.

« Les gens sont furieux. Et ce que nous faisons aujourd’hui, c’est nous montrer en masse, montrer à l’administration que nous n’allons pas nous laisser faire », estimait quant à elle Lindsay Ross, musicienne de 28 ans.

La police de New York a fait état de quelques incidents lors d’un rassemblement annexe contre la police de l’immigration, et quatre personnes ont été arrêtées pour avoir gêné la circulation et conduite violente.

A Los Angeles, marquée ces derniers jours par des rassemblements contre les arrestations brutales d’immigrés qui ont essaimé à travers le pays, des manifestants sont restés statiques devant des bâtiments fédéraux, criant « vous n’êtes pas les bienvenus ici » aux officiers de la Garde nationale, déployée par D. Trump contre l’avis des autorités démocrates locales.

Iris Rodriguez, 44 ans, explique que sa famille est arrivée aux Etats-Unis sans-papiers. « Si c’était ma mère, si on était dans les années 80, c’est ce qui lui arriverait. Comment pourrais-je ne pas venir soutenir d’autres personnes qui aiment leur famille? », confie-t-elle à l’AFP devant l’hôtel de ville de Los Angeles.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et la police montée est intervenue pour disperser une petite foule qui s’était rassemblée devant un bâtiment fédéral au centre-ville.

En Virginie, un homme a « intentionnellement » foncé avec sa voiture sur un groupe de manifestants qui quittaient le rassemblement, selon la police, sans faire de blessés. Des manifestants se sont aussi rassemblés ailleurs aux Etats-Unis, à Atlanta, Boston ou encore Houston. Dans cette grande ville du Texas, Matthew, un enseignant de 34 ans, dénonce la politique migratoire « inhumaine » qui « arrache des gens à leur famille ».

« Nous avons eu des enfants qui n’allaient plus à l’école parce que leur famille avait vu ICE (la police de l’immigration, ndlr) dans le quartier », raconte ce Texan qui n’a pas souhaité donner son nom complet.

A ce mouvement, D. Trump avait promis de répondre avec une « très grande force », la Maison Blanche ayant par la suite assuré que le président restait « favorable aux manifestations pacifiques ». Le Président a lancé un nouvel appel sur son réseau Truth Social. « Nous devons redoubler d’efforts, affirme-t-il, pour expulser les étrangers illégaux des plus grandes villes américaines comme Los Angeles, Chicago et New York. »

Ces villes, tout comme San Francisco et Seattle, sont considérées comme « villes sanctuaires », dont les autorités refusent de coopérer avec la police de l’immigration (ICE). C’est après un premier renforcement de leurs opérations à Los Angeles que des manifestations ont éclaté et dégénéré sporadiquement en heurts avec les autorités. La deuxième ville du pays est toujours soumise à un couvre-feu après l’envoi par D. Trump de 4 000 gardes nationaux et 700 Marines, corps d’élite, contre la volonté du gouverneur de Californie et de la maire.  

En outre, Washington affiche sa volonté de rallonger la liste des interdictions de voyages aux États-Unis. Le gouvernement américain envisagerait d’imposer des restrictions de voyages ou interdictions totales d’entrée pour les ressortissants de 36 pays, dont 25 du continent africain. Washington souhaite que ces pays remplissent certaines conditions de sécurité. Ils disposent de 60 jours pour se mettre en règle. Pour justification, Washington indique que certains pays ne seraient pas en mesure de fournir des « documents d’identité fiables » ou auraient « trop de fraude dans l’administration ». Pour d’autres, un nombre important de leurs ressortissants aux États-Unis auraient « dépassé la date limite de leur visa ».

La mesure s’ajoute aux interdictions d’entrée sur le territoire décrétées début juin pour douze pays, dont la République du Congo, le Tchad ou Haïti, ainsi que des restrictions pour d’autres pays comme le Togo ou le Burundi. D. Trump a justifié ces mesures pour des raisons de sécurité nationale.

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