« Avant de décider de reprendre les négociations, nous devons d’abord nous assurer que les États-Unis ne reviendront pas à une nouvelle attaque à notre encontre pendant les négociations », a ajouté A. Araghchi. « Et je pense qu’au vu de tous ces éléments, nous avons encore besoin de temps. » Toutefois, le chef de la diplomatie iranienne a insisté sur le fait que « les portes de la diplomatie ne seront jamais fermées ».
Commentant l’ampleur de l’impact des frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes, A. Araghchi a expliqué que « la technologie et la science de l’enrichissement ne peuvent être détruites par des bombardements », ajoutant que son pays « sera en mesure de réparer rapidement les dégâts et de rattraper le temps perdu si la volonté est présente ».
Interrogé sur l’avenir du programme nucléaire, le ministre iranien a souligné que « le programme nucléaire pacifique du pays est devenu une source de fierté et de gloire nationales, et que, par conséquent, le peuple n’abandonnera pas facilement l’enrichissement ».
En réponse aux menaces du président américain sur de nouvelles frappes contre l’Iran si ce dernier reprend l’enrichissement d’uranium au-delà d’un certain niveau, A. Araghchi a affirmé que « l’Iran est prêt à de nouvelles attaques ». Et de conclure: « Nous avons démontré et prouvé durant cette guerre de douze jours que nous sommes capables de nous défendre, et nous continuerons de le faire si nous sommes soumis à une agression. »
Veille tous azimuts
Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré de son côté que Téhéran surveille de près toute tentative israélienne d’abuser des territoires de pays voisins pour lancer une agression quelconque contre la République islamique. Les pays concernés ont été informés des rapports médiatiques, renseignements et spéculations en cours à ce sujet, a noté le responsable iranien. « Sans exception, tous les pays voisins nous ont assuré qu’ils n’autoriseront jamais le régime sioniste à utiliser leur espace [aérien] ou leur territoire pour mener des actes d’agression contre l’Iran », a-t-il relevé.
Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, lundi, E. Baghaï a également évoqué la parfaite connaissance des pays voisins de l’Iran de leurs devoirs et engagements, à la fois dans le cadre de la politique de bon voisinage et du droit international. « En vertu du droit international, aucun pays n’est autorisé à permettre à d’autres pays d’utiliser son territoire pour des actions malveillantes contre un pays tiers », a-t-il indiqué. Il a précisé que tous les pays concernés ont « explicitement et fermement » démenti les informations sur l’usage de leur territoire contre l’Iran et ont assuré Téhéran qu’ils n’accorderaient jamais une telle autorisation à l’avenir.
Dans la foulée, A. Baghaï a ajouté que l’affaire fait toujours l’objet d’une investigation, les forces armées iraniennes et les autorités de sécurité et militaires surveillant de près les rapports à ce sujet. Pour sa part, le ministère iranien des Affaires étrangères suit ces cas avec sérieux, a indiqué E. Baghaï.
À rappeler que le régime israélien a lancé, le 13 juin, des actes d’agression non provoqués contre l’Iran, assassinant de hauts commandants militaires et d’éminents scientifiques nucléaires lors de frappes ciblées avant d’attaquer des sites nucléaires et militaires, mais aussi des zones résidentielles. Les forces armées iraniennes ont riposté, en menant des frappes de missiles dans le cadre de l’opération Vraie Promesse III, visant de nombreux sites stratégiques dans les territoires occupés. Le 22 juin, les États-Unis se sont joints à l’agression israélienne, en prenant pour cible trois sites nucléaires iraniens, à savoir Fordo, Ispahan et Natanz, en grave violation de la Charte des Nations unies, du droit international et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Ailleurs dans ses remarques, le porte-parole de la diplomatie iranienne a abordé le rapport inapproprié de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), indiquant qu’il a fourni de prétexte à l’agression militaire des États-Unis et du régime israélien contre les installations nucléaires iraniennes. Il a ajouté que les États-Unis, la troïka européenne — l’Allemagne, la France et le Royaume‑Uni — ainsi que plusieurs autres pays, ont explicitement adopté une approche politique à l’égard du programme nucléaire civil de l’Iran. « Nous avons toujours attendu que l’Agence et son directeur général remplissent leurs devoirs, sans manipulation politique », a-t-il indiqué.
Il a rappelé que l’AIEA a commis des erreurs qui ont eu de nombreuses conséquences sur la question nucléaire iranienne et que cela rendait la poursuite d’une coopération bilatérale normale « totalement irrationnelle ».
En ce qui concerne la position de l’Allemagne sur l’agression israélienne contre l’Iran, E. Baghaï a déclaré que la qualification par le chancelier allemand Friedrich Merz de l’agression israélienne flagrante contre l’Iran comme un « sale boulot » pour la justifier constitue une « honte historique et éternelle » pour Berlin. Le porte-parole de la diplomatie iranienne a également dénoncé la position « inacceptable » de l’Allemagne et de la France sur les actes d’agression israéliens contre l’Iran, affirmant que Paris doit être tenu pour responsable de sa complicité dans cette guerre imposée.
Plus loin dans ses remarques, il a fermement rejeté et condamné les propos insultants et provocateurs du président américain à l’encontre du Leader de la Révolution islamique Ali Khamenei. « De tels propos blessent les sentiments de millions d’Iraniens et de musulmans et n’entraîneront rien d’autre qu’une augmentation de la haine et du dégoût envers la politique américaine à l’égard de la région et des musulmans », a-t-il expliqué.
Dans une autre partie de ses remarques, le porte-parole a affirmé que le régime israélien a commis de nombreux crimes de guerre pendant ses 12 jours d’agression. « Chaque martyr, chaque destruction d’un bâtiment en Iran constitue indéniablement un crime de guerre, car ces actes ont été réalisés sans la moindre justification ni excuse », a-t-il affirmé.
Il a rappelé que le régime sioniste a déclaré une guerre contre l’intégralité de l’identité iranienne et chaque Iranien. C’est pourquoi les Iraniens sont restés unis avec une cohésion totale face aux actes d’agression israéliens et poursuivront leur résistance à tout nouvel aventurisme, a conclu E. Baghaï.