Les Etats-Unis ont mené une attaque « très réussie » sur trois sites nucléaires iraniens, larguant une « charge complète de bombes » sur celui de Fordo, a annoncé samedi le président américain.   « Nous avons mené à bien une attaque très réussie sur les trois sites nucléaires en Iran, notamment Fordo, Natanz et Ispahan », a déclaré Donald Trump le président américain dans un communiqué. « Une pleine charge de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo » au sud de Téhéran, a poursuivi Donald Trump qui a présidé samedi en fin d’après-midi à la Maison Blanche un conseil de sécurité.

Il a par ailleurs indiqué que tous les avions ayant participé à l’attaque étaient « désormais hors de l’espace aérien iranien ».

« Félicitations à nos grands guerriers américains. Il n’y a pas d’autre armée au monde qui aurait pu faire cela. MAINTENANT L’HEURE DE LA PAIX A SONNE ! », a ajouté Donald Trump, qui n’a pas précisé quel type d’avions ou de munitions américains étaient impliqués.

Le président américain, qui a dit que l’Iran ne pouvait pas disposer d’une arme nucléaire, soupesait depuis plusieurs jours la possibilité d’une intervention militaire contre l’Iran. Il avait donné vendredi au « maximum » deux semaines à Téhéran pour éviter d’éventuelles frappes US.

Parallèlement, des bombardiers B-2 ont décollé d’une base aux Etats-Unis en direction de l’ouest, au-dessus du Pacifique, ont rapporté samedi le New York Times et des sites de suivi de vols. Ces bombardiers stratégiques furtifs sont seuls capables de transporter des puissantes bombes anti-bunker de type GBU-57. Cette ogive de 13 tonnes peut s’enfoncer à des dizaines de mètres de profondeur avant d’exploser.

Fox News a rapporté que les États-Unis ont utilisé 6 bombes anti-bunker lors de l’attaque du site nucléaire de Fordo tandis que 30 missiles Tomahawk ont également été lancés depuis des sous-marins américains pour cibler les installations de Natanz et d’Ispahan.

Channel 14 a cité des sources bien informées selon lesquelles D. Trump aurait informé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu du calendrier des frappes contre l’Iran. Selon la chaîne, six avions furtifs B-2 ont participé aux attaques. La même chaîne a indiqué que l’administration américaine avait demandé à Israël d’effectuer des missions opérationnelles spécifiques avant l’attaque, ce qu’il a fait conformément au plan. Le cabinet israélien était resté en réunion jusqu’au moment des frappes et a suivi le déroulement de l’opération depuis le bunker fortifié du siège du ministère de la Défense, selon ce média. De son côté, ABC News a cité une source israélienne affirmant que les États-Unis et Israël s’étaient entraînés à cette attaque lors d’un exercice militaire il y a environ un an.

Selon le Commandement central américain (Centcom), l’attaque baptisée « Opération Midnight Hammer », a été menée au moyen de 125 avions militaires et de missiles anti-bunker. Le chef du Centcom a précisé que 14 bombes anti-bunker GBU-57, d’un poids de 15 tonnes, ont été larguées et environ 75 armes guidées avec précision ont été utilisées pendant l’agression. Cette opération a été la plus importante jamais menée par des bombardiers furtifs B-2 Spirit, et le vol le plus long de ces appareils depuis 2001, selon Washington.

Jay D. Vance, vice-président, a refusé dimanche de confirmer si l’attaque américaine a entraîné leur destruction « totale ». Lors d’une interview sur NBC News, à la question de savoir s’il était « sûr à 100 % que les sites nucléaires iraniens avaient été complètement détruits », Vance a répondu : « Je ne vais pas m’étendre sur des informations sensibles concernant ce que nous avons observé sur le terrain en Iran. Je suis convaincu que nous avons considérablement retardé le développement de l’arme nucléaire, et c’était l’objectif de cette attaque. »

Des sources américaines ont révélé à Fox News que le tunnel de l’installation nucléaire d’Ispahan est plus profond et plus puissant que celui du site de Fordo. « La profondeur du tunnel de l’installation nucléaire d’Ispahan le rend presque impossible à détruire avec des missiles Tomahawk. On ne sait toujours pas si l’installation nucléaire d’Ispahan a été détruite ou non », ont-elles assuré. Alors que le Washington Post, citant un analyste senior de la société de satellites Maxar a rapporté que « dans les deux jours précédant l’attaque américaine sur les sites nucléaires iraniens, les images satellite ont montré une « activité inhabituelle de camions et de véhicules » dans l’installation de Fordo ».

La province d’Ispahan a déclaré que « les installations nucléaires d’Ispahan et de Natanz ont été attaquées par l’ennemi », ajoutant que « les défenses aériennes d’Ispahan et de Kashan ont affronté des cibles hostiles et des explosions ont été entendues simultanément ».

L’agence de presse iranienne IRNA a rapporté que les sites nucléaires bombardés par les États-Unis ne contenaient pas de matières susceptibles de provoquer des radiations. Le conseiller stratégique du président du Parlement iranien a assuré que les trois installations nucléaires de Natanz, Fordo et d’Ispahan avaient été évacuées depuis longtemps. Manan Raissi, élu de Qom du Parlement iranien a assuré qu’aucun dommage aux installations souterraines n’a été enregistré et il n’y a pas de radiation.

Mahdi Mohammadi, conseiller du président du Parlement iranien, a écrit sur X que « du point de vue de l’Iran, rien d’exceptionnel ne s’est produit. L’Iran a anticipé l’attaque sur le site de Fordo. Le site a été évacué depuis un certain temps. Même si une attaque se produit, aucun dommage irréparable n’a été constaté. » Selon lui, « deux faits sont clairs : Premièrement, la science et le savoir ne peuvent être bombardés. Deuxièmement, le joueur perdra sans aucun doute cette fois-ci. »

Selon la cellule de Gestion de crise dans la province iranienne de Qom « nous n’avons enregistré aucun danger pour les habitants de Qom ou des environs après que l’installation de Fordo a été ciblée. »

Dans une déclaration, le Centre national de sécurité nucléaire affirme que « les informations enregistrées via les systèmes de détection de matières radioactives n’ont enregistré aucun signe de contamination. »

Le ministère iranien de la Santé a assuré qu’aucun blessé dans les attaques américaines ne présentait de signe de « contamination radioactive ».

« Aucun des blessés transférés vers (des centres médicaux) après les attaques américaines ne présentait de signe de contamination radioactive », a écrit sur X Hossein Kermanpour, porte-parole du ministère.

« Les ennemis de l’Iran ont attaqué les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et d’Ispahan, dans un acte brutal qui viole le droit international, en particulier le Traité de non-prolifération nucléaire », a déclaré l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Elle a ajouté « cet acte, qui viole le droit international, a été perpétré avec la complicité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », avant de conclure que « l’OIEA assure le grand peuple iranien que, malgré les complots malveillants de ses ennemis, et grâce aux efforts de milliers de scientifiques et d’experts révolutionnaires et enthousiastes, elle ne permettra pas que le développement de cette industrie nationale, fruit du sang des martyrs de la révolution nucléaire, soit interrompu. »

Accusant les USA d’avoir « commis une grave violation de la Charte des Nations Unies, du droit international et du Traité de non-prolifération nucléaire » en attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran, Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que « les événements de ce matin sont odieux et auront de graves conséquences. L’Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple. »

En Arabie saoudite, l’Autorité de régulation nucléaire et radiologique a dit qu’aucun effet radioactif n’a été détecté dans les États du Golfe après que des sites nucléaires iraniens ont été ciblés.

Réaction musclée de Téhéran

Quelques heures après cette agression US, les forces armées iraniennes ont lancé la 19eme vague de missiles sur Israël. Le porte-parole de l’opération Promesse tenue 3 a déclaré que « l’attaque aux missiles a visé l’aéroport Ben Gourion, des centres d’investigation biologique et des installations de commandement et de contrôle. »

« La vingtième vague de l’opération a été lancée en utilisant de nouvelles tactiques, une combinaison de missiles balistiques à combustible liquide et solide à longue portée avec des ogives destructrices et des capacités avancées pour pénétrer les défenses aériennes ennemies », a-t-il précisé.

Le missile Khaybar a été lancé vers les territoires occupés pour la première fois dans cette opération, a rapporté l’agence Mehr, citant les Gardiens de la révolution. Des témoins oculaires ont confirmé au réseau Quds News que l’aéroport Ben Gourion de Lod a été ciblé et des explosions massives avaient été entendues à l’intérieur à la suite du dernier barrage de missiles iraniens.

La radio de l’armée israélienne a rendu compte de « 2 vagues de missiles iraniens sur Israël ce matin, la première comprenant 22 missiles et la seconde 5 missiles ». Le quotidien israélien Maariv a recensé un barrage lourd de 40 missiles qui a été lancé depuis l’Iran vers Israël.

Les médias israéliens ont rendu compte de tirs directs de missiles iraniens enregistrés dans 6 endroits : Nes Ziona (Ness Ziona au sud de Tel Aviv), Haïfa, Tel Aviv, Be’er Ya’akov, Ramla et Or Yehuda. Plus de 20 missiles iraniens seraient tombés à Haïfa et dans la plaine intérieure, ont-ils recensé. Selon Channel 12, des incendies ont eu lieu dans des bâtiments à Petah Tikva, Tel Aviv et Haïfa. Il est question d’importants dégâts et d’une trentaine de blessés.

L’armée israélienne enquête sur le faible taux d’interception des missiles lors de la récente frappe iranienne, a rapporté le quotidien Israel Hayom. i24 News a signalé que les forces de sécurité enquêtent sur l’éventualité que l’Iran ait utilisé une bombe à fragmentation lors du récent bombardement. Des explosions des plus puissantes depuis le début de la guerre avec l’Iran ont été entendus en Cisjordanie occupée.

Plus tôt, l’armée de l’air israélienne avait intercepté deux drones à la frontière orientale avec la Jordanie. Le porte-parole de l’armée israélienne a de nouveau demandé de ne pas publier ou partager les informations ou les images sur les emplacements des frappes de missiles iraniens.

Plus tard, les médias iraniens ont publié les images d’une villa sérieusement endommagée, assurant qu’il s’agit d’un centre biologique. Ce qui a été confirmé par des sources israéliennes selon lesquelles le missile qui est tombé sur Nes Ziona a touché l’Institut biologique israélien, « un institut de toxicologie », lui causant des dégâts importants.

C’est dans cet institut qu’a été préparé le poison utilisé dans la tentative d’assassinat en 1997 du chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, selon le média Rai al-Youm, arabophone citant le Haaretz. Selon ce dernier, citant le journaliste Aaron Klein, la première utilisation des produits de cet institut dans des opérations d’assassinat remonte à la fin de l’année 1977, lorsque l’ancien Premier ministre Menahem Begin autorisa le Mossad à éliminer Wadie Haddad, un dirigeant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

La substance toxique utilisée par les agents du Mossad pour injecter le cadre du Hamas Mahmoud al-Mabhouh à Dubaï en février 2010, entraînant sa mort, a aussi été produite dans cet institut, bien qu’Israël n’ait pas assumé la responsabilité de son assassinat.

Des médias occidentaux affichent quant à eux que l’institut se consacre au développement des capacités de défense d’Israël face aux guerres impliquant des armes chimiques et biologiques.

Elisha Haas, ancien président du Forum de la faculté pour l’immunité nationale et membre du conseil d’administration du forum, avait adressé en mars dernier une lettre à Uriel Buso, ministre de la Santé, expliquant que cet institut de recherche biologique « une villa au milieu de la forêt » est « un institut secret », d’où le refus de son adhésion à l’accord de l’OMS sur la pandémie qui permet son inspection par cette organisation onusienne.  Professeur de biophysique de renommée mondiale et ancien directeur de l’association « Professors for a Strong Israel », E. Haas a servi pendant la guerre d’Octobre (Kippour de 1973) comme commandant de compagnie de réserve dans une brigade d’infanterie mécanisée qui a combattu sur le plateau du Golan et en Syrie.

Selon Rai al-Youm, l’institut emploie 300 scientifiques et techniciens et comprend plusieurs départements, chacun doté d’une chaîne de production spécifique pour la fabrication d’armes chimiques et biologiques. La plupart de ces départements sont spécialisés dans la production de matières biologiques à usage militaire, telles que les toxines utilisées pour les assassinats.

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