C’est lors d’une visite à Borj El Khadra relevant du gouvernorat de Tataouine, à la frontière conjointe entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie, que le président tunisien a annoncé que K. Saïd comptait bien briguer un second mandat. « J’annonce officiellement ma candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain pour poursuivre le combat dans la bataille de libération nationale (…) J’ai choisi cet endroit pour réaffirmer que la Tunisie est un État uni, du point le plus au Nord au point le plus au Sud, et qu’elle le restera, si Dieu le veut », a dit le président.
Après cette phrase solennelle, le chef de l’État a mis en garde contre les tentatives d’infiltration et de désinformation pendant la période électorale. Cela tout en incitant les citoyens à ne pas accepter d’argent en échange du parrainage d’un candidat. Car les prétendants à la course ont jusqu’à la fin du mois pour récolter les 10.000 parrainages nécessaires au dépôt de leur candidature. K. Saïed a demandé à faire preuve de vigilance concernant les parrainages qui lui seront recueillis déclarant : « À cette occasion, j’appelle tous ceux qui s’apprêtent à parrainer [des candidats] à faire preuve de vigilance face à toute sorte de tromperie ». Ajoutant que « certains sont démasqués et d’autres le seront bientôt ». Plus, « Je les [ceux qui s’apprêtent à parrainer des candidats] appelle aussi à n’accepter aucun millime de la part de quiconque. S’ils le font, je ne leur pardonnerai jamais […] Nous comptons sur nos propres moyens, et je les appelle aussi à éviter toute personnification du pouvoir. Nous sommes tous de passage et la Tunisie seule va demeurer », a martelé le chef de l’État.
Le palais de Carthage (siège de la présidence de la République) avait annoncé le 2 juillet par voie de communiqué succinct que la prochaine élection présidentielle en Tunisie aura lieu le 6 octobre 2024.
Le contexte de cette élection est bien différent de celle de 2019 où le président avait été élu avec plus de 70 % des voix. Depuis son coup de force, il y a trois ans, le chef de l’État monopolise les pouvoirs après avoir dissous le Parlement et fait voter une nouvelle Constitution par référendum. La plupart des opposants politiques et des voix dissonantes ont été mis à l’ombre, un contexte des plus favorables à sa possible réélection. K. Saïed avait accédé à la magistrature suprême suite au deuxième tour de la présidentielle du 13 octobre 2019 qui l’avait opposé à Nabil Karoui (actuellement en exil), ancien propriétaire de la chaine Nessma TV. Il avait remporté le scrutin avec un score de 72,7 % représentant plus de 3 millions d’électeurs, sur un corps électoral de près de 8 millions et une population de 11,5 millions de Tunisiens.
Deux ans après son élection, le 25 juillet 2021, dans un contexte de blocage politique et de crise économique, K. Saïed, limoge le gouvernement, dissout l’Assemblée des représentants du peuple et le Conseil supérieur de la magistrature et commence à légiférer par décret-loi. Le 25 juillet 2022, il organise un référendum pour modifier la Constitution de 2014, issue de la révolution, pour, notamment changer le régime politique de semi-parlementaire à un régime présidentiel donnant de larges prérogatives au Président.
La démarche de K. Saïed est largement contestée à l’intérieur, notamment par les partis politiques et de nombreuses organisations de la société civile, alors que certains points de vue considèrent que son action constituait un réajustement du processus révolutionnaire ayant renversé l’ancien président Ben Ali, un certain 14 janvier 2011.