Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, a annoncé mardi que « la Russie pourrait envisager de lever l’interdiction volontaire du déploiement de missiles à moyenne et longue portée, en signe de mise en garde à l’Occident s’il poursuit dans son imprudence ».

Concernant l’interdiction sur le déploiement de missiles à moyenne et courte portée, S. Ryabkov a relevé que « la Russie met en garde les États-Unis et l’OTAN contre les mesures imprudentes et la mise à l’épreuve de la patience de Moscou ». A ses yeux, « ce serait un avertissement à l’adversaire, afin qu’il n’adopte pas des mesures dangereuses et imprudentes. Cependant, il n’y a pas eu de changement de position jusqu’à aujourd’hui, et il n’est pas nécessaire d’inventer des raisons artificielles pour commencer à revoir notre position. »

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a prévenu, plus tôt, que « si l’Occident fournit à Kiev des missiles à longue portée, les objectifs géographiques de l’opération spéciale en Ukraine iront au-delà de ses objectifs actuels ».

Concernant l’imposition par l’Occident d’un plafond sur le prix du pétrole russe, S. Ryabkov a souligné que « l’Occident doit se préparer aux mesures russes après cette étape ». En réponse à une question de savoir si la Russie pourrait imposer un prix minimum du pétrole, en réponse au plafond imposé par les pays occidentaux sur les prix du pétrole russe, il est resté évasif. « Je n’énumérerai pas le contenu de nos contre-mesures », a-t-il lancé en ajoutant que « l’Occident et ceux qui dansent sur son air devraient être prêts à tout. S’ils déclenchent une guerre sans règles ou lignes rouges, nous ne serons pas liés pour réagir. »

Plus tôt dans la journée, S. Ryabkov a confirmé qu’« il y a des acheteurs de pétrole russe malgré le plafond de prix proposé, et les intérêts de la Russie seront garantis ».

Embouteillage dans le Bosphore

Depuis lundi 5 décembre, l’Union européenne applique un embargo sur les exportations de pétrole russe acheminé par voie maritime, tandis que l’UE et le G7 imposent un plafonnement du brut russe à 60 dollars le baril. Cette dernière mesure provoque un embouteillage de tankers dans les eaux turques situées à l’embouchure de la mer Noire, voie de transit du pétrole russe.

Une vingtaine de tankers attendaient déjà au large des détroits du Bosphore et des Dardanelles, qui relient la mer Noire – donc les ports russes – aux marchés internationaux. Selon l’agence Bloomberg, les navires concernés transportent du brut russe et kazakh en provenance de ports russes, et les modalités de plafonnement du prix du baril semblent responsables de l’embouteillage.

En effet, si Moscou décide de vendre son brut au-delà des 60 dollars, les entreprises européennes, mais aussi américaines, britanniques ou australiennes, ont désormais interdiction de fournir les services permettant le transport maritime de ce pétrole vers des pays qui n’ont pas décidé de s’en priver, comme la Chine ou l’Inde. Cela inclut les services d’assurance. Or, les autorités turques demandent à présent des garanties d’assurance supplémentaires – valables y compris en cas de violation de sanctions – aux tankers qui veulent traverser ses détroits. Des garanties que les assureurs refusent de donner, comme l’indique dans un communiqué de l’International Group, dont les membres couvrent environ 95% de la flotte mondiale de tankers. Le groupe affirme être en discussion avec les autorités turques.

L’autre guerre

Les dirigeants européens ont accumulé les erreurs sur le front énergétique, se rendant dépendants des exportations du gaz américain, écrit le journaliste Matt Purple dans le magazine britannique The Spectator. La fermeture de centrales nucléaires en France ou en Allemagne, conjuguée avec la baisse des livraisons russes, ont mis les Européens dans la panade, souligne le journaliste. « La fermeture des centrales nucléaires au nom de la sauvegarde de la planète n’a fait que rendre le continent plus dépendant du gaz naturel russe. Et maintenant […] ces mêmes Européens se retrouvent dépendants des exportations américaines et grognent tout le temps », ajoute M. Purple.

C’est notamment « l’obsession » pour la transition écologique qui a poussé les Européens dans les bras de Washington, ajoute le journaliste. Les États-Unis, au contraire, ont su préserver une certaine indépendance énergétique, en misant sur leurs propres hydrocarbures. Dès son arrivée au pouvoir, Joe Biden avait d’ailleurs révoqué le permis de construction du pipeline Keystone XL, qui aurait dû amener du pétrole depuis le Canada jusqu’au Texas, rappelle M. Purple.

Les États-Unis mettent par ailleurs l’Europe en difficulté avec la loi sur l’Inflation Reduction Act (IRA), qui consacre le retour à une forme de protectionnisme économique. Des mesures qui devraient permettre à Washington de subventionner les entreprises vertes produisant sur le sol américain.

Une mauvaise nouvelle pour l’économie européenne, qui pourrait voir son industrie siphonnée. Les gros constructeurs d’automobiles, comme la France ou l’Allemagne, craignent tout particulièrement que leur industrie s’en aille outre-Atlantique.

« Il y a un grand risque que les États-Unis et l’UE déclenchent une sorte de guerre commerciale. Et tout cela à cause de moulins à vent », ironise M. Purple. L’Europe songe à répondre en adoptant à son tour des mesures de protections économiques, en particulier pour les industries vertes.

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