« Si l’Ukraine était admise au sein de l’OTAN, nous déclencherions une troisième guerre mondiale », a déclaré mardi 8 octobre P. Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, interrogé lors d’une conférence de presse sur la position de Budapest quant à une possible adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique. « La position hongroise est claire : il n’y a aucune possibilité pour l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN », a-t-il affirmé, ont rapporté des médias hongrois. « En privé, beaucoup de pays expriment leur scepticisme et leur opposition à cette adhésion, mais refusent d’en faire part publiquement », a-t-il encore assuré, précisant qu’il avait informé son « homologue ukrainien que, derrière des portes closes, une majorité des membres de l’OTAN partageait la position de la Hongrie », a-t-il ajouté. À ce titre, le ministre hongrois a qualifié de « profondément injuste » envers le peuple ukrainien « le comportement d’une partie importante des pays membres de l’OTAN ».

Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, Budapest plaide ouvertement pour un cessez-le-feu et met régulièrement en garde contre une escalade entre la Russie et l’OTAN. La Hongrie a pour autant toujours voté pour le train de sanctions européennes, ou encore ratifié les récentes adhésions de la Finlande, puis de la Suède, au bloc militaire. Néanmoins, Budapest est régulièrement pointée du doigt par ses partenaires occidentaux pour des prises de positions présentées comme favorables à Moscou. Des partenaires qui, notamment au sein de l’Union européenne, ont brandi à plusieurs reprises des mesures de rétorsion en vue de contraindre Budapest à avaliser leurs décisions en faveur de Kiev.

A en croire Bloomberg,  Kiev afficherait deux visages, celui en public de Volodymyr Zelensky « inébranlable » dans ses exigences pour mettre fin au conflit et celui, en coulisse, des responsables ukrainiens. « Mais alors que l’Ukraine meurtrie par la guerre approche de son troisième hiver complet de la guerre et que le soutien occidental montre des signes de faiblissement sans fin du conflit en vue, les responsables ukrainiens ont indiqué qu’ils étaient prêts à reconnaître qu’une fin de partie devrait avoir lieu » a ainsi rapporté le 8 octobre l’agence américaine, après avoir évoqué de récentes déclarations de V. Zelensky qui réaffirmait son refus de « négocier » avec la Russie. Plus tôt dans leur article, les deux journalistes ont évoqué des responsables proches de l’OTAN, selon lesquels les alliés occidentaux de l’Ukraine « détectent » que V. Zelensky « pourrait s’apprêter à adopter une approche plus flexible » est-il relaté. Toujours selon Bloomberg, ce « changement de sentiment devait être testé » lors de la réunion prévue le 12 octobre à la base américaine de Ramstein en Allemagne. Sommet sur l’Ukraine qui a finalement été « reporté », à la suite de l’annulation de la venue de Joe Biden en raison de l’approche de l’ouragan Milton des côtes de la Floride.

Les deux auteurs ont également dressé le tableau d’une Ukraine coincée entre des pays du Sud qui l’enjoignent d’inclure Moscou dans tout processus de paix, des alliés Européens soumis à des « contraintes budgétaires » (notamment l’Allemagne et la France), et les États-Unis où aucun des candidats en lice pour la Maison Blanche n’a pris le parti de Kiev concernant son désir d’accéder à l’OTAN. En effet, si la vice-présidente et candidate démocrate a assuré le 7 octobre sur CBS qu’une rencontre sur le conflit avec Vladimir Poutine n’aurait « pas lieu bilatéralement, sans l’Ukraine », celle-ci « a refusé de dire si elle soutiendrait la poussée de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN si elle était élue », ont souligné les auteurs de l’article. Quant à Donald Trump, celui-ci a déclaré à plusieurs reprises que s’il était élu début novembre, il mettrait fin au conflit avant même son investiture. Interrogé sur l’accord de paix qu’un D. Trump de retour à la Maison Blanche pourrait décrocher, son colistier, le sénateur républicain de l’Ohio James David Vance, avait déclaré lors d’une interview le 12 septembre qu’il « ressemblerait probablement à la ligne de démarcation actuelle entre la Russie et l’Ukraine, qui deviendra une sorte de zone démilitarisée, fortement fortifiée pour que les Russes ne l’envahissent pas à nouveau ». « L’Ukraine conserve sa souveraineté, la Russie obtient de l’Ukraine la garantie de sa neutralité, elle ne rejoint pas l’OTAN, elle ne rejoint pas certaines de ces « institutions alliées » », avait-il ajouté. « Tout ce qui n’est pas une adhésion [à l’OTAN, ndlr.] à part entière mettrait l’Ukraine sur la défensive en ce qui concerne les pourparlers de cessez-le-feu », a pour sa part rapporté Bloomberg dans son article du 8 octobre, citant un responsable familier des discussions à l’OTAN. Selon cette source, « de solides garanties de sécurité bilatérales, en particulier avec les États-Unis, équivaudraient à une adhésion de facto de l’Ukraine ». Mi-juin, lors d’un discours de politique étrangère, le président russe avait indiqué que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et des régions de Kherson et de Zaporojié, et accepterait d’opter pour un « statut neutre – non aligné, non nucléaire », évoquant aussi une « démilitarisation », une « dénazification » et une levée des sanctions contre la Russie. Kiev exige encore le retour aux frontières de 1991, en dépit notamment du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie par référendum en 2014 à la suite du coup d’État du Maïdan. Des revendications jugées irréalistes par Moscou.

Dans un rapport d’activité, publié jeudi 10 octobre à la mi-journée sur sa chaîne Telegram, la Défense russe a revendiqué la destruction de plusieurs armements fournis aux forces de Kiev par les Occidentaux. Parmi eux, figure un canon automoteur Caesar français, qui aurait été détruit par les unités du groupement de troupes Ouest de l’armée russe. Dans une seconde partie de ce rapport, le ministère a également rapporté avoir « touché » plusieurs éléments d’une batterie Patriot. La veille, en fin d’après-midi, le ministère avait publié sur sa chaîne Telegram une vidéo montrant « des frappes » de missiles balistiques tactiques Iskander-M sur une batterie Patriot déployée dans la région de Dniepropetrovsk. Attaque au cours de laquelle, avait précisé l’armée russe, la station radar, la cabine de contrôle ainsi qu’un lanceur et du « personnel » ont été « détruits ». « Un autre lanceur du système de défense aérienne Patriot a été endommagé », concluait le communiqué du ministère.

Comments are closed.

Exit mobile version