« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force en violation de la Charte des Nations Unies et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n’auraient pas de sens », a déclaré Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, selon des propos rapportés ce 6 avril par son ministère. « Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes » avec les États-Unis, avec lesquels Téhéran n’a plus de relations diplomatiques depuis 1980, a ajouté le ministre iranien. Ce dialogue « indirect » irano-américain se poursuivrait via le Sultanat d’Oman, a rapporté à l’agence Reuters un haut responsable iranien. Celui-ci a également évoqué une mise en garde que l’ayatollah Ali Khamenei aurait formulée à l’endroit des autres acteurs régionaux contre les « graves conséquences » auxquels ils s’exposeraient s’ils venaient à apporter leur soutien à une attaque américaine contre la République islamique. Un soutien qui inclut, notamment, l’autorisation aux forces américaines d’utiliser leur espace aérien.

Le 3 avril, à bord d’Air Force One, Donald Trump avait déclaré à des journalistes qu’il préférait avoir des « négociations directes » avec Téhéran, au sujet du programme nucléaire iranien. « Cela va plus vite et vous comprenez beaucoup mieux l’autre camp qu’en passant par des intermédiaires », avait ajouté le dirigeant américain. L’éventualité d’entretenir des négociations directes avait déjà été « rejetée » le 30 mars par M. Pezeshkian, qui précisait néanmoins « que la voie des négociations indirectes restait ouverte ». « S’ils ne signent pas d’accord, il y aura des bombardements », avait lancé le même jour le dirigeant américain, sur la chaine NBC. Celui-ci avait également déclaré qu’il envisageait d’imposer des droits de douane secondaires aux pays qui achètent du pétrole à l’Iran. Des propos « imprudents et belliqueux » dénoncés, dès le lendemain, par l’Iran auprès du Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans une lettre consultée par Reuters, le représentant permanent iranien auprès de l’ONU, Amir Saeid Iravani, mettait « fermement » en garde quant au fait que Téhéran réagirait « rapidement et de manière décisive » a tout « acte d’agression » mené par les États-Unis ou Israël « contre sa souveraineté, son intégrité territoriale ou ses intérêts nationaux ».

Dans une interview au site d’information KhabarOnline, publiée le 23 mars, le chef de la diplomatie iranienne expliquait que ce refus de négocier directement avec les États-Unis était « dû à l’histoire, à l’expérience et aux précédents, et non à l’entêtement », renvoyant au retrait de l’administration Trump de l’accord de Vienne en 2018.

De son côté, le commandant en chef du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le général de division Hossein Salami a réaffirmé, samedi 5 avril, lors d’une réunion avec de hauts commandants et responsables du CGRI, que l’Iran est entièrement préparé à réagir à tout scénario d’agression extérieure et qu’il ne reculera pas même d’une semelle en cas de menace. « Nous ne sommes absolument pas préoccupés par une guerre ; nous ne la déclencherons certes pas, mais nous y sommes prêts », a-t-il affirmé. « Sur la base de fausses hypothèses d’une soi-disant faiblesse du pouvoir de dissuasion de l’Iran, l’ennemi cherche à forcer Téhéran à choisir entre la confrontation et l’acceptation de ses conditions ; l’Iran est toutefois préparé aussi bien à des opérations psychologiques qu’à 0des actions militaires », a-t-il ajouté.

H. Salami a également évoqué la vulnérabilité du régime israélien dont les intérêts sont tentaculaires et à la portée de l’Iran partout. « Nous avons acquis le savoir-faire et les formules pour vaincre cet ennemi, et nous les avons incorporés dans tous nos systèmes d’armement et d’équipement », a-t-il ajouté, soulignant que, malgré le soutien des États-Unis au régime sioniste, l’Iran dispose de matériel et de logiciels nécessaires pour contrecarrer ces menaces. « Nous avons accumulé des capacités qui nous permettent d’atteindre et cibler l’ennemi, et nous sommes prêts à démontrer notre véritable puissance », a-t-il déclaré.

L’Ayatollah Ali Khamenei, Leader de la Révolution islamique, Ayatollah Seyyed a déclaré le 21 mars que les menaces américaines « ne les mèneront nulle part » et a mis en garde contre des mesures réciproques « s’ils font quoi que ce soit de malveillant » contre l’Iran.

Dans un communiqué publié samedi 5 avril, le Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations unies a catégoriquement rejeté les menaces de l’usage de la force proférées par le gouvernement américain à l’encontre de l’Iran, exprimant sa grave préoccupation quant au fait que de telles menaces et de telles rhétoriques pourraient porter atteinte à la paix et à la sécurité mondiales ainsi qu’aux principes internationaux.

La présidence iranienne a annoncé jeudi soir que « le président iranien Massoud Pezeshkian s’est entretenu lors d’un appel téléphonique avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, au cours duquel ils ont échangé leurs vœux pour l’Aïd al-Fitr et discuté des derniers développements dans la région ».

Lors de l’appel téléphonique, M. Pezeshkian a indiqué que « son pays ne cherche pas la guerre, mais nous n’hésiterons pas à défendre notre souveraineté et nous possédons les capacités pour le faire ». Il a ajouté que « l’Iran n’a jamais cherché la guerre ou le conflit et l’utilisation non pacifique de l’énergie nucléaire n’a pas sa place dans notre doctrine de sécurité et de défense ». Dans ce contexte, il a souligné « qu’ il n’y a pas de place pour les armes nucléaires dans notre doctrine de défense, et l’Iran est prêt au dialogue et à la coopération constructive pour résoudre les tensions sur la base du principe du respect mutuel ».

Le président iranien a aussi estimé que « les pays islamiques peuvent établir la sécurité et la stabilité dans la région en renforçant l’unité et l’harmonie entre eux », ajoutant que « si les musulmans étaient unis, ils seraient en mesure de mettre fin aux crimes commis contre certains peuples musulmans, y compris le peuple palestinien ».

Mercredi, le site américain Axios a confirmé que « la Maison Blanche envisage sérieusement une proposition iranienne de tenir des négociations nucléaires indirectes ».

Le Leader de la Révolution islamique en Iran, l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei, a fourni une réponse jugée « appropriée » et en accord avec ses stratégies et directives à la lettre envoyée par le président américain le mois dernier. Cette affirmation a été faite par le général de division Mohammad Baqeri, chef d’état-major des forces armées iraniennes, lors d’une réunion qui s’est tenue dimanche 6 avril, rassemblant des commandants, des responsables et du personnel des forces armées iraniennes.

Le général a insisté sur le fait que l’Iran ne se positionne pas comme un pays belliciste, mais qu’il se dressera avec fermeté contre toute forme d’intimidation. Il a mis en avant la stratégie du Leader de la Révolution islamique qui stipule que bien que l’Iran ne cherche pas à déclencher une guerre, il répondra avec détermination à toute menace. La République islamique d’Iran ne se positionne pas en tant qu’instigatrice de conflits, néanmoins, elle refuse de se soumettre à l’intimidation et s’y opposera fermement, a-t-il affirmé.

Le général Baqeri a précisé que la République islamique d’Iran aspirait à promouvoir la paix dans la région et qu’elle ne visait pas à acquérir des armes nucléaires. Toutefois, il a affirmé que le pays répondra aux besoins de sa nation en matière nucléaire, en se référant à la stratégie établie par le Leader de la Révolution islamique sur cette question importante.

En évoquant la position de l’Ayatollah sur la possibilité ou non d’un dialogue avec les États-Unis, il a précisé que l’Iran ne s’engagerait pas dans des négociations directes. Cependant, il a souligné que des discussions indirectes ne posaient aucun problème pour la partie iranienne.

Le général Baqeri a rapporté que l’Ayatollah avait qualifié D. Trump de « partie la plus peu fiable et la plus déloyale » lors des négociations antérieures, ce qui a conduit à un manque de confiance envers le président américain. Le 7 mars, D. Trump a annoncé avoir adressé une lettre à l’Iran pour proposer des négociations sur le nucléaire tout en menaçant d’une action militaire en cas d’inefficacité des pourparlers. Cette lettre a été remise à Téhéran le 12 mars par Anwar Gargash, conseiller présidentiel des Émirats arabes unis. Le 27 mars, Abbas Araghchi, a confirmé que la réponse officielle de Téhéran à cette lettre avait été transmise par l’intermédiaire du sultanat d’Oman.

Le général Baqeri a salué la réponse jugée « raisonnable et très sage » du Leader de la Révolution islamique, affirmant qu’elle démontrait que la stratégie de l’Iran repose sur la défense de ses intérêts et la recherche de progrès. Il a affirmé que les forces armées de la République islamique d’Iran répondront avec une puissance écrasante et irréversible à toute forme d’agression visant ses intérêts et sa souveraineté. 

Comments are closed.

Exit mobile version