Dimanche avait eu lieu le quatrième cycle de négociations qui a débuté le mois dernier, et qui représente le contact le plus élevé depuis que D. Trump a retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) en 2018. « Nous voulons que les négociations réussissent avec l’Iran mais l’on ne peut accepter qu’il puisse détenir l’arme nucléaire », a-t-il ajouté depuis le Qatar dans le cadre de sa tournée dans les pays du Golfe, tout en exprimant son optimisme quant à la possibilité d’éviter des frappes militaires sur les sites iraniens. « On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran », a affirmé D. Trump. « Je pense qu’on se rapproche de la conclusion d’un accord », a-t-il dit, assurant que Washington est très sérieuse dans ces négociations.

Il a salué le rôle réalisé par l’émir du Qatar estimant que l’Iran devrait le remercier : « L’Iran a de la chance grâce à la présence de l’émir du Qatar qui lutte pour que l’on parvienne à un accord et ne pas l’attaquer. L’Iran devrait le remercier beaucoup parce qu’il refuse de lui assener une frappe alors que d’autres souhaitent que nous lui infligions une frappe dure ». Le président américain a en outre affirmé que son pays protègera le Moyen-Orient.

Quelques heures plus tôt, Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei avait dit dans un entretien à la chaîne américaine NBC que Téhéran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange de la levée immédiate des sanctions. Téhéran s’est toujours défendu de vouloir mettre au point un programme nucléaire militaire et assure sans cesse qu’il est exclusivement pacifique. Mercredi, le département du Trésor américain a imposé un nouveau lot de sanctions à l’adresse cette fois-ci le programme balistique iranien. Ces sanctions visent 6 personnes et 12 entités qui trouvent aussi bien en Iran qu’en Chine au motif qu’ils participent aux efforts pour « aider le régime iranien à fabriquer localement des produits essentiels nécessaires pour le programme de Téhéran des missiles balistiques », selon le département d’Etat. « Ils soutiennent des organismes subalternes affiliés aux Gardiens de la révolution qui supervisent le développement de fibres de carbone nécessaires pour la fabrication des missiles balistiques transcontinentaux », a-t-il précisé.

« Les États-Unis ne peuvent pas permettre à l’Iran de développer des missiles balistiques intercontinentaux », a déclaré Scott Besant, secrétaire au Trésor, arguant que de telles capacités constituent une « menace inacceptable » pour Washington et la sécurité du Moyen-Orient.

Depuis son retour au pouvoir, le président américain a établi de nouvelles sanctions contre l’Iran, dans le cadre de sa politique de « pression maximale ». Il ne les a pas suspendues avec le lancement du processus des négociations. Le 12 mai, le Département d’état a déclaré que des sanctions contre « une entité et 3 iraniens en lien avec le programme nucléaire iranien ».

Le lendemain, le Trésor américain évoquait des sanctions contre « 20 sociétés qui travaillent dans le cadre d’un réseau qui transporte du pétrole iranien exporté à la Chine depuis longtemps ». Les Etats-Unis ont multiplié les sanctions visant les exportations pétrolières de l’Iran, pays qui fait partie des dix plus grands producteurs de pétrole au monde. Ce qui lui apporte habituellement une importante manne financière.

Un accord sur le nucléaire s’accompagnerait probablement d’une détente sur ces sanctions et permettrait à Téhéran d’exporter plus facilement son pétrole à l’étranger, notamment vers la Chine, dont plusieurs petites raffineries indépendantes ont été visées par les sanctions américaines pour avoir acheté du brut iranien.

Si un tel accord est trouvé, « la production iranienne pourrait augmenter de 400.000 barils quotidiens dans les prochains mois », estime Jorge Leon de Rystad Energy, interrogé par l’AFP.

« Tout allégement immédiat des sanctions découlant d’un accord nucléaire pourrait débloquer 800.000 barils quotidiens supplémentaires de brut iranien pour le marché mondial », évalue même pour sa part Ole Hvalbye, analyste chez SEB.

Selon l’AFP, les cours de l’or noir ont fortement baissé jeudi, après que D. Trump a laissé entrevoir un accord sur le dossier du nucléaire iranien, susceptible de faciliter les exportations de pétrole de Téhéran. Quel que soit le nombre exact de barils additionnels, cela « renforce les prévisions d’une surabondance de l’offre mondiale de pétrole », affirme pour l’AFP Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Or, « l’augmentation de l’offre mondiale devant être nettement supérieure à celle de la demande » en 2025 et 2026, selon le rapport mensuel de mai de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur le marché pétrolier, la possibilité de nouvelles introductions de barils est un facteur de forte baisse des cours de l’or noir.

Massoud Pezeshkian, président iranien, a fermement rejeté les récentes accusations et menaces proférées par D. Trump à l’encontre du pays, affirmant que la République islamique ne se laisserait pas intimider par ces provocations et resterait résolue dans sa quête du développement national et de la paix régionale. Il a fait ces remarques mercredi lors d’une réunion avec les élites et les intellectuels de la province de Kermanshah, située à l’ouest de l’Iran, dans le cadre de son cinquième voyage provincial.

Ces déclarations interviennent après la visite de D. Trump en Arabie saoudite mardi, lors de laquelle il a accusé l’Iran d’être à l’origine de l’instabilité dans la région.

Le chef de l’exécutif iranien a remis en question la crédibilité de telles accusations, soulignant, entre autres, la crise humanitaire à Gaza, causée par le soutien américain à l’agression israélienne continue. « Comment peuvent-ils nous accuser d’être la source de l’insécurité, alors qu’ils ont tué 60 000 femmes et enfants à Gaza et empêchent l’accès à l’eau et aux médicaments ? Qui est réellement responsable de cette crise ? » s’est-il interrogé. Il a également évoqué l’ampleur des pertes humaines ainsi que des autres conséquences effroyables de cette guerre qu’a déclenchée le régime sioniste dans la bande de Gaza, depuis octobre 2023, une guerre génocidaire à laquelle les États-Unis apportent un soutien total.

Par ses accusations, D. Trump cherche en fait à présenter l’Iran comme la « force la plus destructrice » de la région d’Asie de l’Ouest; il a même réitéré que les États-Unis ne permettraient pas à la République islamique de développer une « arme nucléaire », ignorant le rejet total iranien de toute sorte d’armes non conventionnelles.

M. Pezeshkian a souligné mardi que l’Iran défendait la paix et la dignité humaine, contrastant cette position avec celle de ceux qui, tout en prétendant rechercher la paix, avaient fourni des armes à la région.

Ailleurs dans son discours, le président iranien a souligné la nécessité de renforcer l’unité nationale face aux pressions étrangères, saluant en même temps la résilience du peuple iranien au cours des dernières décennies. « Depuis 47 ans, nos adversaires tendent toutes leurs forces pour mettre cet ordre et ce peuple à genoux, sans en arriver à rien; ils ont échoué et ils continueront d’échouer », a-t-il fait valoir. Le président iranien a fini par évoquer le rôle crucial des intellectuels et des jeunes dans la construction du pays et le bien-être de la nation pour appeler à profiter des forces internes pour surmonter les défis et continuer à réaliser de nouveaux progrès.

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