La Russie a également rapporté mardi avoir été visée de nouveau ces derniers jours par deux frappes ukrainiennes réalisées à l’aide de missiles américains ATACMS, arme contre laquelle Moscou a promis une réplique sévère. Selon le ministère russe de la Défense, les forces ukrainiennes ont frappé des « installations » dans la région russe frontalière de Koursk le 23 novembre près du village de Lotarevka, à 37 kilomètres au nord-ouest de la ville de Koursk, et le 25 novembre contre l’aérodrome de Koursk-Vostochny. Le ministère a reconnu – fait rare – que plusieurs missiles ont « atteint leurs cibles » et fait état de deux militaires russes blessés et d’un radar endommagé dans ces tirs ukrainiens.

Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines. L’Ukraine ayant récemment tiré des missiles occidentaux ATACMS et Storm Shadow à longue portée sur la Russie qui continue à pilonner son territoire depuis le début de l’invasion de son voisin il y a bientôt trois ans.

Au moins quatre personnes ont été tuées et sept autres blessées mardi dans une frappe ukrainienne sur Nova Kakhovka, dans la partie occupée par Moscou de la région méridionale de Kherson, ont annoncé les autorités installées par la Russie. Lors d’un bombardement sur Nova Kakhovka, « un bus transportant des civils a été touché », a déploré sur Telegram Vladimir Saldo, un responsable de la région de Kherson.

Moscou a, de son côté, frappé l’Ukraine, le 21 novembre, avec un missile balistique de dernière génération capable de porter une charge nucléaire et Vladimir Poutine a menacé également de frapper l’Europe et les États-Unis. Dans la nuit de lundi à mardi, « des sites d’infrastructures essentielles ont été touchés » et « dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés », a indiqué l’armée de l’air ukrainienne sans donner plus de précisions.

La Russie mène depuis des mois une campagne visant des sites énergétiques ukrainiens, plongeant dans le noir des millions d’Ukrainiens, tactique décrite à Kiev comme destinée à terroriser la population civile.

A l’aube mardi, la défense aérienne a réussi à abattre 76 drones dans 17 régions ukrainiennes et 95 autres appareils sont probablement tombés du fait du brouillage électronique par l’armée ukrainienne, selon l’armée de l’air.

A Kiev, les journalistes de l’AFP ont entendu des explosions pendant l’alerte aérienne qui a duré plus de cinq heures. Selon l’administration militaire, « plus de 10 drones » russes visant la ville ont été détruits. Plus tard dans la journée, l’ambassadrice ukrainienne auprès de l’Otan devait rencontrer à la demande de Kiev ses homologues de l’Alliance à Bruxelles, une réunion qui fait suite au tir du missile expérimental russe.

L’Ukraine a demandé à ses alliés occidentaux de lui fournir de nouveaux systèmes de défense antiaérienne de dernière génération, bien que Moscou ait assuré que ces missiles, baptisés « Orechnik », « noisetier » en russe, soient impossibles à intercepter.

La Russie a, de son côté, promis de multiplier ce type d’attaques si Kiev continuait d’utiliser des missiles occidentaux en territoire russe. Vladimir Poutine a aussi menacé de frapper les pays fournissant ces armes aux Ukrainiens. Et le Kremlin, via le porte-parole Dmitri Peskov, a, lui, balayé la portée de la réunion : « Il est peu probable que des décisions importantes soient prises au niveau des ambassadeurs. »

Ce regain de tensions intervient au moment où les Européens et Kiev redoutent un arrêt du soutien militaire américain à l’Ukraine avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, et la conclusion d’un accord au détriment de l’Ukraine. Et l’intensification d’attaques russes apparaît comme une tentative de Moscou de renforcer sa position avant d’éventuelles négociations.

L’aide militaire US est cruciale pour l’Ukraine dont l’armée épuisée recule depuis des mois face aux troupes russes, plus nombreuses et mieux armées. Et la crainte de l’Ukraine est également partagée en Europe par les pays alliés de Kiev. Et il en a été question mardi matin au Parlement européen de Strasbourg, réuni en session plénière.

Londres en pointe

Le Royaume-Uni a livré « des dizaines » de missiles de croisière Storm Shadow à Kiev « il y a plusieurs semaines », pour la première fois depuis que Keir Starmer a pris ses fonctions de Premier ministre, a rapporté le 25 novembre Bloomberg, citant des « sources proches du dossier ».  Dans le même temps, la publication US note que ces missiles ont été envoyés « avant la récente décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’autoriser l’Ukraine à tirer des missiles à longue portée sur des cibles à l’intérieur de la Russie ».

Les sources de l’agence américaine ont refusé de préciser la date exacte de ces livraisons, « qui n’ont pas été annoncées publiquement », ou le nombre d’engins. « Nous ne commentons pas les détails opérationnels, cela ne profiterait qu’au président russe Vladimir Poutine », a prétexté la Défense britannique, citée par Bloomberg.

Auparavant, le Kremlin avait déclaré qu’il n’était pas exclu que le Royaume-Uni ait été le premier à autoriser les forces armées ukrainiennes (AFU) à frapper en profondeur le territoire russe à l’aide d’armes à longue portée remises à Kiev.

Le 21 novembre, le ministère russe de la Défense avait déclaré avoir abattu six missiles Storm Shadow. Quelques jours plus tôt, le 18 novembre, le quotidien The Sun rapportait les propos de John Healey, Secrétaire d’État britannique à la Défense, déclarant le jour-même aux députés qu’il « ne s’étendrait pas aujourd’hui sur les détails des missiles à longue portée », assurant qu’un débat public sur cette question « mettrait en péril la sécurité opérationnelle ». Le quotidien britannique avait alors évoqué, qu’« en privé, les responsables gouvernementaux admettent que le veto américain sur Storm Shadow reste en vigueur ».

Le 21 novembre au soir, lors d’une allocution télévisée, V. Poutine avait évoqué ces attaques menées à l’aide de ces missiles franco-britanniques, annonçant le succès d’un nouveau missile balistique hypersonique de moyenne portée qui a frappé un site industriel militaire à Dniepropetrovsk. « La Russie préfère les moyens pacifiques, mais elle est également prête à faire face à toute évolution des événements, il y aura toujours une réponse », avait notamment déclaré le président russe.

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