l’Autorité nationale des poursuites (NPA) a annoncé, dimanche, son intention de présenter de nouveaux éléments devant la justice afin de faire annuler les conclusions initiales sur la mort d’A. Luthuli. Sans dévoiler la nature précise de ces preuves, la NPA a remis en question les résultats de l’enquête menée il y a près de soixante ans, laquelle avait statué qu’aucune responsabilité pénale ne pouvait être attribuée aux employés des chemins de fer sud-africains ni à quiconque.

Des militants ainsi que des membres de la famille d’Albert Luthuli ont, depuis longtemps, exprimé leurs doutes quant à la version officielle. Albert Mthunzi Luthuli, petit-fils du défunt, a déclaré au média sud-africain IOL que sa famille se réjouissait de la réouverture de l’enquête, malgré le temps écoulé et la mort de plusieurs personnes qu’il soupçonnait d’avoir joué un rôle dans la disparition de son grand-père. Il a également critiqué la Commission vérité et réconciliation (CVR), estimant qu’elle avait laissé de nombreuses familles de victimes sans justice en accordant l’amnistie à ceux responsables des crimes de l’apartheid. Avant sa mort en 1967, A. Luthuli, premier Sud-Africain à recevoir le prix Nobel de la paix, suivi par l’archevêque Desmond Tutu en 1984, puis par Nelson Mandela et F.W. de Klerk en 1993, vivait sous restrictions, ayant l’interdiction de quitter son quartier résidentiel de Groutville, situé dans l’actuelle province du KwaZulu-Natal, et de participer à la vie politique du pays. L’enquête de 1967 avait conclu que le défunt, marchant près de voies ferrées, avait été percuté par un train et était décédé des suites d’une fracture crânienne.

Outre l’affaire Luthuli, deux autres dossiers concernant les meurtres de figures de la lutte contre l’apartheid ont été relancés, le 13 avril, à l’instar de l’enquête portant sur l’assassinat de l’avocat Mlungisi Griffiths Mxenge, tué en 1981. En effet, l’enquête initiale n’a pas permis d’identifier ses meurtriers, mais neuf ans plus tard, soit en 1990, Butana Almond Nofemela, membre d’une unité secrète anti-insurrectionnelle responsable de l’arrestation et de l’élimination de militants anti-apartheid, a avoué le meurtre de Mxenge ainsi que celui de sept autres membres de l’ANC. Ce dernier a été assassiné en novembre 1981, à Umlazi, près de Durban. Il a été poignardé à 45 reprises. B. A. Nofemela, ainsi que le commandant de l’escouade, Dirk Coetzee, et David Tshikalange, ont été reconnus coupables du meurtre de M.G. Mxenge en 1997, mais ont bénéficié d’une amnistie de la CVR avant la clôture de l’affaire pénale. En Afrique du Sud, les enquêtes sur les décès liés à la lutte contre l’apartheid visent à éclaircir les circonstances de la mort et à identifier les responsables. Elles cherchent à dévoiler des événements souvent marqués par la violence, l’impunité et les dissimulations des autorités de l’époque.

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