Ignorer la « rivalité » entre ces deux voisins d’Afrique du Nord pourrait compromettre les intérêts européens en matière de sécurité, d’énergie et de migration, avertit Emmanuel Cohen-Hadria, membre du conseil d’administration de Diplomeds, groupe de réflexion sur les politiques transméditerranéennes, et coéditeur d’une étude explorant les voies de coopération entre le Maroc et l’Algérie.

Selon lui, la solution réside dans une approche plus proactive pour résoudre les conflits entre Rabat et Alger. « L’UE a trop longtemps considéré le différend algéro-marocain comme un problème gérable », souligne l’auteur. Mais les récentes crises régionales ont mis en lumière les dangers d’une telle complaisance. « Si l’UE veut réellement être un fournisseur de sécurité crédible, elle doit donner la priorité à la résolution des conflits là où ses intérêts sont en jeu », a-t-il déclaré.  Dès lors, il exhorte Bruxelles à dépasser la simple rhétorique en soutenant des initiatives de dialogue discrètes de « piste II » impliquant la société civile marocaine et algérienne, des universitaires et des chefs d’entreprise, dans le but de reconstruire progressivement la confiance. Ces initiatives font référence à des efforts de diplomatie informelle où des acteurs non étatiques engagent un dialogue pour réduire les tensions et favoriser la compréhension mutuelle.

L’Union pour la Méditerranée (UpM), organisation intergouvernementale réunissant 43 pays d’Europe et du bassin méditerranéen, pourrait également jouer un rôle en facilitant une coopération pratique et discrète entre les deux pays, même sur des questions techniques où la reconnaissance diplomatique formelle est absente. « La question n’est plus de savoir si l’Europe peut se permettre de s’engager, mais si elle peut se permettre de ne pas essayer », conclut le document.

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