A.Costa, accompagné de K. Kallas, ancienne Première ministre estonienne, désormais cheffe de la diplomatie européenne, qui a remplacé Josep Borrell à ce poste, ont effectué une visite à Kiev. Cette dernière n’a pas exclu l’envoi de troupes en Ukraine. Selon ses déclarations rapportées par l’agence de presse italienne Ansa, une telle mesure pourrait s’avérer nécessaire pour assurer la surveillance du respect d’un éventuel cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, une fois un accord conclu. « Jusqu’à aujourd’hui, il était question de savoir quels pays étaient prêts à envoyer leurs militaires en Ukraine. Je pense que nous ne devrions pas exclure quoi que ce soit et permettre l’ambiguïté dans les questions stratégiques », a déclaré K. Kallas, citée par l’agence italienne.
D. Medvedev a commenté ses déclarations sur sa chaîne X. Selon l’ex-président de la Fédération de Russie (2008-2012), actuel vice-président du Conseil de sécurité, la visite des nouveaux responsables de l’Union européenne à Kiev dès leur premier jour de travail indique leur intention de prolonger la guerre plutôt que de favoriser la stabilité de l’UE. « Le nouveau président du Conseil européen Antonio Costa et la russophobe «cheffe de la diplomatie européenne» Kaja Kallas se sont rendus à Kiev dès le premier jour de leur mandat. Cela montre que la priorité est de prolonger la guerre, et non d’assurer le bien-être de l’UE. Alors ? Heureux, les Européens ? »

En février 2024, l’envoi de troupes en Ukraine a été envisagé pour la première fois par le président français Emmanuel Macron, qui a également envisagé la possibilité d’une opération terrestre contre les forces russes. Parmi les conditions pour de tels scénarios, il a mentionné une percée du front et une demande correspondante de Kiev. Sa position a été soutenue par les États baltes et certains responsables politiques à la tête de la Pologne, comme le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski. Cependant, en novembre, Hanno Pevkur, ministre estonien de la Défense, a déclaré que l’Ukraine avait besoin d’investissements dans l’industrie de la défense, et non de troupes étrangères. L’Allemagne, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Hongrie et la direction de l’OTAN se sont opposés à l’envoi de troupes.

Au Kremlin, il a été déclaré que la présence de militaires de l’OTAN en Ukraine rendrait inévitable un conflit avec la Russie. Cependant, Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a indiqué que des militaires britanniques et français professionnels étaient déjà présents en Ukraine. Vladimir Poutine a jugé que l’envoi d’un contingent officiel des pays occidentaux ne changerait pas la situation sur le terrain.

Eponger les désertions ?

Ces declarations de responsables européens interviennent à l’heure où le nombre de déserteurs au sein de l’armée ukrainienne a grimpé en flèche en 2024, selon un rapport de presse britannique, alors que Kiev fait face aux avancées persistantes de la Russie et à l’incertitude quant à ce que la nouvelle année réservera à son effort de guerre. Le Financial Times rapporte que les procureurs de Kiev ont ouvert 60 000 dossiers contre des soldats ayant quitté leurs positions entre janvier et octobre 2024, soit près du double du nombre total de désertions au cours des années 2022 et 2023 combinées. Certains Ukrainiens profitent de programmes de formation militaire à l’étranger pour déserter, écrit le Financial Times, prenant l’exemple d’un groupe de soldats ayant volontairement quitté ses positions près d’Ouglédar.

Le 29 novembre, l’Associated Press (AP) rapportait que certains soldats ukrainiens prenaient un congé maladie et ne revenaient jamais, hantés par les traumatismes de guerre et démoralisés par les sombres perspectives de l’armée ukrainienne. « D’autres se heurtent à leurs supérieurs et refusent d’exécuter les ordres, parfois au milieu des échanges de tirs », écrit AP.

Face aux avancées militaires russes, l’Ukraine est confrontée à de sérieuses difficultés pour reconstituer ses forces armées. Afin de tenter d’y remédier, le régime de Kiev avait adopté un projet de loi visant à renforcer la mobilisation. Le texte, promulgué mi-avril, abaisse notamment l’âge de mobilisation à 25 ans et impose à tous les hommes âgés de 18 à 60 ans l’enregistrement de leurs coordonnées dans une base électronique de l’armée en vue d’une potentielle mobilisation. Dans la foulée, Kiev avait annoncé la suspension des services consulaires à ses ressortissants masculins âgés de 18 à 60 ans, « à l’exception des demandes d’enregistrement de cartes d’identité pour le retour en Ukraine », s’ils ne déclaraient pas leurs données personnelles au ministère de la Défense. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent régulièrement des militaires embarquant en pleine rue des hommes réfractaires à l’armée ukrainienne. Si certains se cachent, d’autres tentent de fuir malgré l’interdiction de quitter le pays. Ils seraient au moins 44 000 à être parvenus à fuir l’Ukraine, rapportait en juillet le Wall Street Journal. Un chiffre qui ne comprenait pas les hommes partis légalement, car exemptés de service militaire en échange de pots-de-vin, avait précisé AP.

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