Avec ses 169 députés, le bloc de droite domine largement son rival de gauche fort de 153 sièges. Dès lors, pour obtenir l’investiture, Alberto Núñez Feijóo, leader des conservateurs espagnols, doit impérativement, dépasser la barre de la majorité absolue fixée à 176 députés, avec Vox, allié d’extrême droite. La tâche est des plus ardues au regard du ressentiment qui marque le champ politique face à Vox, formation clivante qui propose la sortie des accords européens contre le réchauffement climatique, l’interdiction des partis séparatistes, l’abandon des aides accordées aux femmes battues, voire l’annulation des lois favorables au collectif LGTB.
Rive gauche, le PSOE a mieux résisté aux projections préélectorales. Avec 122 députés (deux de plus qu’en 2019), la formation que pilote P. Sanchez obtient 14 sièges de moins que son rival conservateur, loin de la bérézina récoltée au sortir des régionales et municipales de fin mai face aux scores de la droite. A la gauche de la gauche, Sumar, mouvement qui fédère les « progressistes », obtient 31 sièges, soit deux de moins que Vox, qui chute de 19 députés en comparaison avec les législatives générales de 2019.
Reste que si aussi bien le parti populaire que le parti socialiste peuvent se dire satisfaits, la gouvernance du pays demeure en suspens. La droite, quoique victorieuse, n’atteint pas la majorité absolue et ne peut donc pas gouverner alors que la gauche, quoiqu’en retrait, peut obtenir le soutien de plusieurs partis politiques, notamment les 11 sièges des nationalistes et indépendantistes basques, ou bien les 6 députés d’Esquerra, les sécessionnistes modérés de Catalogne. Pari assez délicat au regard du péril que représente une large coalition pour la stabilité de l’Exécutif.
Comment le Roi espagnol gérera-t-il cette situation pour le moins fragile ? La question se pose avec acuité alors que l’on parle d’un blocage politique qui, pour être dépassé, appelle à de nouvelles consultations votatives. L’Espagne s’y consacrera-t-elle ? Attendons pour voir…
