Lloyd Austin a également indiqué que « le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne » faisaient partie de la coalition. Le secrétaire à la Défense des États-Unis doit d’ailleurs se rendre à Manama ce 19 décembre. La coalition destinée à faire face au défi de Sanaa en mer Rouge a organisé sa première visio-conférence, a indiqué mardi à l’AFP le ministère français des Armées. La réunion s’est déroulée « ce matin, au niveau des services », a précisé le ministère sans préciser le nombre de représentants ni les conclusions des discussions. Un porte-parole de l’état-major des Armées a par ailleurs indiqué que la France n’avait pas à ce stade prévu d’envoyer de moyens supplémentaires dans la région. La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc « est déjà sur place et c’est un moyen associé », a-t-il précisé.

Sanaa inflexible !

« Même si l’Amérique mobilise le monde entier, nos opérations militaires ne s’arrêteront pas (…) quels que soient les sacrifices que cela nous coûte », a déclaré Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable d’Ansarullah, sur le réseau social X, en réaction à la décision des Etats-Unis de former une coalition en mer Rouge visant officiellement à « contrer les attaques irresponsables » des rebelles houthis du Yémen. Des experts assurent pour l’AFP que cette alliance sera peu efficace.

-Mohamad Abdel Salam, porte-parole du mouvement Ansarullah, a pour sa part, déclaré que « cette coalition a pour objectif de protéger Israël et de militariser la mer Rouge sans aucune raison valable ». Sur sa page X, il a rappelé que les opérations navales yéménites ont pour but « de soutenir le peuple palestinien face à l’offensive et à l’embargo sur Gaza et ne sont pas une démonstration des forces ». Dès lors, « le Yémen n’arrêtera pas ses opérations légitimes en soutien à Gaza. Comme les Etats-Unis se sont permis de soutenir Israël en formant une coalition et sans coalition, les peuples de la région ont pleinement le droit de soutenir le peuple palestinien », a-t-il poursuivi. Et de conclure sur sa page : « Le Yémen s’est engagé à se tenir du côté du droit palestinien et de son peuple opprimé à Gaza ».

Dans une interview avec la télévision d’information satellitaire libanaise al-Mayadeen, Abdel Salam a déclaré que « l’alliance maritime menée par les Etats-Unis contre nous est une coalition faible qui est mort-née. Elle n’affectera pas nos opérations militaires. » Il a averti que les opérations « se poursuivront en crescendo selon les réalités du terrain et nous mettons en garde les protagonistes de la coalition maritime de frapper le Yémen parce que les Etats-Unis et tout l’occident ne pourront résoudre les séquelles d’une bêtise menée contre le Yémen. » Selon lui, « l’offensive contre la Palestine impose à toute personne libre d’agir pour affronter cette arrogance »

Les forces yéménites ont affirmé à plusieurs reprises qu’elles ne ciblent aucun navire en mer Rouge s’il se dirige vers des ports internationaux, mais ceux se dirigeant vers les ports israéliens, jusqu’à ce que cessent l’agression et le siège sur la bande de Gaza et l’aide y soit acheminée.

Lundi, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé depuis Tel Aviv la formation d’une coalition de laquelle l’entité sioniste a été retranchée. « L’escalade récente des attaques irresponsables des houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international », a indiqué L. Austin dans un communiqué.

Selon le Pentagone, les yéménites ont lancé plus de 100 attaques, ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays. En novembre, ils se sont emparés du Galaxy Leader, qui appartient à un homme d’affaires israélien. Le navire et son équipage se trouvent toujours au Yémen.

Selon les analystes, rapporte l’AFP, l’alliance annoncée par Washington sera peu efficace face aux rebelles. Les Houthis disposent d’un arsenal important de drones et missiles (…) et certains seront difficiles à intercepter, a déclaré à l’AFP Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres.

Torbjorn Soltvedt, de l’entreprise spécialisée dans l’analyse de risque Verisk Maplecroft, estime que les Houthis ont aussi la capacité de déployer des mines antinavires et de mener des opérations coordonnées avec des bateaux et des hélicoptères.

Un casse-tête pour Washington

Interviewé par la chaine qatarie al-Jazeera, Abdel Salam a rappelé que les attaques yéménites visent exclusivement les navires qui se dirigent vers Israël. Saluant la décision prise par certaines sociétés maritimes de suspendre leurs livraisons à l’entité sioniste.

Selon les médias, les assurances ont grimpé en flèche, ce qui a incité les grandes compagnies maritimes à réorienter leurs navires autour de la pointe sud de l’Afrique, malgré des dépenses supplémentaires en carburant occasionnées par un voyage beaucoup plus long.

C’est le cas entre autres de la compagnie danoise Maersk qui a précisé que 20 de ses navires sont concernés. Jeudi, une attaque contre le porte-conteneurs Maersk Gibraltar, mais le missile a raté sa cible, selon un responsable US.

Selon le média israélien Israel Hayom, la compagnie maritime israélienne Zim a haussé le prix de transport de chaque conteneur de 100 à 400$ en réaction aux menaces d’Ansarullah.

Vendredi, les Houthis ont revendiqué des attaques contre deux navires en mer Rouge, deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III, qui se dirigeaient vers l’entité israélienne. « Il faut augmenter la pression sur Israël pour qu’il cesse son offensive et suspende son embargo sur Gaza. Israël commet les pires massacres et nous ne pouvons en aucun cas nous arrêter », a affirmé le responsable yéménite.

Evoquant des tractations indirectes avec les Américains via des médiateurs omanais, Abdel Salam a rapporté : « Nous avons affirmé notre position qu’il faut faire entrer de l’aide à Gaza ». « Nous pouvons réaliser une opération toutes les 12 heures en mer Rouge », a-t-il dit.

Le magazine Newsweek a rapporté lundi que les attaques yéménites croissantes en mer Rouge causent un nouveau « mal de tête » à la marine US, faisant remarquer que l’armée américaine pourrait être confrontée à des choix difficiles quant à la manière de répondre aux vagues de frappes et d’enlèvements, principalement dans les canaux de navigation et qu’elle ne peut pas être partout en même temps.

Le magazine rapporte que « les attaques posent un dilemme difficile à la marine américaine dans la région », notant que les forces yéménites « disposent d’un bon stock de missiles anti-navires et qu’elles peuvent harceler plus de navires que la marine américaine ne peut espérer en protéger ». Et de noter que « les États-Unis doivent équilibrer leur présence en Méditerranée orientale pour soutenir Israël, avec la nécessité de soutenir leurs alliés tels que la Corée du Sud et Taiwan, et de partager leurs ressources entre les différentes parties du monde ».

« La marine américaine ne peut pas être partout tout le temps », a déclaré au magazine Fabian Hinz, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques, soulignant « qu’il est peut-être plus facile de défendre des navires contre des détournements que contre des attaques de missiles ou de drones, mais en fin de compte, la marine américaine ne peut pas couvrir chaque mètre de la mer Rouge et protéger les navires les plus menacés ». Il a souligné que « les États-Unis peuvent tenter une mission presque impossible, mais ils peuvent également tenter de dissuader les forces yéménites de lancer de nouvelles attaques ».

« La marine américaine pourrait également choisir de s’attaquer aux stocks de missiles anti-navires, même il est difficile de savoir si les États-Unis ont les moyens de renseignement ou la volonté de le faire », a noté Haines.

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