Viktor Orban reçu par V. Poutine ont discuté de coopération bilatérale dans les domaines commercial, économique, énergétique, culturel et humanitaire, mais aussi de la sécurité en Europe, sujet actuellement dominé par les tensions entre Occident et Russie autour de l’Ukraine.
En raison précisément des tensions Occident-Russie autour de l’Ukraine, l’opposition hongroise avait appelé V. Orban à annuler sa visite à Moscou. «Une telle rencontre amicale est particulièrement nocive et contraire à nos intérêts nationaux [car elle suppose que] les Etats membres de l’OTAN et de l’UE ne sont pas unis dans leur rejet des propositions de Poutine», avait accusé l’opposition hongroise, dans un communiqué commun cité par l’AFP.
Pour autant, lors d’un rassemblement de conservateurs européens à Madrid le week-end passé, le Premier ministre hongrois avait affirmé que l’Ukraine, «pour nous en Europe centrale, est un sujet très important» et qu’il souhaitait «la paix et la désescalade» à ce sujet. Dans ce contexte, Budapest s’oppose à l’envoi de troupes supplémentaires de l’OTAN sur son territoire, jugeant que cela n’est pas «approprié» dans la mesure où la Hongrie «a déjà créé une telle force nationale, développé de telles capacités nationales».
Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères, avait ainsi dit ne pas vouloir d’une «nouvelle guerre froide», au sujet de discussions sur une demande américaine de déploiement de troupes de l’Alliance en Hongrie.
Au-delà des questions géopolitiques, la coopération entre Budapest et Moscou est étroite : la Hongrie a, par exemple, été le premier pays de l’Union européenne à donner son feu vert à l’utilisation du vaccin russe anti-Covid Spoutnik V, qui n’est toujours pas reconnu à ce jour par l’Agence européenne des médicaments (EMA).

Dialogue de sourds
Par ailleurs, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères et Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, ont eu un entretien téléphonique mardi, au sujet notamment des propositions de la Russie en matière de sécurité en Europe.
Et, à ce sujet, le gouvernement russe n’a pas obtenu satisfaction auprès des Etats-Unis. «Quant à la question fondamentale qui nous a incités à nous adresser aux Etats-Unis et à l’OTAN pour leur proposer nos initiatives, la réaction a été négative. Je parle de nos demandes de respecter proprement les accords relatifs à l’indivisibilité de la sécurité conclus dans le cadre de l’OSCE en 1999 à Istanbul et en 2010 à Astana», a déclaré S. Lavrov à la télévision, après son entretien téléphonique avec A. Blinken, en référence aux propositions d’accords que la Russie a fourni aux Etats-Unis et à l’OTAN, en vue de garantir sa sécurité et de parvenir à une désescalade en Europe.
Le chef de la diplomatie russe a explicité son propos en soulignant que «ces accords prévoient, entre autres, la liberté de choisir ses alliés mais aussi conditionnent cette liberté à la nécessité d’éviter toute mesure qui renforcerait la sécurité d’un pays au détriment d’autres. Nous avons vu les réactions des Etats-Unis et de l’OTAN à cette question-clé, il s’agit d’une attitude négative prononcée.»
En effet, pour S. Lavrov, les Etats-Unis «considèrent littéralement comme l’élément fondamental la liberté de choisir ses alliés tout en oubliant la condition qui a fait l’objet d’une concertation au plus haut niveau, celle qui considère comme inadmissible toute atteinte portée à la sécurité d’autres Etats.» De fait, les Etats-Unis soulignent la liberté de tout Etat à exprimer son souhait d’intégrer l’OTAN, quand Moscou met en garde sur les dangers que poseraient pour sa sécurité une extension de l’Alliance atlantique à ses portes.
La Russie fait également valoir que les Occidentaux avaient promis verbalement à Moscou à la fin de la guerre froide de ne jamais élargir l’Alliance, promesse mainte fois rompue avec les élargissements successifs de l’OTAN aux pays anciennement dits «de l’Est». Malgré cette divergence persistance entre Washington et Moscou, S.Lavrov a assuré que son homologue américain était «d’accord qu’il y a[vait] des raisons pour poursuivre le dialogue» russo-américain, sur ce thème de la sécurité.
«Le secrétaire d’Etat [Anthony Blinken] a souligné la volonté des Etats-Unis, de manière bilatérale et avec nos alliés et partenaires, de poursuivre un échange substantiel avec la Russie sur les inquiétudes de sécurité mutuelle», a déclaré de son côté la diplomatie américaine, selon un communiqué du département d’Etat US après l’appel téléphonique entre les deux hommes. «Il a souligné qu’une nouvelle invasion de l’Ukraine engendrerait des conséquences rapides et sévères», a poursuivi la diplomatie. Il était fait référence ici au fait que les Etats-Unis accusent la Russie d’envisager une invasion de l’Ukraine, ce qu’elle dément catégoriquement, ainsi qu’au rattachement de la Crimée à la Russie à l’issue d’un référendum en 2014, que l’Occident considère comme une annexion illégale.
En outre, A. Blinken a «exhorté la Russie à une désescalade immédiate et au retrait des troupes et de l’équipement à la frontière de l’Ukraine», toujours selon le département d’Etat. Le chef de la diplomatie américaine a aussi «exhorté la Russie à emprunter la voie diplomatique» plutôt que le conflit – bien que les responsables russes aient répété ces derniers jours souhaiter une solution diplomatique aux différends en matière de sécurité.
Cette conversation était la première entre les deux puissances, depuis que les Etats-Unis et l’OTAN ont remis la semaine dernière à Moscou leur réponse écrite aux exigences formulées, également par écrit, mi-décembre par les autorités russes.

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