« Nous sommes un peuple qui aspire à la coexistence, qui veut la paix, nous ne voulons pas de divergences. Nous voulons la paix et nous ne pouvons être ennemis avec Israël ou quiconque autre », a déclaré Maher Marwan, lors d’une interview avec le média NPR. « Il est normal qu’Israël soit inquiet de certaines factions. Peut-être qu’Israël a peur, raison pour laquelle il s’est approché un peu au-delà des frontières et il a bombardé certains endroits. Mais nous n’avons pas peur d’Israël, et notre problème n’est pas avec lui, nous ne voulons faire part à aucune affaire qui puisse menacer sa sécurité et la sécurité d’aucun autre pays », a-t-il tenté d’expliquer.
Le site NPR rapporte d’un responsable américain que M. Marwan a transmis un message de la part du nouveau gouvernement syrien aux Israéliens. « Washington ne fait pression sur aucun des deux pays pour établir des relations pour le moment », selon le responsable américain. Les déclarations de M. Marwan ont été relayées par certains médias israéliens. La Société de radiodiffusion israélienne constate qu’elles n’ont pas soulevé un grand intérêt.
Des responsables israéliens ont fait part au quotidien Yediot Ahronoth que « la preuve en incombe à Mohamad al-Charaa et à ses acolytes ». Assurant « qu’il ne faut pas oublier leur fondement idéologique », ils ont estimé que « les messages amicaux envoyés par le nouveau régime de Damas demeurent mystérieuses, et personne ne sait encore la tendance qu’il va adopter ».
Il y a deux semaines, le nouveau maitre de la Syrie avait annoncé dans une interview avec The Times que « son pays ne sera jamais utilisé comme point de lancement pour des attaques contre Israël ou tout autre pays .» Plus, Fahd al-Masri, président du Front de salut syrien, avait accordé une interview au quotidien Maariv lui assurant que « nous ne voulons pas de guerre avec Israël ».
Depuis la chute de l’ancien régime et la désintégration de son armée, les forces d’occupation israéliennes ont occupé les positions de l’armée syrienne à Jabal al-Cheikh ainsi que la zone tampon du Golan syrien et d’autres régions dans les provinces de Quneitra et de Deraa, soit une superficie de quelque 600 km2. Jeudi, elles ont brandi le drapeau israélien sur le bâtiment de la ville d’al-Baath dans la province de Quneitra, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), tribune médiatique controversée de l’opposition syrienne siégeant à Londres. Des percées israéliennes qui n’ont en rien dérangé Hayat Tahrir el-Cham (HTC) et ses séides.
Chasse aux Alaouites
Les nouvelles autorités syriennes ont lancé une vaste opération contre les milices pro-Assad dans la région de Tartous, majoritairement peuplée d’alaouites, a rapporté l’agence officielle Sana. Selon la même source, la Direction des opérations militaires a demandé la remise des armes dans les 24 heures.
Les nouveaux maîtres de Damas peinent à faire consensus auprès de la société civile syrienne. Après les manifestations de la communauté chrétienne pour réclamer des garanties sécuritaires, c’est au tour de la communauté alaouite et de groupes armés encore liés à la famille Assad de s’opposer à HTC. Alors que des affrontements ont fait 17 morts le 25 décembre, les forces syriennes ont lancé une opération contre des milices affiliées à l’ancien président déchu Bachar el-Assad. « Le Département des opérations militaires, en coopération avec le ministère de l’Intérieur, lance une opération visant à contrôler la sécurité, la stabilité et la paix civile et à poursuivre les restes des milices d’Assad dans les forêts et les collines de la campagne du gouvernorat de Tartous », à l’ouest du pays sur la côte méditerranéenne, a rapporté jeudi l’agence officielle syrienne Sana, citée par plusieurs médias arabes.
Toujours selon cette source, on observe un « déploiement de membres du Département des opérations militaires dans le village de Khirbet al-Mu’azza, dans la campagne de Tartous, dans le but de poursuivre les restes des milices d’Assad, de protéger les civils et de restaurer la sécurité et la stabilité ». Selon la source controversée de l’OSDH, « la direction des opérations militaires a réussi à arrêter le général de division Mohammad Kanjo Al-Hassan et 20 » membres de sa garde rapprochée, « dans le village de Khirbet Al-Ma’azzah, dans la banlieue de Tartous, à la suite d’une vaste campagne de sécurité ». Toujours selon l’OSDH, de nombreux adeptes de l’ancien président auraient pris la fuite pour éviter d’être arrêtés.
Par ailleurs, « la Direction des opérations militaires a établi plusieurs points de remise volontaire des armes dans la région, annonçant l’initiative via les haut-parleurs des mosquées avec un délai de 24 heures pour s’y conformer ». Tout comme les chrétiens, la communauté alaouite, fidèle à la famille Assad pendant la guerre civile, craint aujourd’hui pour son avenir sécuritaire. Elle se préoccupe également de ses futures responsabilités politiques dans un pays dorénavant dirigé par la majorité sunnite. Des soucis qui, pour l’heure, semble dépasser HTC en dépit des assurances lancées ici et là…