Visiblement, sa nomination n’était plus qu’une formalité après le retrait de la candidature du président roumain Klaus Iohannis, la semaine dernière. C’est donc chose faite ce 26 juin : les 32 pays de l’Alliance dirigée par Washington ont nommé le Premier ministre néerlandais M. Rutte secrétaire général. Il prendra ses fonctions le 1er octobre prochain, à la place du Norvégien Jens Stoltenberg, en poste depuis dix ans. « Je sais que je laisserai l’OTAN entre de bonnes mains », a immédiatement réagi sur X ce dernier. « Mark est un vrai défenseur des relations transatlantiques, un dirigeant fort et un bâtisseur de consensus », a-t-il encore ajouté. « Votre leadership et votre expérience seront cruciaux pour l’Alliance durant cette période difficile », a réagi de son côté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, partisane d’un rattachement encore plus étroit entre l’UE et l’Alliance militaire.

Ces commentaires élogieux en Occident reflètent le consensus des dirigeants européens et américains autour de M. Rutte, qui a obtenu sans peine les soutiens des piliers de l’Alliance. Plusieurs défis se poseront à lui. « Avec l’arrivée de Rutte au poste de secrétaire général de l’OTAN, il est peu probable que quelque chose change, il s’agit d’une alliance ennemie pour la Russie », a d’ailleurs commenté Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, ce 26 juin. « Les pays membres, sous la direction directe des États-Unis d’Amérique, et ensemble en tant que l’Alliance de l’Atlantique Nord, travaillent dans le but de supprimer stratégiquement la Fédération de Russie », a-t-il ajouté.

L’Alliance atlantique a fait depuis 2022 du soutien à Kiev contre Moscou sa priorité, mais cible aussi régulièrement la Chine, en Asie. La Russie a dénoncé durant de nombreuses années l’élargissement de l’alliance militaire occidentale près de ses frontières. Une exigence que l’OTAN n’a pas écouté, conduisant selon Moscou à son opération en Ukraine. Le 21 juin dernier, le président russe a déclaré que son pays était disposé à discuter sur la sécurité de l’Eurasie, même avec l’OTAN. La perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche inquiète l’organisation atlantique : l’ancien président avait qualifié l’OTAN d’« obsolète » et reproché à ses alliés européens de ne pas assez dépenser pour leur défense. Les États-Unis représentent à eux seuls la moitié du poids militaire de l’OTAN.

Russes et américains se parlent

Le chef du Pentagone et le ministre russe de la Défense ont discuté au téléphone ce 25 juin, à la demande de la partie américaine. Celle-ci a déclaré avoir soulevé l’importance de maintenir ouverts des canaux de discussion. Andreï Biélooussov a quant à lui souligné le risque d’escalade en raison des livraisons d’armes à Kiev.

Patrick Ryder, porte-parole du Pentagone, le général de division de l’Air Force, a indiqué à la presse ce 25 juin que le secrétaire américain à la Défense avait initié une discussion avec son homologue russe, le ministre de la Défense A. Biélooussov. Ce dernier a, selon un communiqué du ministère russe de la Défense publié plus tard ce 25 juin, « souligné le risque d’escalade de la situation en raison de la fourniture d’armes américaines aux forces armées ukrainiennes ». La dernière discussion entre Lloyd Austin et le ministre russe de la Défense, qui était à l’époque Sergueï Choïgou, remontait au mois de mars 2023.

Durant la même conférence de presse, le porte-parole américain a réitéré que les États-Unis n’envisageaient pas d’envoyer des troupes en Ukraine, ni maintenant ni à l’avenir.

 Cet échange intervient dans la foulée de la convocation par la diplomatie russe de Lynne Tracy, ambassadeur américain à Moscou, le 24 juin. Celle-ci s’est vue signifier que « les États-Unis, qui mènent une guerre hybride contre la Russie, sont devenus parties au conflit » en Ukraine et que « des mesures de rétorsion allaient suivre », après la frappe ukrainienne à Sébastopol la veille avec des missiles ATACMS fournis par Washington, qui a tué quatre civils, dont deux enfants, et blessé plus de 150 personnes. Le Pentagone a par ailleurs déclaré à RIA Novosti que la plage de Sébastopol n’était pas la cible d’une frappe de missile et que l’Ukraine aurait choisi où tirer.

Sur le terrain, l’armée ukrainienne a complètement détruit l’un des postes de contrôle des radiations dans le village de Velyka Znamenka, dans la région de Zaporojié, a rapporté le service de presse de la centrale nucléaire ce 26 juin. « Le poste a été complètement détruit à la suite des tirs d’artillerie des forces armées ukrainiennes. Les spécialistes de la centrale nucléaire ont pris une série de mesures compensatoires pour surveiller la situation radiologique dans la zone où se trouve la station », a précisé la centrale.

Dans la soirée du 21 juin, les forces armées ukrainiennes ont lancé une frappe de drone sur la seule sous-station de Raduga approvisionnant Energodar, endommageant un transformateur. La majeure partie de la ville s’est retrouvée sans électricité ni eau. Avant cela, les forces armées ukrainiennes avaient utilisé des drones pour détruire complètement la sous-station de Luch.

 Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a qualifié d’inacceptable l’utilisation de drones contre la centrale nucléaire de Zaporojié et ses environs. À ce propos, le directeur de l’AIEA a récemment rencontré à Kaliningrad Alexeï Likhatchov, directeur de Rosatom, pour évoquer le redémarrage de la centrale de Zaporojié. Une option écartée pour l’heure, Rosatom dénonçant la menace constante de provocations ukrainiennes. « Nous avons pu parvenir à un accord avec la délégation russe sur les mesures nécessaires à prendre pour renforcer la sécurité opérationnelle de la centrale nucléaire », a encore rapporté R. Grossi, sans pour l’heure les détailler. De son côté, A. Likhatchov a pointé du doigt les menaces régulières de la part des forces armées ukrainiennes sur le site de la centrale, pouvant provoquer une catastrophe.

Comments are closed.

Exit mobile version