Peu après avoir annoncé renoncer à briguer un deuxième mandat, le président américain a déclaré soutenir la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris pour l’élection présidentielle de novembre. « Aujourd’hui, je souhaite offrir mon soutien total et mon appui à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année », a déclaré Joe Biden sur X.

Le démocrate de 81 ans rejoint ainsi le club très restreint des présidents américains sortants ayant jeté l’éponge alors qu’ils briguaient un second mandat. Mais il est le premier à le faire aussi tard dans la campagne. Le seul, aussi, à devoir abandonner en raison d’interrogations sur son acuité mentale.

« Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat », a-t-il déclaré dans un communiqué, annonçant qu’il s’exprimerait à la nation « plus tard cette semaine ».

Cette annonce choc, même si elle était attendue malgré les dénégations répétées du principal intéressé, bouleverse une campagne qui a déjà connu de nombreux rebondissements, au premier rang desquels la tentative d’assassinat contre Donald Trump le 13 juillet.

Il faut maintenant trouver un ou une remplaçante à J. Biden, qui était censé être intronisé lors de la convention de son parti, mi-août à Chicago. K. Harris constituerait un choix naturel, mais pas automatique, pour devenir la candidate des démocrates. Le dernier mot revient aux délégués du Parti démocrate, 3.900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public.

C’est la performance calamiteuse de J. Biden lors de son débat le 27 juin avec Donald Trump qui a précipité les événements. Ce jour-là, dès les premières secondes de la joute verbale qu’il avait pourtant lui-même réclamée, c’est un J. Biden très affaibli qui est apparu devant les écrans de ses partisans consternés. Avec un chat dans la gorge l’obligeant à toussoter souvent, il s’est plus d’une fois emmêlé les pinceaux, ne parvenant parfois pas à finir ses phrases. Un spectacle douloureux qui a fait exploser au grand jour les doutes sur son âge, sur lesquels ses proches avaient tenté de maintenir un couvercle.

Qui allait être le premier à dégainer pour lui demander d’arrêter là ? La petite musique est rapidement montée, partant d’élus démocrates relativement peu connus jusqu’à atteindre des poids lourds du parti. L’un après l’autre, de grands noms, effrayés par les sondages le donnant perdant et craignant une victoire écrasante de D. Trump, l’ont lâché, pour la plupart d’abord en privé.

Les médias américains, citant des sources anonymes, ont ainsi affirmé que l’ex-président Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et les leaders démocrates au Congrès Chuck Schumer et Hakeem Jeffries avaient fait part de leur inquiétude. Et les images d’un J. Biden testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n’ont fait qu’amplifier la nervosité de son camp. Pendant ce temps, D. Trump, qui a miraculeusement échappé à des tirs pendant un meeting de campagne, semblait, lui, vivre un état de grâce, avec des victoires judiciaires et une consécration lors de la convention du Parti républicain à Milwaukee.

Les premières réactions à cette annonce surprise ne se sont pas faites attendre. « Joe l’escroc n’était pas à apte à être candidat et il n’est certainement pas apte à exercer ses fonctions », a ainsi affirmé le candidat républicain sur son réseau Truth Social.

Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, a, lui, applaudi J. Biden. « Sa décision n’a évidemment pas été facile à prendre, mais il a une fois de plus fait passer son pays, son parti et notre avenir en premier », a souligné le ténor démocrate. « Joe, cette journée montre que tu es un grand patriote », a-t-il souligné, selon l’AFP.  Le président sortant, qui vient de faire l’annonce choc qu’il renonçait à briguer un second mandat, doit démissionner « immédiatement », a enfin affirmé sur Mike Johnson X, chef républicain de la Chambre des représentants.

Plusieurs étoiles montantes du Parti démocrate ont été proposées comme alternatives à K. Harris, notamment les gouverneurs Josh Shapiro (Pennsylvanie), Gretchen Whitmer (Michigan) et Gavin Newsom (Californie). Quelle que soit la personne qui reprendra la candidature démocrate, elle ne sera pas ménagée par le tempétueux milliardaire.

Tel est l’avis de Larry Johnson, officier du renseignement à la retraite de la CIA et responsable du Département d’État.  La décision de J. Biden de quitter la course à la présidentielle « a déclenché une folle ruée », a indiqué L. Johnson à Sputnik. « Les Démocrates veulent remplacer Kamala Harris par Michelle Obama… S’ils abandonnent Kamala et ne remplacent pas Kamala par une femme noire, cela va déclencher un véritable bouleversement au sein du parti démocrate », a-t-il estimé. Comme il a remarqué en outre que « Kamala Harris n’abandonnera pas facilement » car « elle veut être désignée comme successeur », ce qui apportera une instabilité supplémentaire à la prochaine Convention nationale démocrate.

Après son entrée au Congrès, K. Harris s’est d’abord fait connaître par sa réaction à la circulaire de l’ancien président américain D. Trump interdisant les voyages vers les États-Unis en provenance de 7 pays musulmans, qu’il a signée le 28 janvier 2017 dès son entrée en fonction. Elle a continué à remettre en question le cabinet de D. Trump et les nominations de haut niveau en 2017 et a été élue membre de la commission judiciaire du Sénat en 2018. K. Harris a également joué un rôle actif dans les enquêtes du Sénat sur l’ingérence de la Russie dans les élections présidentielles de 2016. Dans ce contexte, K. Harris, qui a interrogé le ministre de la Justice William Barr au Sénat sur le « rapport Mueller », a été fréquemment mentionnée dans les médias.

Outre la commission judiciaire, elle a également siégé à la commission sénatoriale de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales, à la commission spéciale du renseignement et à la commission du budget. A l’issue de l’élection présidentielle du 3 novembre 2020, K. Harris est entrée dans l’histoire en devenant la première femme noire, indienne et caribéenne à accéder à la vice-présidence dans l’histoire du pays.

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