Intifada dans les campus : Le tour de vis répressif se durcit chez l’Oncle Sam

La police a investi tôt vendredi des campements de manifestants propalestiniens sur les campus du MIT et de l’Université de Pennsylvanie, deux des plus prestigieuses universités aux Etats-Unis, et a procédé à plusieurs arrestations, après des jours de tension.
Intifada dans les campus : Le tour de vis répressif se durcit chez l’Oncle Sam

« A ma demande, très tôt ce matin, le campement sur la pelouse Kresge a été démantelé. Les individus présents dans le campement à ce moment-là avaient reçu un avertissement à quatre reprises, en personne, qu’ils devaient partir ou se préparer à la possibilité d’une arrestation », écrit dans un communiqué Sally Kornbluth, présidente du Massachusetts Institute of Technology, près de Boston. « Les 10 qui sont restés n’ont pas résisté lors de leur arrestation et ont été escortés calmement en-dehors du campement par des agents de la police du MIT puis emmenés hors du campus pour être enregistrés » par la police, a-t-elle ajouté, évoquant des « tensions insolubles » qui ont mené à cette solution « de dernier recours ».

L’association étudiante MIT Coalition Against Apartheid a dénoncé l’opération de police sur le campus. « Le MIT a arrêté des étudiants (…) dès 4H00 ce matin. Ils ont balayé le campement entier », déclare-t-elle sur son compte Instagram. Aux responsables du MIT, « nous disons : vous ne pouvez pas suspendre le mouvement. Nous reviendrons », ajoute cette association non affiliée à l’établissement.

Un campement similaire sur le campus de l’université de Pennsylvanie, à Philadelphie (nord-est) a également été démantelé par la police avant l’aube vendredi, selon les médias locaux. Des dizaines de policiers en tenue anti-émeute sont descendus sur le campement et ont donné deux minutes aux personnes présentes pour partir, sans quoi elles seraient arrêtées, selon NBC10. Une chaîne d’une trentaine de manifestants, bras dessus-bras dessous autour d’une statue de Benjamin Franklin, a ensuite été disloquée par les policiers.

Les campus américains sont secoués depuis plusieurs semaines par des manifestations contre la guerre génocidaire menée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza, mais aussi en Cisjordanie.

A travers les Etats-Unis, les forces de l’ordre ont été appelées par les directions des universités pour démanteler des campements et déloger manu militari des manifestants.

Le président Joe Biden a affirmé la semaine dernière que « l’ordre devait prévaloir » sur les campus, tout en affirmant qu’il n’était pas question de « réduire les gens au silence ». Il s’est engagé mardi à combattre la progression « redoutable » de l’antisémitisme. Mais s’est refusé de se prononcer sur le génocide en cours dans la bande de Gaza.

Londres se rattrape !

Il y a lieu de signaler que la mobilisation étudiante a fini par gagner le Royaume-Uni : une poignée de tentes, accompagnées de drapeaux palestiniens et de slogans appelant à un cessez-le-feu sont apparues cette semaine sur la pelouse de la SOAS University de Londres (École d’études orientales et africaines).

Des étudiants, dont nombre d’entre eux sont masqués, se sont assis en cercle sur une toile bleue tandis que d’autres ont accumulé des provisions. Selon Yara, une ancienne étudiante de 23 ans, plus d’une vingtaine d’étudiants prennent part au mouvement dans cet établissement.

D’autres campements ont vu le jour sur nombre d’universités britanniques, comme sur les campus américains. Le but, dit-elle à l’AFP, est de « faire pression sur l’administration pour qu’elle adhère aux demandes des étudiants », et de dévoiler les liens avec des entreprises complices de ce qu’elle appelle « l’économie de colonisation illégale d’Israël et le commerce des armes ».

L’université de Warwick, dans le centre de l’Angleterre, a démarré en premier avec un « campement de solidarité pour Gaza » le 26 avril. Les tentes ont ensuite essaimé aux abords des universités de Newcastle, Edimbourg, Manchester, Cambridge et Oxford. À Edimbourg, un groupe d’étudiants a entamé une grève de la faim pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza. À Cambridge, des tentes oranges sont soigneusement alignées aux abords du King’s College, fondé en 1441.

Rishi Sunak, Premier ministre britannique qui s’est empressé de se rendre à Tel-Aviv pour apporter le soutien à l’entité sioniste, souhaite éviter les scènes de violence retransmises depuis les USA au Royaume-Uni. Il a convoqué jeudi les dirigeants des universités pour évoquer la sécurité des étudiants juifs, et a dénoncé « l’augmentation inacceptable de l’antisémitisme » sur les campus. Le Community Safety Trust, association qui assure notamment la sécurité de lieux de la communauté juive, a évoqué « un niveau d’antisémitisme sans précédent » depuis le 7 octobre.

Les étudiants de la SOAS ont reçu mercredi le soutien de Jeremy Corbyn, ancien chef du Parti travailliste, diabolisé par Israël et ses aficionados à Londres. Il a souligné que l’université devrait « reconnaître que les étudiants ont des opinions fortes, légitimes, valides ». Suspendu du Parti travailliste, J. Corbyn a été accusé d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme au sein du Labour, lui qui avait par le passé qualifié le Hamas et ses alliés du Hezbollah « d’amis ».

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