La frontière nord du Ghana, longue de 600 km, dont la porosité est avérée soulève bien des inquiétudes. Un diplomate ghanéen a reconnu auprès de  Reuters que des jihadistes en profitaient pour trouver refuge au Ghana, tout en démentant l’existence d’un pacte de non-agression avec les groupes islamistes.

Seul voisin du Burkina Faso à être épargné des attaques terroristes, ce pays alimente les spéculations. Kwesi Aning, expert en sécurité, balaie ces rumeurs. « Ce n’est pas parce que le Ghana a des frontières poreuses qu’il est de mèche avec des jihadistes, rapporte-t-il. Les mêmes ethnies vivent des deux côtés de la frontière, partageant une vie sociale commune comme des funérailles, des matchs de foot et des festivals. »

L’absence d’attaques dans le pays s’explique selon lui par l’intérêt des groupes armés à préserver cette base arrière, notamment pour exploiter les mines d’or artisanales.

Face au péril terroriste, le Ghana renforce sa sécurité frontalière. Accra a déployé ses forces spéciales à la frontière nord depuis avril 2023, et se dit prêt à collaborer avec le Burkina Faso pour « débusquer » les jihadistes.

Arthur Banga, autre chercheur ivoirien, explique, lui, comment cette zone s’inscrit dans la stratégie régionale des groupes jihadistes. Aujourd’hui, le Ghana fait partie des ambitions des groupes stratégiques des groupes terroristes, notamment du JNIM, qui n’a pas hésité à confier la mission à Jafar Dicko, le frère de Malam Dicko, qui est le premier vrai chef terroriste du Burkina Faso.  Il a pour mission, justement, d’implanter les groupes au Ghana, au Togo. Donc aujourd’hui, on est passé d’une zone de repli, d’une zone de transit, à une zone opérationnelle en quelque sorte. C’est ce qu’il a soutenu dans une note rédigée pour l’Institut de relations internationales et stratégiques.  Lesdits groupes terroristes avaient déjà fait des missions exploratrices au Ghana dans le but d’en faire une zone de transit. Début février (2023), il y a eu des attaques sur un pont avec usage d’engins explosifs. Ça ressemblait beaucoup aux méthodes des groupes terroristes au Mali, au Burkina, etc. Il a rappelé qu’Amadou Koufa a appelé dans un discours tous les peuls à se réunir, en citant le Ghana devenu, depuis, une zone opérationnelle… Les jihadistes y recrutent déjà. Des Ghanéens ont mené des attentats en Libye et au Mali. « Donc les groupes recrutent déjà au Ghana depuis des années », explique le spécialiste.

Le nord-est de la Côte d’Ivoire, la région des cascades (au Burkina Faso), le nord du Ghana, et même la région des savanes au Togo… Dans cette vaste zone où se concentrent les mêmes groupes ethniques, sénoufos ou peuls,  « le continuum sociologique, ethnique et religieux est parfaitement exploité par les groupes terroristes », rappelle-t-il.

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