L’attaque jihadiste a débuté aux environs de 22 heures locales dimanche et a visé la base avancée de l’armée tchadienne, située sur l’île de Barkaram, tout près de la frontière du Nigeria. Les plus de 200 militaires qui constituaient la garnison de cette base n’ont pas réussi à contenir les assaillants, très nombreux, selon des sources locales.
Le bilan est très lourd : au moins 40 soldats tués, selon la présidence tchadienne, alors que des sources locales parlent « d’une soixantaine de soldats qui ont perdu la vie et des dizaines de blessés ». Les assaillants ont occupé la base jusqu’à l’aube, et sont repartis en emportant avec eux un important lot d’armes et de minutions, après avoir incendié le camp militaire, ajoutent les mêmes sources. C’est l’une des plus violentes attaques des dernières années. Car ce dernier temps, Boko Haram s’en prenait principalement aux civils par des pillages et des prises d’otages.
Signe de la gravité de cette attaque, le président tchadine s’est rendu sur place tôt lundi et a tout de suite lancé l’opération baptisée « Haskanite » pour « poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements », précise le communiqué de la présidence. Le président « tient à rassurer les populations de la zone, ainsi que les forces de défense et de sécurité, de son engagement indéfectible à défendre et [à] sécuriser l’ensemble du pays », ajoute le communiqué. « En tant que président de la République, chef de l’État, chef suprême des armées, garant de la sécurité nationale, j’ai décidé de traquer ces illuminés jusqu’à leur dernière base », a ajouté M. Idriss Déby. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui de Bohoma. Une attaque de Boko Haram qui avait fait plus d’une centaine de morts – les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne. C’était il y a 4 ans, Idriss Deby, le père et prédécesseur de l’actuel président, avait alors dirigé lui-même l’opération de représailles sans toutefois parvenir à mettre un terme à l’insurrection djihadiste.
La présidence tchadienne a décidé de trois jours de deuil national à partir de mardi. Les drapeaux seront mis en berne, et les activités à caractère festif interdites.
Cette attaque survient quelques semaines à peine après la fin de l’opération « Lake Sanity » (« Rendre sain le lac », en français) de la Force multinationale mixte dans la région. Cette opération d’envergure n’a pas eu apparemment l’effet escompté, puisque les jihadistes ont réussi à se fendre dans cette zone marécageuse qu’ils connaissent si bien.