« La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale », a lancé Xi Jinping à Pékin lors d’une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

A l’issue de cette rencontre, le président espagnol a de son côté souligné que « l’Espagne et l’Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier ». Mais « nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (…) entre la Chine et l’UE », a souligné P. Sanchez.

Après son revirement spectaculaire mercredi, l’imprévisible président des Etats-Unis a une nouvelle fois défendu jeudi à Washington son offensive sur les droits de douane, en assurant qu’elle était une « bonne chose ».

Emmanuel Macron, président français, a prévenu de son côté, dans un message posté sur X vendredi que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était « une pause fragile » et qu’ « avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires ».

Face à l’incertitude générée par la politique trumpienne, les marchés financiers continuaient de tanguer. Dans le sillage de New York la veille, l’indice vedette Nikkei de Tokyo a ainsi terminé la semaine en repli de 2,95% après avoir lâché plus de 5% en séance. Wall Street avait fini en net recul jeudi, le Dow Jones perdant 2,50% et l’indice Nasdaq – 4,31%.

Après une ouverture en baisse, les places chinoises ont néanmoins basculé dans le vert, à l’image de Shanghai dont l’indice reprenait 0,53% aux alentours de 06H30 GMT, les investisseurs reprenant leur souffle au terme d’une semaine de montagnes russes.

En Europe aussi, les marchés boursiers évoluaient en petite hausse à l’ouverture vendredi. A Paris, le CAC 40 prenait 0,84%, Francfort +0,33%, Londres +0,44% et Milan +0,17% aux alentours de 7H45 GMT. Les Bourses reprennent leur souffle après le gel de 90 jours, annoncé mercredi par D. Trump, des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.

Mais les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE. Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs.

L’UE, de son côté, a suspendu sa riposte, ce que D.Trump a jugé « très intelligent ». Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.

« Il existe un large éventail de contre-mesures », a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant « une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques » et le recours à l’ « instrument anticoercition », surnommé « bazooka » et pensé comme un outil de dissuasion.

D. Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que « la transition aura un coût et posera des problèmes » mais qu’en fin de compte, « ça sera une bonne chose ».

L’impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.

Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne « rien » voir d’ « inhabituel aujourd’hui » sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.

L’exécutif américain a annoncé jeudi que sa surtaxe sur les produits chinois était désormais de 145 %, douchant une partie des espoirs de désescalade dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Dans la foulée, la Chine a alors déclaré vendredi qu’elle augmenterait les droits de douane de rétorsion sur les marchandises américaines à 125 %, quelques heures seulement après que Xi Jinping a déclaré qu’il n’y avait « pas de gagnants dans une guerre tarifaire ». Selon la commission chinoise des droits de douane, les nouveaux taux devraient entrer en vigueur samedi.

« Les droits de douane exorbitants » des États-Unis contre la Chine « ne sont plus qu’un jeu de chiffres dénué de sens économique » et « sont devenus une farce » selon le ministère chinois du Commerce. Pékin avertit : toute action qui nuirait gravement à ses intérêts fera l’objet d’une contre-attaque.

Le gouvernement chinois accuse D. Trump d’avoir semé le chaos sur les marchés, avec ses droits de douane tous azimuts qui ont ébranlé l’économie mondiale. Pour la Chine, les États-Unis doivent en « assumer l’entière responsabilité ». Elle prévient : elle n’a pas l’intention de continuer à s’aligner sur les prochaines hausses de droits de douane américaines. Pour Pékin, les produits venus des États-Unis sont tout simplement devenus non viables sur le marché chinois, à cause des tarifs déjà en place.

Et le message est clair : si Washington poursuit dans cette voie, la Chine ne répliquera plus systématiquement par des mesures équivalentes. C’est un changement de stratégie dans le bras de fer commercial entre les deux puissances.

Le ministère du Commerce, de son côté, annonce qu’une nouvelle plainte va être déposée auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un nouvel épisode dans l’impasse juridique et économique qui oppose les deux géants. En plus des surtaxes, la Chine a aussi dégainé des mesures de rétorsion non tarifaires, en frappant Hollywood et en envisageant des restrictions sur les droits commerciaux de certaines entreprises américaines.

Sur le plan diplomatique, la Chine multiplie les contacts avec ses partenaires clés, en particulier l’Union européenne et les pays d’Asie du Sud-Est. Une stratégie offensive, alors que D. Trump a suspendu les droits de douane pour plusieurs pays… 

Le président chinois Xi Jinping s’est entretenu avec plusieurs dirigeants européens, dont le Premier ministre espagnol, vendredi, dont c’était la troisième visite à Pékin. Objectif : resserrer les liens économiques et afficher une unité face aux politiques protectionnistes américaines. Xi Jinping a insisté sur la nécessité de résister à ce qu’il qualifie « d’intimidation unilatérale » et de défendre les règles du commerce international.

Xi Jinping est aussi attendu au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge la semaine prochaine. Alors que la Chine rétorque aux taxes américaines, les autres pays asiatiques, très dépendants des exportations vers les États-Unis, font profil bas. C’est le cas du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean) laquelle a déjà déclaré qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.

Hanoï espère réduire de moitié ces taxes, actuellement à 46%. L’argument du gouvernement vietnamien : il a promis de lutter contre le vol de propriété intellectuelle et le transbordement illicite. Beaucoup de marchandises fabriquées en Chine arrivent en effet sur le sol vietnamien d’où elles sont réexpédiées vers les États-Unis, mais cette fois sous le label Made in Vietnam, en bénéficiant des droits de douane plus bas.

De fausses déclarations d’origine que la Thaïlande, elle aussi, s’engage à combattre pour négocier une baisse des taxes. Tout en promettant au passage d’acheter plus de gaz naturel, de produits agricoles et d’avions aux États-Unis. 

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