Les Gardiens de la Révolution iraniens ont signalé mardi avoir lancé une attaque visant les bases aériennes israéliennes d’où les avions de combat ont décollé pour bombarder le territoire iranien. « Dans cette nouvelle vague d’attaques, une opération de missiles à grande échelle a été menée contre les bases aériennes de l’armée du régime sioniste, qui sont les bases d’où les avions de combat du régime décollent vers notre cher pays », ont-ils dit dans un communiqué diffusé par la télévision d’État. Les sirènes d’alerte antiaérienne ont été déclenchées mardi soir dans la zone de Dimona, après des tirs de missiles à partir de l’Iran, a indiqué l’armée israélienne, en référence à une ville du sud d’Israël surtout connue pour sa centrale nucléaire. « Il y a peu de temps, des sirènes d’alerte ont retenti dans plusieurs régions d’Israël, à la suite de l’identification de missiles lancés depuis l’Iran en direction de l’État d’Israël », indique un communiqué militaire. Le site de la Défense passive précise que parmi les zones en état d’alerte maximale figure la région de Dimona. Les Gardiens de la Révolution avaient affirmé mardi avoir notamment ciblé un centre du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, au cinquième jour d’un affrontement militaire avec Israël. Les Gardiens « ont frappé le centre du renseignement militaire de l’armée du régime sioniste, Aman, ainsi que le centre de planification des opérations terroristes du régime sioniste, le Mossad, à Tel-Aviv. Ce centre est actuellement en feu », ont-ils déclaré dans un communiqué lu à la télévision d’Etat.

Dans la matinée, une deuxième vague de missiles a pris pour cible plusieurs régions israéliennes dans les territoires occupés.

Mardi à l’aube de mardi, une salve de 10 missiles, minime selon les sources israéliennes a déclenché les sirènes d’alerte dans plusieurs points du nord d’Israël, avait annoncé l’armée d’occupation qui a toutefois levé cette alerte quelques instants plus tard. Les service d’incendie et de secours ont toutefois indiqué avoir reçu de premières indications sur un « tir de missile et un incendie » dans une ville du district de Dan, une zone entourant Tel-Aviv, indiquant que les équipes de lutte contre les incendies sont en route vers le lieu de « l’incident ». Sans plus de détails.

Concernant la 2eme vague, l’armée israélienne a rendu compte qu’entre 20 et 30 missiles ont été tirés dans la matinée depuis l’Iran. Bien en deca du grand nombre de missiles lancés les deux premiers jours de la riposte iranienne.

« Au lieu d’attaques massives, l’Iran adopte des tactiques terroristes : lancer des missiles isolés tout au long de la journée, spécifiquement destinées à perturber la routine civile », analyse un media israélien selon lequel l’objectif est « une alerte maximale avec un nombre minimum de missiles, dans le but de perturber en permanence la vie quotidienne en Israël ». Ce qui rappelle selon lui « le modèle d’action du Hamas ».

Lors de cette deuxième vague, les images relayées sur les réseaux sociaux puis par les médias israéliens avant d’être effacées, ont montré un important feu qui s’est déclaré dans une installation à Glilot à Herzliya. Sa nature n’était pas identifiée au début. Plus tard, des médias israéliens qui ont analysé ces images avaient conclu qu’elles montrent que « l’emplacement de l’attaque est un grand entrepôt ou une installation logistique utilisée pour toutes les activités logistiques de la division du renseignement militaire de Tsahal ». Par la suite, des médias ont cru deviner que « les sites secrets alternatifs du cerveau électronique et de renseignement d’Israël, Unité 8200, à Herzliya, auraient été complètement détruits ». Plus tard, ils ont rapporté qu’un missile iranien est tombé sur un dépôt de munitions de la base d’entraînement dans un bâtiment appartenant à la direction du renseignement militaire Aman. Sachant qu’aucun communiqué de l’armée d’occupation n’a évoqué cette attaque, les médias rappellent que la censure militaire impose l’interdiction de publication sur un site ciblé et frappé par les missiles iraniens il y a peu dans la région de Glilot à Herzliya.

L’analyse des images prises à Herzliya par l’agence de vérification des informations Sanad du réseau Al Jazeera a révélé deux explosions de chaque côté du pont Rehavam Ze’evi (Gandhi), ainsi que deux autres près de l’immeuble Big Fashion Glilot, un centre commercial situé dans le quartier. Selon le média qatari, « les images, publiées sur des plateformes israéliennes puis supprimées, ont également montré qu’un centre logistique appartenant à la Direction du renseignement militaire (Aman) avait subi d’importants dégâts suite à l’attentat, les images le montrant complètement incendié. » Ajoutant que « les explosions, provoquées par des missiles iraniens ou leur interception, se sont produites à environ 700 mètres du siège du Mossad à Ramat Hasharon et à environ 500 mètres du Centre du patrimoine du renseignement ».

Lundi, la police de l’occupation a perquisitionné les locaux de journalistes de chaines arabes et confisqué leurs équipements pour avoir rendu publiques les images de la centrale électrique et de la raffinerie de pétrole de Haïfa qui ont pris feu après la chute de missiles iraniens dans la nuit de dimanche à lundi. Bazan, société qui gère cette raffinerie, a annoncé la fermeture de toutes ses installations en raison des dégâts occasionnés et a rendu compte de la mort de 3 de ses employés.

Israël impose un black-out sur les sites importants ciblés par les missiles iraniens. Selon commandement du front intérieur de l’armée, la publication des images de ces sites est « une aide à l’ennemi au milieu des combats ».

Les médias israéliens ont en revanche diffusé à grande échelle mardi les images d’un incendie dans un parking de bus à Herzliya. Des médias iraniens ont fait remarquer qu’en mettant en avant les images d’un missile sur un parking de bus, « l’armée israélienne tente de dissimuler le ciblage d’un site plus important par des missiles iraniens. » Les médias israéliens n’ont pas parlé du missile qui a frappé à Tel Aviv. Pourtant, il a été question de fortes explosions au moment où un missile iranien tombait sur Tel Aviv ce matin, après l’échec du le Dôme de Fer à l’intercepter.

Un porte-parole du ministère iranien de la Défense a fait état de « l’utilisation pour la première fois de l’un de nos missiles lors de l’attaque de nos forces armées aujourd’hui ». Il a signalé que « les sionistes n’ont pas pu le détecter ou l’intercepter et il y aura d’autres surprises ».Sans préciser sa nature. Les sites israéliens avaient fait remarquer qu’il n’a pas été détecté.  « Des attaques massives de drones, utilisant des armes nouvelles et avancées, ont commencé et s’intensifieront dans les heures à venir », a averti le général Kioumars Haidari, commandant des forces terrestres de l’armée iranienne, cité par la télévision d’Etat.

Le conseiller du commandant du CGRI le général de brigade Ahmad Vahidi a pour sa part déclaré ce mardi que l’establishment iranien ne se sent pas « préoccupé par la prolongation de la guerre », alors qu’il est question que les Etats-Unis pourraient y intervenir. « Réduire nos stocks de missiles est absurde. Nous n’avons pas encore utilisé nos capacités de missiles de manière stratégique », a-t-il fait savoir.

L’armée israélienne assure quant à elle « cibler méthodiquement les installations de lancement et les dépôts de missiles ». Selon un haut responsable israélien, « 40% des lanceurs iraniens ont été détruits. »

Lors d’une conférence de presse surprise lundi soir, Benyamin Netanyahu a confirmé l’utilisation de cette stratégie en assurant que « ce qui compte, ce n’est pas le nombre de missiles que possède l’Iran, mais la destruction des rampes de lancement ».

Mardi, l’armée d’occupation israélienne a dit avoir mené dans la nuit dans l’ouest de l’Iran « plusieurs frappes de grande envergure » lors desquelles « des dizaines d’infrastructures de stockage et de lancement de missiles sol-sol ont été touchées », tout comme « des lanceurs de missiles sol-air et des sites de stockage de drones ». Elle a aussi annoncé avoir tué un important commandant militaire iranien, Ali Shadmani, dans une frappe nocturne à Téhéran, le présentant comme la personnalité la plus proche du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. « Deux explosions » se sont produites à Tabriz, une ville à plus de 600 kilomètres au nord-ouest de Téhéran qui abrite une importante base de l’armée de l’air, selon un média iranien. L’armée iranienne a assuré que  les défenses aériennes ont détecté et détruit 28 cibles hostiles au cours des dernières 24 heures. L’agence de presse Mehr, citant l’armée iranienne : les forces de défense aérienne ont abattu un drone espion israélien Hermes. D’autres cibles hostiles ont été abattues à l’aide de radars, de systèmes de surveillance, d’interception électronique, de missiles et de systèmes d’artillerie, assure encore Téhéran.

Par ailleurs, des rapports israéliens ont révélé que le coût de la guerre contre l’Iran s’élève à environ 8,25 milliards de shekels (2,25 milliards de dollars) sur trois jours et demi, soit le double du budget d’urgence d’Israël.

Menaces US

Donald Trump a déclaré, à bord de l’avion qui le ramenait du G7 mardi, vouloir une « vraie fin » au problème nucléaire avec l’Iran. Le président américain a aussi estimé que l’Iran « ne peut pas se doter de l’arme nucléaire », arguant que le pays est « à deux doigts de l’obtenir ». Pourtant, Tulsi Gabbard, directrice du renseignement US, avait affirmé en mars dernier que « l’Iran n’est pas en train de fabriquer une arme nucléaire et que le guide suprême Khamenei n’a pas autorisé le programme d’armes nucléaires qu’il avait suspendu en 2003 ». « Je me fiche de ce qu’elle a dit », a encore lancé le locataire de la Maison Blanche.

Le président américain a par ailleurs confirmé qu’il se rendrait mardi matin dans la salle de crise de la Maison Blanche pour suivre l’évolution de la guerre israélienne contre l’Iran.

Interrogé par des journalistes à bord d’Air Force One, il a souhaité une « fin réelle » au conflit, avant d’ajouter: l’Iran pourrait aussi « renoncer complètement, ça irait également ». Il n’a cependant pas précisé s’il parlait d’un abandon du programme nucléaire iranien ou d’autre chose. Il n’a pas non plus exclu d’envoyer son émissaire spécial pour le Moyen-Orient Steve Witkoff et son vice-président JD Vance négocier avec des responsables iraniens.Mais là aussi, D.Trump a entretenu la confusion en ajoutant qu’il « n’était pas spécialement d’humeur à négocier » avec Téhéran.Et en insistant, sur son réseau social, « si (les Iraniens) veulent parler, ils savent comment me joindre ». « Ils auraient dû accepter l’accord qui était sur la table, beaucoup de vies auraient été épargnées », selon ses propres termes.

Quant à son appel à évacuer Téhéran, il l’a maintenu : « il va y avoir beaucoup de choses horribles qui vont se passer, et ce serait beaucoup plus sûr pour les habitants d’évacuer », selon lui.

Le président américain avait appelé, lundi soir, les habitants de Téhéran à « immédiatement évacuer » la ville. « Tout le monde devrait immédiatement évacuer Téhéran ! », a écrit D. Trump sur son réseau Truth Social.

Le président américain s’en est en outre une nouvelle fois pris au président français Emmanuel Macron, qu’il accuse d’avoir affirmé, à tort, que les Etats-Unis travaillaient à un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. « Emmanuel, c’est un chic type, mais il n’a pas raison très souvent », a-t-il déclaré dans l’avion. « Mais on ne cherche pas un cessez-le-feu, on cherche quelque chose de mieux ». « Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien », avait-il dit lundi soir, avant de quitter le Canada.

Friedrich Merz, chancelier allemand, a ouvertement soutenu mardi les frappes israéliennes sur l’Iran, et évoqué la possible fin d’un pouvoir iranien qui « a apporté la mort et la destruction dans le monde ». « C’est le sale boulot qu’Israël fait pour nous tous », a déclaré en marge du sommet du G7 au Canada le dirigeant allemand à propos des attaques sans précédent menées avec l’objectif affiché d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique. Cette offensive d’Israël vise un pouvoir qui a « apporté la mort et la destruction au monde avec des attentats, des meurtres et des massacres, avec le Hezbollah, avec le Hamas » ou encore « la livraison de drones à la Russie », a énuméré F. Merz lors d’un entretien sur la chaîne ZDF. 

Israël se vide

Le Haaretz a révélé, la veille lundi, que le nombre de colons fuyant Israël en yacht vers Chypre est en augmentation et se compte par centaines, et ce après la riposte iranienne aux missiles contre l’agression israélienne sur son territoire le 13 juin 2025. Alors que le trafic aérien en provenance d’Israël reste suspendu, un grand nombre de colons israéliens ont rejoint des « groupes qui leur offrent une voie de fuite alternative », par la mer, selon le journal israélien. Cette fuite se déroule « secrètement, sans surveillance et pour des milliers de dollars ».

La quasi-totalité des colons interrogés par le journal ont confirmé qu’ils « quittent » par leur choix. Les colons recherchent des yachts « pour les transférer vers Chypre, puis vers d’autres destinations », via différents ports, comme Herzliya au centre, Haïfa occupée au nord et Ashkelon occupée au sud.

Le journal a décrit la marina d’Herzliya comme étant devenue ces derniers jours une « mini-station de départ », ajoutant que les propriétaires de yachts à Haïfa et Ashkelon « organisent également de petites excursions en groupes de 10 personnes maximum ». Le Haaretz a également évoqué le coût élevé que doivent payer les colons pour fuir par la mer : Une excursion en yacht coute 2 500 shekels par personne, « mais certains exigent beaucoup plus.»Il a également indiqué, citant un colon, que « 6 000 shekels ont même été demandés.»

Un colon cité par Haaretz a exprimé sa crainte des attaques iraniennes contre Israël, qui ont porté des coups directs depuis leur début vendredi, déclarant : « Nous avons marre des missiles.»

Cette révélation de Haaretz intervient après que les forces armées iraniennes ont lancé un avertissement aux colons israéliens dans les territoires palestiniens occupés, les exhortant à partir immédiatement. Dans un communiqué publié dimanche, les forces armées iraniennes ont souligné que les territoires occupés « ne seront certainement pas habitables dans un avenir proche », ajoutant que fuir vers des abris souterrains « n’assurera pas la sécurité » des colons. Elles ont insisté sur la nécessité pour les colons de « ne pas permettre à Netanyahu de les utiliser comme boucliers humains », affirmant qu’il « met leur vie en danger pour ses propres intérêts » et qu’« ignorer les avertissements les mènera à des jours plus difficiles ». Comme elles ont menacé que la prochaine riposte iranienne serait « globale et dévastatrice » et toucherait « tous les points vitaux dans les territoires occupés ».

Sur un autre plan connexe, le Centre d’information des forces maritimes combinées, qui fait partie de la coalition maritime multinationale dirigée par les États-Unis, a mis en garde « contre une augmentation des interférences électroniques avec les systèmes de navigation commerciale dans le détroit d’Ormuz et le Golfe, dans un contexte de tensions régionales accrues ».

Le centre a noté que « le Comité conjoint de suivi et d’évaluation continue de recevoir des rapports d’interférences électroniques provenant des environs du port iranien de Bandar Abbas, ainsi que d’autres zones du Golfe et d’Asie du Sud-Est », expliquant que « ces interférences affectent les systèmes de positionnement des navires commerciaux, compromettant la précision des systèmes d’identification automatique (AIS) ».

Le centre a expliqué que « ces perturbations ont un impact direct sur la circulation des navires commerciaux et augmentent les difficultés opérationnelles et de navigation », à l’heure où le détroit d’Ormuz est considéré comme un passage vital pour le transport mondial d’énergie.

L’alerte maritime coïncide avec une note similaire publiée par le Service des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni (UKMTO), qui confirme « une augmentation significative des interférences électroniques d’origine inconnue dans le Golfe ». Le centre a conclu en soulignant que « le niveau de menace régionale demeure élevé, les attaques continues entre l’Iran et Israël aggravant encore la vulnérabilité de la situation maritime sur l’une des voies de navigation les plus sensibles au monde ».

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