Le 11 mars, les délégations américaine et ukrainienne se sont retrouvées à Djeddah, en Arabie saoudite, sous l’égide du prince héritier Mohammed ben Salmane et du ministre saoudien des Affaires étrangères. D’après Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, la réunion a été « productive » et a permis aux États-Unis de recevoir des « nouvelles positives ». La délégation ukrainienne était composée du ministre des Affaires étrangères Andriy Sybiha, du chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, et du ministre de la Défense Rustem Umerov. Du côté américain, la délégation incluait Marco Rubio, Mike Waltz et l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.

 Les discussions ont porté sur la proposition américaine d’un cessez-le-feu aérien et maritime de 30 jours. Kiev a accepté cette trêve à condition que la Russie en fasse de même. Le communiqué du Département d’État US précise que cette trêve pourrait être prolongée par accord mutuel, mais qu’elle repose sur une hypothétique réciprocité de la part de Moscou. « Les États-Unis informeront la Russie que sa coopération est essentielle pour parvenir à la paix », affirme le texte.

Par ailleurs, Washington a annoncé qu’il reprendrait immédiatement son aide militaire et le partage de renseignements avec Kiev. Ces soutiens avaient été suspendus après une rencontre tendue entre V. Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche, le 28 février. L’acceptation du cessez-le-feu par Kiev permet donc à l’Ukraine de rétablir cette aide essentielle.

Une autre question clé abordée lors des discussions concernait l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes. Les États-Unis et l’Ukraine se sont engagés à conclure rapidement un accord sur l’exploitation des minerais stratégiques. Aucun document officiel n’a toutefois été signé à Djeddah, mais les deux parties ont convenu d’accélérer les négociations sur ce sujet. Dans le même temps, les actions de Kiev montrent une flagrante contradiction.

La veille des pourparlers, l’Ukraine a mené une attaque gigantesque de drones contre la Russie, notamment dans la région de Moscou qui a coûté la vie à trois personnes. Selon les données de la Défense russe, 337 drones ont été abattus. Cette provocation intervient alors que Kiev prétend vouloir un cessez-le-feu. Malgré les déclarations optimistes de Washington et Kiev, l’issue de ces négociations dépend désormais de la réponse de Moscou. Comme l’a déclaré Marco Rubio après la rencontre : « Nous allons maintenant soumettre cette offre à nos homologues russes. Nous espérons qu’ils accepteront et que nous pourrons avancer vers la paix ». Selon Reuters, la prochaine rencontre peut avoir lieu le 12 mars, pourtant aucune déclaration officielle n’était pas encore faite.

Sergueï Narychkine, directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), s’est entretenu au téléphone avec John Ratcliffe, chef de la CIA américaine, ont rapporté, mercredi, les agences de presse russes. Lors de cette conversation qui a eu lieu mardi, les deux responsables se sont mis d’« accord pour des contacts réguliers » entre le SVR et la CIA « afin de contribuer aux garanties de la stabilité et la sécurité internationales, ainsi qu’à la baisse de la confrontation dans les relations entre Moscou et Washington », a indiqué l’agence officielle Tass en citant un communiqué du SVR, rapporte l’AFP.

Paris à la manœuvre

A signaler qu’en parallèle, les chefs militaires de 30 pays européens et de l’OTAN se sont réunis mardi à Paris pour discuter de l’autonomie stratégique européenne face au développement du conflit en Ukraine. A l’issue de la rencontre qui s’est tenue à huis clos, le président français a appelé les participants à commencer à élaborer « un plan pour définir des garanties de sécurité crédibles » pour l’Ukraine en cas d’accord de paix avec la Russie. « Face à l’accélération des négociations de paix », Emmanuel Macron a « précisé qu’il fallait aujourd’hui passer du concept au plan pour définir des garanties de sécurité crédibles, afin qu’une paix solide et durable soit possible en Ukraine », a fait savoir la présidence à l’issue de ce rendez-vous. Selon la même source, les participants se sont accordés pour que les garanties de sécurité « ne soient pas disjointes de l’Otan et de ses capacités ». L’annonce a été publiée au moment où Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale, a donné les premiers commentaires sur les résultats de la rencontre avec la délégation ukrainienne à Djeddah, en Arabie saoudite, et l’a jugée « productive ».

Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, a estimé de son côté, depuis Pristina, qu’il existe « d’autres moyens de garantir la sécurité de l’Ukraine » après le cessez-le-feu, en dehors de « l’envoi de forces européennes ». Face aux médias, il a ajouté que « c’est bien que les Français et les Britanniques aient pris l’initiative de soulever la question des garanties de sécurité quand il y aura un accord de paix ou un cessez-le-feu en Ukraine. Une possibilité serait d’envoyer des troupes européennes en Ukraine, mais il peut y avoir d’autres moyens. Je pense que le président Trump a raison de dire qu’avant de maintenir la paix, il faut l’instaurer. Il n’y a pas encore de paix », a-t-il déclaré.

Le 7 mars, Giorgia Meloni, Premier ministre italien ; a proposé d’étendre l’article 5 de l’OTAN à l’Ukraine, ce qui pourrait être une alternative à son adhésion à l’alliance. L’article 5 stipule que si un État membre de l’OTAN est victime d’une attaque armée, tous les autres États membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord considéreront cet acte de violence comme une attaque armée contre tous les pays de l’OTAN. « Je pense que cela constituerait une garantie de sécurité stable, durable et efficace, plus que certaines des propositions que je vois », a souligné le premier ministre italien.

Soudja reprise

Dans la région de Koursk, l’armée russe est entrée dans le centre-ville de Soudja, à la frontière de la Russie avec l’Ukraine. Les militaires ont planté dans la matinée de mercredi le drapeau russe sur la place centrale, près de la mairie, rapportent plusieurs chaînes militaires russes sur Telegram. Selon elles, ce qui reste des unités ukrainiennes se retire vers la frontière, sous le feu de l’artillerie et des drones russes.

 Le ministère russe de la Défense, à son tour, a rapporté sur sa chaîne Telegram que l’armée russe avait battu plusieurs brigades et régiments ukrainiens à Soudja et dans ses environs. Selon le communiqué, au cours des dernières 24 heures, les forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk ont perdu « plus de 260 hommes » et plus de 20 unités de matériel militaire. Dans le même temps, selon RIA Novosti, qui cite des militaires du groupement Nord, l’opération de ratissage se poursuit à Soudja où des soldats ukrainiens se cachent toujours dans les sous-sols des immeubles. Ces forces ennemies restantes « ne joueront plus aucun rôle », ont cependant déclaré les militaires russes.

Les soldats du régime de Kiev avaient envahi la région de Koursk le 6 août 2024. Soudja est la plus grande localité dont ils aient pu prendre le contrôle. Cette ville russe était utilisée comme principal centre logistique par lequel Kiev approvisionnait ses unités dans toutes les localités occupées situées à proximité. Les troupes russes ont pu stopper l’avancée de l’ennemi avant de commencer à le repousser progressivement de la région. Début mars, elles ont lancé une offensive massive et ont libéré en quelques jours de nombreuses localités. « La campagne de Koursk de l’armée ukrainienne est arrivée sans gloire à sa fin », a écrit le 11 mars sur sa chaîne Telegram Alexandre Kots, le correspondant militaire du quotidien russe Komsomolskaïa Pravda.

Le groupement russe Nord a libéré dimanche les localités de Malaïa Loknia, Tcherkasskoïé Poretchnoïé et Kositsa dans la région de Koursk, a annoncé le ministère russe de la Défense. En deux jours, l’armée russe a libéré plusieurs localités de la région: Viktorovka, Nikolaïevka, Staraïa Sorotchina et Lebédevka…

Comments are closed.

Exit mobile version