« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd’hui, de 18 heures [15h00 TU, NDLR] à minuit entre dimanche et lundi [21h00 TU, dimanche]. Je donne l’ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré Vladimir Poutine  au cours d’une réunion retransmise à la télévision russe. « Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté. Selon le chef de l’État russe, la réponse de l’Ukraine « montrera la sincérité du régime de Kiev, sa volonté et sa capacité à respecter les accords, à participer au processus de pourparlers de paix visant à éliminer les causes profondes de la crise ukrainienne ».

V. Poutine a toutefois appelé ses soldats à « repousser les éventuelles violations de la trêve et les provocations de l’ennemi et toute action agressive de sa part ». « Je vous demande d’être extrêmement attentifs et concentrés, d’être prêts à une réponse immédiate et complète », a-t-il dit à Valeri Guerassimov, chef d’état-major de l’armée russe.

Moscou a par ailleurs revendiqué avoir presque totalement repris les territoires occupés depuis l’été 2024 par les forces ukrainiennes dans la région russe frontalière de Koursk. Une telle progression déplacerait à nouveau les combats en totalité sur le sol ukrainien.

Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky a dénoncé une « tentative de jouer avec les vies humaines » de la part du chef d’État russe. « Une nouvelle tentative de Poutine de jouer avec les vies humaines », a-t-il indiqué sur Telegram, soulignant que « des drones d’attaque russes ont été détectés » dans le ciel ukrainien. Il n’a toutefois pas formulé clairement la position de Kiev au sujet de ce cessez-le-feu. « Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue disposition à un cessez-le-feu », a écrit Andriy Sybiga, ministre ukrainien des Affaires étrangères, sur les médias sociaux. « Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles », a-t-il ajouté.

Des tentatives d’instaurer une trêve à l’occasion de Pâques en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022. En avril 2022, une première initiative en ce sens, prise par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ne s’était pas matérialisée du fait du refus de la Russie, qui avait jugé qu’un cessez-le-feu donnerait l’occasion à l’armée ukrainienne de se regrouper et de se réarmer.

L’année suivante, en janvier 2023, le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill avait exhorté les deux camps à interrompre les hostilités pour Pâques et la Russie avait décrété une trêve de 36 heures, mais celle-ci avait été dénoncée comme un « piège » par l’Ukraine et les combats avaient continué.

L’annonce de trêve intervient alors que les efforts de l’administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l’impasse ces derniers jours, ce qui a provoqué l’irritation du président américain. Le président américain a même menacé de se retirer du dossier,  faute de progrès rapides dans les discussions séparées avec Kiev et avec Moscou que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines.

Le même jour, le Kremlin avait indiqué considérer comme ayant « expiré » le moratoire sur les frappes contre les sites énergétiques, annoncé en mars pour 30 jours, mais dont la mise en œuvre restait floue. La Russie et l’Ukraine s’accusant mutuellement de le violer.  

Dans la journée de samedi, la Russie a annoncé avoir échangé plus de 240 prisonniers de guerre avec l’Ukraine, dont des soldats blessés nécessitant des soins d’urgence, ce type d’échange restant l’un des derniers domaines de coopération entre les deux pays. « À l’issue du processus de négociation, 246 militaires russes ont été rapatriés du territoire contrôlé par le régime de Kiev. En retour, 246 prisonniers de guerre des forces armées ukrainiennes ont été remis », en plus de 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes, a annoncé le ministère russe de la Défense sur Telegram.

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