Réagissant au quart de tour, le président américain a ordonné une pause dans l’aide militaire des États-Unis à l’Ukraine après l’altercation de vendredi dernier avec son homologue ukrainien, a indiqué lundi 3 mars au soir un responsable de la Maison Blanche. « Nous faisons une pause et réexaminons notre aide pour nous assurer qu’elle contribue à la recherche d’une solution », a déclaré le responsable sous couvert d’anonymat, en soulignant que les États-Unis avaient « besoin que nos partenaires s’engagent, eux aussi, à atteindre l’objectif » de la paix.
Cette décision a été prise après une réunion à la Maison Blanche lundi après-midi avec les responsables chargés de la défense, Pete Hegseth, et de la diplomatie, Marco Rubio, ainsi que les principaux conseillers du président Donald Trump.
« Ce n’est pas une fin permanente de l’aide, c’est une pause », a déclaré un autre responsable américain, également sous couvert d’anonymat et cité par la chaîne Fox News. Selon Bloomberg, tous les équipements militaires américains n’ayant pas encore été envoyés à Kievsont « gelés », dont les armes actuellement en transit par voie aérienne ou maritime et les armes se trouvant dans des zones de transit en Pologne.
Interrogé à ce sujet plus tôt lundi, D. Trump n’avait pas répondu clairement, mais indiqué que des discussions se tenaient « en ce moment même ». S’exprimant devant des journalistes à la Maison Blanche, il avait de nouveau estimé que V. Zelensky devait se montrer « plus reconnaissant » à l’égard du soutien des États-Unis.
L’aide militaire américaine a été approuvée sous l’ancienne administration de Joe Biden. Selon le département d’État US, les Américains ont fourni, du 24 février 2022 au 20 janvier 2025, « 65,9 milliards de dollars en assistance militaire » à l’Ukraine.
Depuis Londres, Luke Pollard, secrétaire d’Etat britannique aux Forces armées, avait contredit le même jour les propos du président français sur une proposition franco-britannique d’une trêve d’un mois en Ukraine. « Il n’y a pas d’accord sur ce à quoi ressemblerait une trêve [d’un mois] […] mais nous travaillons ensemble avec la France et nos alliés européens pour déterminer la voie à suivre pour une paix durable en Ukraine », a-t-il déclaré sur Times Radio.
« Plusieurs options sont sur la table, sous réserve de discussions plus approfondies avec les partenaires américains et européens, mais une trêve d’un mois n’a pas fait l’objet d’un accord », a-t-il insisté.
La veille, Emmanuel Macron avait, dans une interview accordée au Figaro, affirmé que lui et le Premier ministre britannique Kheir Starmer « ont mis sur la table » une trêve d’un mois en Ukraine, comme solution alternative au cessez-le-feu potentiel entre Américains et Russes. Selon le président français, une telle trêve serait mesurable, contrairement au cessez-le-feu. « Il faut voir que le front, aujourd’hui, c’est l’équivalent de la ligne Paris-Budapest. En cas de cessez-le-feu, il serait très difficile de vérifier que le front est respecté », avait expliqué E. Macron.
Pour rappel, une quinzaine de dirigeants alliés de l’Ukraine avaient tenu dimanche, à Londres, un sommet crucial pour discuter de nouvelles garanties de sécurité en Europe. En présence de V. Zelensky, ce sommet avait réuni notamment le président français, le chancelier allemand Olaf Scholz, les Premiers ministres canadien Justin Trudeau, polonais Donald Tusk, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte et les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, Ursula von der Leyen et Antonio Costa.
L’Europe « doit faire le gros du travail » en Ukraine mais avec le soutien des États-Unis, avait déclaré K. Starmer à l’issue de la réunion. Un Conseil européen extraordinaire consacré à l’Ukraine aura lieu le 6 mars courant à Bruxelles.