Plus de 20 militaires ukrainiens ont été tués et au moins 80 autres blessés à Soumy, dans l’est de l’Ukraine, lors d’une frappe de missile russe visant un rassemblement à l’occasion d’une cérémonie de remise de distinctions organisée dimanche, selon Marina Bezouhla, députée à la Rada. Elle a confirmé sur Telegram que toutes les victimes étaient des soldats ukrainiens rassemblés en plein centre-ville, une pratique qu’elle avait précédemment déjà vivement critiquée.
Dans le même temps, Volodymyr Zelensky multiplie les messages de reconnaissance à l’adresse de l’Union européenne, saluant un appui qu’il juge essentiel à « la résistance ukrainienne ». Néanmoins, sur le terrain, des figures comme Bezouhla rappellent que cette gratitude affichée ne reflète pas toujours le ressenti de ceux qui vivent le conflit au quotidien. « Je m’adresse à Syrsky et personnellement au commandant des Forces de défense territoriale : ne rassemblez pas les militaires pour des remises de prix, surtout dans des villes civiles, les Russes disposaient, de nouveau, des données sur les rassemblements. Alors que des regroupements ont toujours lieu sur des terrains d’essais », a-t-elle également indiqué, suggérant que les informations sur ces réunions sont connues à l’avance par les forces russes.
Le ministère russe de la Défense a annoncé dimanche avoir abattu un avion de chasse F-16 des forces aériennes ukrainiennes. L’appareil a été intercepté par les systèmes de défense antiaérienne, aux côtés de huit bombes guidées JDAM, sept roquettes du système HIMARS et 207 drones. Ce nouvel épisode porterait à 661 le nombre d’aéronefs ukrainiens détruits depuis le début de l’opération militaire spéciale.

La veille, les autorités ukrainiennes ont annoncé la mort du pilote de F-16 Pavlo Ivanov, âgé de 26 ans, survenue, selon leur formule, « lors d’une mission de combat ». V. Zelensky lui a décerné à titre posthume la distinction de Héros de l’Ukraine. L’annonce a d’abord été faite par les forces aériennes du pays, qui ont salué l’action de leurs pilotes de F-16 dans des conditions « extrêmement difficiles ».

La députée ukrainienne Mariana Bezouhla a réitéré ses critiques concernant l’absence d’un système opérationnel d’identification « ami ou ennemi » au sein des forces armées ukrainiennes. Elle a relié directement cette carence à la perte du F-16 survenue en août 2024, affirmant que l’appareil avait alors été abattu par un tir de système Patriot, livré par les États-Unis, en raison d’une défaillance de coordination. Cette déclaration, largement médiatisée, avait suscité une vive réaction du commandement aérien ukrainien. Le général Mykola Olechtchouk l’avait accusée de nuire à l’image de l’armée. De plus, Yuriy Ignat, porte-parole de l’armée de l’air de l’Ukraine, avait admis que les F-16 transférés à Kiev n’étaient pas en mesure de rivaliser techniquement avec les chasseurs russes Su-35, notamment en matière d’avionique et de supériorité aérienne.

La tension sur le terrain contredit les assurance de Donald Trump. A bord de l’Air Force One, le président américain a fait savoir aux journalistes que les négociations entre l’Ukraine et la Russie « peuvent bien se dérouler. Et on va le découvrir très bientôt. Il y a des moments où il faut soit agir soit se taire. On verra ce qui se passera. Mais je crois que tout va bien. » Quelques heures avant ces déclarations, Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, avait évoqué l’avancement des pourparlers avec l’administration Trump. « J’ai eu quelques échanges avec les membres de l’administration de Washington. Et j’ai apprécié le message qu’ils transmettaient. […] Les États-Unis reconnaissent que d’autres pays possèdent également leurs intérêts nationaux. Ces intérêts ne coïncideront jamais entièrement – peut-être que la moitié différera – mais lorsque les intérêts, surtout ceux des grandes puissances, convergent, il est indispensable de trouver des moyens de les concrétiser dans des projets économiques, logistiques et autres initiatives mutuellement bénéfiques », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères lors du Forum diplomatique d’Antalya. Les derniers échanges entre la Russie et les États-Unis datent du 11 avril. L’envoyé spécial américain Steve Witkoff est arrivé à Saint-Pétersbourg, où il a eu une rencontre à huis clos avec le président russe Vladimir Poutine. Bien que les détails de leur échange restent confidentiels, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié la dynamique des relations russo-américaines de positive.

Sanctions inopérantes

Les sanctions économiques imposées à la Russie depuis 2022 se révèlent inefficaces et ne remplissent pas leurs promesses initiales, selon une récente tribune publiée par The Guardian. Le journal britannique établit un parallèle entre ces mesures coercitives contemporaines et la « diplomatie de la canonnière » du XIXe siècle, une pratique qui visait à contraindre les États ciblés à infléchir leur politique. Il est également souligné que les sanctions économiques, loin d’affaiblir les gouvernements visés, semblent paradoxalement renforcer la stabilité politique de certains pays concernés.

Par ailleurs, le journal établit un parallèle entre ces mesures et la guerre tarifaire économique, mais que sa finalité reste floue. Selon l’article, les pays européens critiquent le président américain pour avoir utilisé cet instrument, alors qu’eux-mêmes l’utilisent depuis des décennies. Le bilan dressé par le journal est sans appel : les sanctions économiques restent un outil dont l’efficacité réelle sur les choix politiques des États ciblés demeure limitée et controversée.

D’après l’analyse du quotidien, un autre constat s’impose : une majorité de dirigeants occidentaux ayant activement soutenu ou imposé des sanctions contre Moscou en 2022 ont, depuis, quitté la scène politique. Par exemple, en Grande-Bretagne, le Premier ministre britannique Boris Johnson a démissionné à l’été 2022, bientôt suivi par Liz Truss, dont le mandat n’a duré que 49 jours. Le Premier ministre italien Mario Draghi a été contraint de remettre sa démission en juillet 2022. Aux Pays-Bas, Mark Rutte a annoncé sa démission à l’été 2023, sur fond de crise gouvernementale. Quant au chancelier allemand Olaf Scholz, après une période marquée par une impopularité croissante, il a perdu un vote de confiance au Bundestag, ce qui a ouvert la voie à des élections le 23 février 2025. Son parti, le SPD, est passé à la troisième place pour la première fois depuis 1933 et a obtenu moins de 20 % des voix, ce qui constitue son plus mauvais résultat en termes de part de voix depuis les élections fédérales de 1887.

Pendant ce temps, la Russie reste le pays le plus sanctionné au monde. D’après le président russe, les pays occidentaux ont imposé 28 595 sanctions à la Russie, contre des personnes et des entités. « Je propose de partir des considérations suivantes qui sont à vrai dire bien visibles. Les sanctions ne sont pas des mesures temporaires ou ponctuelles, il s’agit d’un mécanisme de pression stratégique et systémique sur notre pays. Quelle que soit l’évolution de la situation, quel que soit le paradigme des relations internationales, nos concurrents chercheront toujours à contenir notre pays, à affaiblir ses capacités économiques et technologiques. Il est à noter que si auparavant les soi-disant élites occidentales essayaient de prêter à cette confrontation ne serait-ce qu’un semblant de décence, aujourd’hui il semble qu’ils n’aient même plus besoin de faire semblant, et ils n’en ont pas l’intention. Non seulement ils menacent régulièrement la Russie de nouvelles sanctions mais ils en sortent régulièrement de nouveaux paquets. Nous avons comme l’impression que leurs initiateurs eux-mêmes ont perdu le compte du nombre de restrictions qu’ils ont imposées et contre qui », a-t-il déclaré lors du XXXIVe congrès de l’Union des industriels et des entrepreneurs de Russie tenu à Moscou le 18 mars. Pourtant, malgré ce « record », les indicateurs économiques publiés par les autorités russes montrent une stabilité, voire une croissance. Le PIB de la Russie a augmenté de 4,1 % en 2024, un rythme supérieur à celui des pays du G7.

Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe, a déclaré en février 2025 que l’économie russe avait progressé de 8,4 % sur deux ans, tandis que la zone euro n’avait enregistré que 0,8 %. Il a également précisé que le PIB nominal était passé de 107 000 milliards de roubles en 2020 à près de 200 000 milliards en 2024, avec l’objectif d’atteindre 300 000 milliards d’ici à 2030. De plus, il convient de noter qu’en termes de PIB à parité de pouvoir d’achat, la Russie a dépassé le Japon en 2024 et occupe désormais la quatrième place, derrière les États-Unis, la Chine et l’Inde.

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