Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a appelé le jour même à « éviter l’escalade », après les droits de douane imposés par les États-Unis, lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang, a indiqué l’UE dans un communiqué cité par l’AFP. À l’occasion de cet entretien, « la présidente a appelé à une résolution négociée de la situation actuelle, en soulignant la nécessité d’éviter une nouvelle escalade », a précisé Bruxelles.
« Le vote est prévu pour le 9 avril, la liste finale sera adoptée le 15 avril et les droits de douane sur les produits entreront en vigueur ce jour-là ».
Depuis Luxembourg, le commissaire européen chargé du Commerce, le Slovaque Maroš Šefčovič, a annoncé que l’UE allait mettre en place des frais de douanes sur les produits en provenance des États-Unis. Le fonctionnaire européen a précisé qu’une deuxième vague suivrait le 15 mai. Une décision qui se veut une « contre-mesure » aux droits de douane de 25% imposés, depuis le 12 mars, par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium. « Nous finalisons la liste ce soir », a déclaré le Slovaque aux journalistes, précisant que la valeur des biens américains concernés « n’atteindra pas 26 milliards d’euros, car nous avons écouté très attentivement nos États membres ». « Nous avons voulu nous assurer que la charge soit répartie équitablement entre tous les États membres », avait assuré, plus tôt dans la journée, la présidente de la Commission européenne. « Nous sommes prêts à négocier avec les États-Unis », a-t-elle encore assuré, affirmant que son bloc « est toujours prêt pour un bon accord ». Cette dernière a alors annoncé « avoir proposé des droits de douane nuls pour les biens industriels ». Une « proposition » que les Européens, selon la cheffe de la Commission, garderaient « sur la table ».
La somme de 26 milliards d’euros parait bien éloignée des 380 milliards d’euros d’exportations européennes dorénavant sous le coup des mesures tarifaires US, la Maison Blanche ayant décrété à la mi-mars de nouveaux tarifs douaniers à l’encontre des produits Européens. Le 2 avril, Donald Trump a ainsi annoncé l’imposition de droits de douane de 10% sur l’ensemble des importations américaines. Une « base initiale » à laquelle doivent venir s’ajouter, à compter du 9 avril, des « tarifs réciproques » sur les produits provenant de pays avec lesquels les États-Unis accusent les plus importants déficits commerciaux. Des pays parmi lesquels figurent la Chine, mais également les 27 États membres du bloc européen. « Nous allons devoir, de notre côté, adopter nos contre-mesures », a déclaré M. Šefčovič quant à ces « tarifs réciproques » annoncés par la Maison Blanche.
Le matin même, alors qu’à travers le monde les bourses enregistraient un recul historique, les ministres européens du Commerce se sont réunis à Luxembourg. Présent à cette rencontre, le ministre français chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a déclaré qu’« il ne faut exclure aucune option sur les biens, sur les services », faisant planée une potentielle réponse « extrêmement agressive » des Vingt-Sept après avoir brandit « l’instrument anti-coercition » qui pourrait restreindre l’activité des entreprises américaines sur le sol européen. Un outil également évoqué par Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie. L’emploi de ce « bazooka économique […] fait partie des sujets qui sont sur la table », a assuré ce 7 avril, sur une radio publique française, Stéphane Séjourné, Commissaire européen à l’Industrie, aux PME et au Marché unique. Ce dernier a toutefois souligné que dégainer une telle carte aurait « des implications sur les entreprises européennes », notamment « sur un certain nombre de services où nous n’avons pas d’autre option que de choisir les Américains », évoquant les services numériques où ces derniers jouissent d’un excédent commercial avec les Européens. Reste à savoir si son emploi fera consensus dans les chancelleries européennes. Péter Szijjártó, ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, également présent à Luxembourg, a d’ores et déjà fait savoir que Budapest ne soutiendrait pas une hausse des tarifs douaniers sur des produits américains, notamment en raison de la hausse des prix que cela impliquerait pour les consommateurs. À plusieurs reprises, D. Trump s’est plaint du déficit commercial des États-Unis, vis-à-vis de l’Europe, concernant les biens. « lls ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles », regrettait notamment fin octobre celui qui n’était encore que candidat à la Maison Blanche.
Fermeté chinoise
Le ministère chinois du Commerce a promis, mardi, de combattre les droits de douane américains « jusqu’au bout », après la menace du président US d’imposer des taxes additionnelles à hauteur de 50% sur les importations chinoises. Des mesures sévèrement critiquées, jusque dans son propre camp républicain, et qui font craindre une récession internationale. Pour le ministère chinois, c’est « une erreur qui s’ajoute à une erreur », en évoquant un réel chantage des États-Unis. Pékin prévient : « La Chine n’acceptera jamais cela, et prendra résolument des contre-mesures pour sauvegarder ses propres droits et intérêts », tout en annonçant des mesures de soutien à sa propre économie.
En réponse aux nouveaux droits de douane américains, Pékin a dévoilé ses propres taxes, 34% sur une série de produits américains, qui entreront en vigueur jeudi. Et D. Trump de rétorquer dans un message publié sur Truth Social : il menace d’augmenter les « tarifs » de 50% supplémentaire, à moins que la Chine ne retire immédiatement ses nouvelles taxes.
Si la mesure est appliquée, les droits de douane américains atteindraient un total inédit de 104% sur les produits chinois. Washington justifie ces hausses comme des représailles contre le trafic de fentanyl et les déséquilibres commerciaux persistants.
Sur les marchés, la tension est palpable. D. Trump, lui, minimise l’impact, mais les conséquences pourraient être durables et les consommateurs américains risquent de voir les prix grimper. Pékin pourrait par ailleurs intensifier ses échanges avec d’autres partenaires, notamment l’Union européenne. La Chine le répète pourtant : il n’y a, selon elle, « pas de gagnants dans une guerre commerciale » et elle reste, officiellement, ouverte au dialogue.
A rappeler que l’annonce des droits de douanes du président américain a provoqué un séisme sur les Bourses mondiales, lundi 7 avril 2025. On a même assisté à un « lundi noir » sur les marchés financiers, un minikrach boursier, tant les secousses sont importantes. Les investisseurs sont extrêmement nerveux et anticipent leurs pertes, tandis que Donald Trump entend persister sur sa voie.