Le débat de mardi soir, marqué par de vifs échanges et des attaques d’ordre personnel, a vu K. Harris maîtriser la situation, tandis que D. Trump s’est retrouvé sur la défensive, ont rapporté les médias. Bien qu’il n’y ait pas encore de sondages post-débat, le Washington Post rapporte que de nombreux électeurs encore indécis ont changé d’avis en sa faveur après le débat, car elle a réussi à « atteindre Trump » par des provocations ciblées.
Selon le Post, même les électeurs indécis des groupes de discussion qui ont suivi le débat ont estimé que K. Harris avait réalisé une meilleure performance, indépendamment de la façon dont ils prévoient de voter en novembre. « Elle a prouvé qu’elle était l’adversaire que (le président américain Joe) Biden n’avait pas la capacité d’être lorsque lui et Trump se sont rencontrés, 75 jours auparavant, lors du débat qui a sonné le glas de la candidature du président », a également rapporté le journal.
Quelques semaines après sa piètre prestation lors de ce débat, Joe Biden s’est retiré de la course et a soutenu la candidature de K. Harris pour lui succéder, ce qui a conduit à la course actuelle entre K. Harris (Parti démocrate) et D. Trump (Parti républicain).
Selon le New York Times, K. Harris a « dominé le débat dès le début », tendant des pièges à D. Trump, qui a « mordu à l’hameçon » à plusieurs reprises. Le journal ajoute que Trump, qui « s’est retrouvé sur la défensive », a passé une grande partie de la soirée à ressasser ses anciens griefs au lieu de se livrer à des attaques ciblées contre son adversaire. « Pendant la majeure partie du débat, Mme Harris a laissé parler son langage corporel pour exprimer ses sentiments à l’égard de M. Trump : elle a mis sa main sur son menton, a ri et s’est pincé les lèvres d’un air perplexe. M. Trump, qui semblait vouloir éviter de regarder dans la direction de Mme Harris, a exprimé ses sentiments en criant dans le microphone ».
Le The New Yorker s’est fait l’écho de ce sentiment, qualifiant la prestation de Trump de « vraiment, vraiment mauvaise ». Le magazine a souligné la tactique de K. Harris consistant à appâter D. Trump, expliquant que « son adversaire allait toujours mordre à l’hameçon », ce qui allait l’amener à s’écarter du sujet et à perdre son sang-froid. « Trump était tellement mal préparé pour le débat que lui-même ne semblait pas savoir ce qu’il disait à certains moments », a ajouté le magazine.
Pour sa part, The Guardian, quotidien britannique, a décrit D. Trump comme n’ayant pas réussi à atteindre le seuil minimal qu’il s’était fixé, alors que K. Harris l’a qualifié à plusieurs reprises d’égoïste, de malhonnête et de faible, ce qui l’a poussé à exploser de frustration. Les attaques de K. Harris semblent avoir le plus touché D. Trump sur les questions de l’ego et de la force, le laissant « vociférer et pester », selon le quotidien. « Un ami expert en psychanalyse avec qui j’ai regardé le débat a décrit les tactiques de Harris comme une sorte de `castration symbolique’. Trump a réagi presque comme si il s’agissait d’une vraie (castration) », ajoute The Guardian.
Selon CNN, D. Trump a « mordu à l’hameçon » de K. Harris, réagissant violemment à ses piques, tandis que cette dernière a maintenu le contrôle par des expressions calmes, des sourires et des silences, soulignant sa confiance tout au long de la soirée. « Trump a souvent perdu le contrôle de la situation. Il a insisté de manière véhémente et répétée sur toute une série de contre-vérités comme étant fondées », a souligné le média.
Le Time Magazine a quant à lui souligné le sang-froid calculé de K. Harris, observant qu’alors que D. Trump était « grincheux et insensible », K. Harris « attendait son heure » et laissait D. Trump tomber dans ses pièges, la décrivant comme « posée » et « préparée » dans sa stratégie.
Alors que D. Trump parlait avec mépris de K. Harris, elle a systématiquement « déconstruit sa rhétorique », commente le journal, qui ajoute que « Harris savait exactement ce qu’elle faisait : en faisant en sorte que l’ego de Trump prenne le pas sur les problèmes réels, elle a montré toute la mesquinerie de ce dernier. Et pour les millions d’électeurs qui ont vu Harris dans un tel environnement pour la première fois, il est impossible d’imaginer une meilleure première prestation ».
Un débat entre les candidats à la vice-présidence, le sénateur républicain JD Vance et le démocrate Tim Walz, gouverneur du Minnesota, doit avoir lieu le 1er octobre, mais aucun autre débat n’est prévu entre Trump et Harris.
Après le débat de mardi, l’équipe de K. Harris a déclaré qu’elle était prête à débattre à nouveau, mais l’équipe de D. Trump n’a pas encore fait savoir si elle était également disposée à le faire.
