Ahmad al-Charaa,alias al-Joulani, chef du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui domine la coalition après la chute de Bachar al-Assad début décembre, a indiqué qu’après les consultations à venir avec les responsables de la défense et de l’armée sur une nouvelle structure militaire, les « factions armées (allaient) commencer à annoncer leur dissolution et à entrer » dans l’armée. « Nous ne permettrons absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État (…), qu’elles proviennent des factions révolutionnaires ou des factions présentes dans la zone des FDS (Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, ndlr) », a affirmé M. al-Charaa lors d’une conférence de presse aux côtés de Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères.
Ankara, qui soutient le nouveau pouvoir syrien, considère les FDS, soutenue par les États-Unis, comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Nous nous efforçons de protéger les confessions et les minorités contre tout conflit entre elles », et contre les acteurs « extérieurs » qui tentent d’exploiter la situation « pour provoquer une discorde sectaire », a ajouté M. al-Charaa, ajoutant que la Syrie était « un pays pour tous » où « nous pouvons coexister ensemble ».
H. Fidan a déclaré de son côté que le président élu américain Donald Trump savait qu’il ne fallait pas qu’il continue de soutenir les combattants kurdes au détriment des besoins de sécurité de la Turquie, son allié au sein de l’OTAN. « Lorsqu’on regarde les intérêts de l’Amérique, lorsqu’on fait un calcul pour voir si la Turquie ou une organisation terroriste comme le PKK est plus importante, M. Trump comprend immédiatement l’équation ici », a-t-il dit.
Le ministre turc a également appelé à ce que les sanctions contre la Syrie doivent être levées « dès que possible afin que les services puissent être fournis ». « La communauté internationale doit être totalement mobilisée pour que la Syrie se remette sur pied et que les personnes déplacées retournent dans leur pays », a-t-il poursuivi.
La Turquie avait rejeté mercredi les propos de D. Trump,qui a qualifié la victoire des rebelles en Syrie le 8 décembre de « prise de pouvoir inamicale » par Ankara.
Daech revivifié :
Dans le sillage de la prise de pouvoir des islamistes à Damas, des terroristes vite « blanchis » par des pays occidentaux, USA en tête, et des pays de la région, les jihadistes de Daech, encore présents dans le désert syrien, profitent du chaos pour saisir une opportunité de redevenir actif. Le journal britannique The Times a évoqué dans un article du 21 décembre de sérieuses inquiétudes à l’heure où les Syriens célèbrent le départ de Bachar el-Assad, soulignant qu’il existe une bonne opportunité pour le retour de l’État islamique pour se reconstruire, se rassembler et commettre de nouveaux attentats.
Le journal a rapporté une déclaration de Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, dans laquelle il a déclaré que « le plus grand danger que je vois est le retour de l’EI, parce que l’EI veut profiter de tout vide ou instabilité en Syrie ».
The Times a constaté que Daech est réapparu en Syrie au cours de l’année écoulée, estimant qu’il s’agit d’une « tendance inquiétante qui a échappé à l’attention de beaucoup ». Le journal a également averti que le mouvement terroriste a multiplié ses activités, soulignant que « nous ne devons pas nous tromper, car l’EI est à nouveau en hausse, comme en témoignent les près de 700 attaques menées par l’organisation en Syrie cette année seulement », soit une multiplication par trois par rapport à l’année précédente.
L’organisation compte toujours 2 500 combattants entre la Syrie et l’Irak, avertissant que ce nombre va augmenter à mesure qu’elle « recrute de nouveaux membres et accroît sa propagande pour tirer profit du chaos qui entoure la Syrie ». Elle a souligné que le groupe terroriste est actif dans le désert central de la Badia, organisant des cellules dormantes, lançant des attaques éclair et des embuscades meurtrières et assassinant des chefs de tribus et de clans syriens qui s’opposent à l’organisation.