Le geste européen se veut fort pour démontrer la constance du soutien apporté à l’Ukraine. « Nous voulons montrer à la Russie qu’elle ne doit pas compter sur notre lassitude », a affirmé lundi Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères. Son homologue allemande, Annalena Baerbock, demande un plan de protection hivernal pour aider l’Ukraine face à de nouveaux bombardements russes sur ses infrastructures énergétiques.

L’UE cherche à minimiser la mauvaise nouvelle de l’élection en Slovaquie voisine de Robert Fico, pro-russe, et à asseoir son rôle de soutien stable à l’heure où les problèmes budgétaires américains mettent entre parenthèse l’aide US à Kiev.

Depuis le début de la crise en Ukraine en février 2022, les Européens ont réussi à maintenir leur unité face à Moscou et leur soutien à l’Ukraine. Les Européens qui suivent l’Ubris de Washington, leur vassalisation ne faisant plus de doute, font monter les enchères. De l’autre côté de l’Atlantique, on tente de rassurer Kiev. Le président russe Vladimir « Poutine se trompe s’il pense qu’il va tenir plus longtemps que nous », a dit lundi une porte-parole de la Maison Blanche, interrogée sur le soutien occidental à l’Ukraine. Le Kremlin a assuré lundi que la « lassitude » du soutien à l’Ukraine allait grandir chez les Occidentaux, au lendemain d’un accord budgétaire provisoire au Congrès américain qui laisse de côté le financement de l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine.

A rappeler que le soutien militaire apporté à Kiev ne faiblit pas. Ainsi, dans le sillage de la visite de Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, en Ukraine, le 29 septembre, les industriels français ont fait le plein de commandes. Canons Caesar, ponts flottants et drones d’observations, figurent dans les carnets de commande. Mais derrière ces contrats, une nouvelle dynamique se dessine. Kiev ne cache pas son ambition d’étoffer sa base industrielle et technologique de défense et invite les industriels occidentaux à produire désormais sur place. Les Français ne sont pas l’exception, puisque l’allemand Rheinmetall souhaite implanter en Ukraine au moins une usine d’engins blindés. Le britannique BAE Systems, lui aussi, veut produire sur place des canons légers. Et récemment, Kiev et Stockholm ont indiqué avoir trouvé un accord pour produire conjointement des véhicules de combat d’infanterie…

Difficultés momentanées ?

Pour l’heure, force est de souligner que les fonds d’aide à la sécurité sont presque épuisés, a affirmé un responsable du Pentagone, alors que le Congrès a suspendu le soutien américain à l’Ukraine pour éviter un « shutdown » de l’administration fédérale. Les États-Unis ne pourront pas répondre aux besoins militaires de l’Ukraine si aucun nouveau financement n’est voté, a déclaré Michael McCord, sous-secrétaire à la Défense, dans une lettre adressée au Congrès. « Aujourd’hui, le département de la Défense a épuisé presque tous les fonds disponibles pour l’aide à la sécurité de l’Ukraine […] Sans financement supplémentaire, nous serions obligés de retarder ou de réduire l’aide destinée à répondre aux besoins urgents de l’Ukraine, notamment en matière de défense aérienne et de munitions. Des besoins critiques à l’heure où la Russie se prépare à mener une offensive hivernale », explique ainsi M. McCord dans sa lettre. Le responsable US souligne encore que le manque de financement déteindrait sur l’achat d’obus de 155 mm, la livraison de drones, de pièces de rechange ou sur la formation des troupes ukrainiennes.

Cette déclaration qui survient alors que les parlementaires viennent justement de suspendre le financement à l’Ukraine pour éviter à l’administration fédérale de subir un « shutdown », qui aurait laissé des milliers de fonctionnaires au chômage technique. Le Pentagone redoute notamment que Kiev se retrouve à court de munitions et de systèmes antiaériens, alors que la Russie pourrait lancer une offensive hivernale.

Le Congrès US avait voté le 30 septembre, in extremis, une mesure permettant d’éviter le « shutdown » de l’administration fédérale. Les parlementaires avaient tout mis en œuvre pour soulager le budget et s’octroyer une période de répit de 45 jours. Pour cela, les financements à l’Ukraine ont notamment été suspendus.

Joe Biden, président américain, s’est dans un premier temps réjoui du vote du Congrès, saluant une mesure permettant d’éviter « une crise inutile qui aurait infligé des souffrances inutiles à des millions d’Américains qui travaillent dur ». Le dirigeant a par la suite voulu rassurer Kiev, assurant que cette séquence ne signait pas la fin du soutien américain. « Nous n’abandonnerons pas » l’Ukraine, a-t-il ainsi déclaré.

Alors que l’Occident apporte une aide massive à Kiev, tout matériel militaire, fourni à l’Ukraine, est considéré par Moscou comme cible légitime, a fait savoir à plusieurs reprises la Russie. C’est ce qui a été prouvé sur le terrain, la Défense russe rapportant quotidiennement la destruction de telle ou telle arme occidentale lors des combats.

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