Evoquant les détails de la réunion, il a révélé que les discussions ont porté sur des principes de la transition du pouvoir en Syrie, les développements régionaux, ainsi que sur la lutte contre Daech et les questions liées au sort d’un « journaliste disparu et de citoyens américains disparus à l’époque du régime précédent ». Selon Barbara Leaf, secrétaire d’État adjointe américaine, les représentants de HTC se sont engagés « à ne pas permettre aux groupes terroristes d’opérer en Syrie d’une manière qui menacerait la États-Unis et les pays voisins ». Elle a assuré avoir informé A. al-Charaa que Washington allait suspendre la récompense qui avait été fixée pour son arrestation, d’un montant de 10 millions de dollars à quiconque fournirait des informations conduisant à son arrestation au motif que son groupe « avait mené de multiples attaques terroristes dans toute la Syrie ».

L’agence de presse française AFP a qualifié la rencontre de la délégation américaine arrivée à Damas, la capitale syrienne, avec le chef du département des opérations militaires, d’étape « positive ». Dans le même contexte, le site américain Axios a cité un responsable américain affirmant que la rencontre entre la délégation et Al-Charaa était « bonne et utile ».

Pendant ce temps, l’ambassade américaine à Damas a annoncé l’annulation d’une conférence de presse pour la délégation américaine, pour des « raisons de sécurité ». Ces derniers jours, Anthony Blinken, secrétaire d’État, avait annoncé que « Washington a pris des contacts directs avec Hayat Tahrir al-Cham ».

L’administration Biden avait envisagé de retirer cette organisation de la liste des organisations terroristes américaines, « afin de la traiter plus en profondeur », selon le  Washington Post.

Au lendemain de cette rencontre, Esaad Hassan Sheibani a été nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement intérimaire syrien. Selon les informations obtenues de sources diplomatiques samedi, le commandement des opérations militaires, à l’origine du renversement du régime baasiste en Syrie, a annoncé cette nomination. Né en 1987 à Hassaké, E. H. Sheibani, diplômé de la faculté des arts et des sciences de l’université de Damas, département de la langue et de la littérature anglaises, a participé aux mouvements populaires contre le régime en Syrie en 2011. Depuis, il a été désigné chef des affaires politiques de l’administration civile à Idlib et responsable des relations avec les représentants des gouvernements et institutions étrangers, ainsi que du travail des agences des Nations unies et des organisations d’aide internationale.

Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a affirmé vendredi que « les groupes kurdes doivent être désarmés et intégrés dans l’armée nationale en Syrie ». Elle a souligné que « la sécurité de la Turquie ne devrait pas être menacée par le nord de la Syrie ». Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères a déclaré à son homologue allemand que « le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Forces de protection du peuple doivent déposer les armes et dissoudre les deux groupes ». Il y a quelques jours, A. Berbock a noté que « la Syrie ne doit pas tomber entre les mains d’autres extrémistes, sous quelque forme que ce soit », appelant « toutes les parties à assumer toutes leurs responsabilités envers tous les Syriens ».

Plus tôt dans la journée, le président turc a annoncé que son pays « aiderait la nouvelle administration syrienne à construire la structure de l’État et à rédiger une nouvelle constitution », ajoutant « qu’Ankara communiquait avec Damas à ce sujet ». Recep Tayyip Erdogan a annoncé que « Fidan se rendrait prochainement à Damas pour discuter de la nouvelle structure », mais il n’est pas entré dans les détails, espérant que « la formation de la nouvelle administration syrienne, dirigée par Ahmed Al-Sharaa (alias Al-Julani), conduirait à une nouveau niveau de relations bilatérales ». Il y a quelques jours, le président turc a affirmé que son pays  « a mis tout en œuvre pour construire une Syrie libérée du terrorisme », suite à la prise du pouvoir par l’opposition syrienne à Damas.

Le comité de rédaction du journal britannique Financial Times a publié il y a quelques jours un rapport dans lequel il évoquait la crainte des Kurdes syriens que l’administration du prochain président américain, Donald Trump, les abandonne, comme cela s’est produit avec les Kurdes irakiens, abandonnés par Washington après avoir atteint ses objectifs.

Go home !

Il convient de noter que les forces de l’opposition syrienne sont entrées dans Damas dimanche soir et ont pris le contrôle des institutions gouvernementales et des quartiers généraux de la sécurité sans combat.

Dans une première réaction à l’occupation par l’armée israélienne de plusieurs centaines de kilomètres carrés dans le sud syrien, deux manifestations ont eu lieu et dans le sud de la Syrie pour réclamer le retrait israélien des territoires occupés ces derniers jours. Une manifestation a eu lieu à al-Rafid, localité limitrophe du Golan syrien occupé, dans la province sud de Quneitra. Ce village a fait l’objet d’une incursion israélienne au cours de laquelle plusieurs maisons et installations ont été détruites. Ses notables ont rencontré des militaires israéliens en leur demandant de partir. Leur demande a été refusée sous prétexte de sécuriser les frontières. Le maire du village a assuré avoir refusé de serrer la main de l’officier israélien.

Le second rassemblement s’est déroulé dans le bassin de Yarmouk du gouvernorat de Deraa, à proximité de la caserne al-Jazirat pour réclamer le départ des soldats de l’occupation qui y sont stationnés. Les manifestants qui brandissaient le nouveau drapeau syrien arboraient des pancartes avec les slogans « Non à la présence israélienne sur notre terre ». Les soldats ont tiré depuis la caserne pour disperser les manifestants. Un Syrien a été blessé. Des drones armés ont survolé cette région, semant la panique parmi eux. Les soldats de l’occupation procèdent à des opérations d’incursion, de fouilles de maisons et d’arrestations continues dans les villages des gouvernorats de Quneitra et de Deraa. Aucune assistance ne leur est procurée de la part des nouveaux dirigeants de Damas.

Les notables de la zone tampon qui a été occupée dans le gouvernorat de Quneitra ont publié un communiqué réclamant le retrait des forces d’occupation derrière les lignes frontalières. En dépit de ces appels, les infiltrations israéliennes dans le sud syrien se poursuivent. Leurs forces ont pénétré ces dernières heures dans le buisson al-Shahar et la réserve naturelle de Jubata Al-Khashab, dans la campagne nord de Quneitra. En même temps, elles ont opéré une incursion parallèle en direction des villes voisines de Taranja et Ovania.

L’armée israélienne a étendu son incursion dans le sud de la Syrie, en partant de la ville de Sidon vers l’est, jusqu’à une profondeur de 9 km. Elle a atteint 3 plans d’eau importants dans la région : Cheikh Hussein, le barrage de Sahm al-Golan, et al-Bakkar al-Gharbi.

Ayant détruit toutes les positions militaires syriennes situées sur les hauteurs de Jabal al-Cheikh et les plateaux de Quneitra et Deraa, l’armée d’occupation occupe plus de 500 km2 du sud syrien, sans rencontrer aucune résistance. Selon le site d’information Walla, l’armée israélienne se prépare pour rester longtemps en Syrie, en dépit des appels de dirigeants européens qui leur demandent de quitter les territoires syriens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré il y a deux jours que l’armée se prépare pour rester dans la région syrienne de Jabal al-Cheikh et la zone tampon jusqu’à la fin de l’an 2025. Avant le lancement de l’offensive terrestre, il s’était retiré de l’accord de désengagement conclu en 1974. Le nouveau maitre de Damas, A. al-Charaa, a assuré la semaine passée « qu’il n’est pas question d’entrer en conflit avec Israël ni de lancer une bataille contre lui ».

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