« La conférence est un plaidoyer en faveur du droit au retour des Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf en Algérie », a indiqué Abdelouahab Gaïn, président de l’Association qui a pris part au raout genevois. « Ces camps sont le théâtre de violations fréquentes des droits humains, telles que les assassinats extrajudiciaires, les disparitions forcées, les viols, la torture et les traitements dégradants portant atteinte à la dignité humaine », a-t-il expliqué, rapporte notre confrère Yabiladi.
A. Gaïn a signalé que « les participants ont exhorté la communauté internationale à intervenir pour garantir une protection aux séquestrés des camps de Tindouf, conformément aux mécanismes des Pactes des droits de l’Homme et aux résolutions du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.» Précisant qu’un appel a été adressé aux rapporteurs spéciaux des Nations unies chargés des questions des droits de l’Homme pour inciter l’Algérie à procéder à un recensement des séquestrés.
Le président de l’ONG a déploré que la population des camps ne bénéficie pas encore du « statut de réfugié, conformément à la Convention internationale de Genève de 1951 et au Protocole facultatif de 1967, relatifs aux réfugiés. Un statut qui offre aux déplacés le choix entre le retour dans leur pays d’origine et la résidence dans un autre pays ». Ce Sahraoui a souligné que les habitants des camps de Tindouf sont également privés par les autorités algériennes et les milices du Polisario du droit à la libre circulation. Ils doivent obtenir des autorisations, délivrées au compte-gouttes par l’Algérie et le Front Polisario, pour pouvoir quitter les lieux.
De Mauritanie, une autre voix s’est aussi élevée à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 20 juin chaque année. Il s’agit de Mustapha Salma, opposant à la direction du Polisario depuis l’automne 2010, qui a rappel, les résolutions du Conseil de sécurité exhortant l’Algérie à enregistrer les Sahraouis des camps de Tindouf. « Le statut de réfugié est un contrat entre le pays d’accueil et le demandeur d’asile, par l’intermédiaire du bureau de la représentation du HCR (Haut-Commissariat des Réfugiés). Une fois la requête acceptée, le bureau du HCR devient alors responsable du réfugié, en coordination avec le pays d’accueil et ses institutions », a-t-il expliqué sur les réseaux sociaux.
Une perspective redoutée des séparatistes. « Privé de son autorité sur les Sahraouis des camps de Tindouf, le Front Polisario ne pourra plus recruter les réfugiés ni les utiliser dans son projet politique à sa guise », a souligné cet exilé en Mauritanie.
La faim à Tindouf
« La crise humanitaire s’aggrave » dans les camps de Tindouf, ont relevé plusieurs agences de l’ONU. « Les résultats préliminaires d’une récente enquête nutritionnelle menée par dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en Algérie, montrent une grave détérioration de l’état nutritionnel de la population réfugiée, en particulier chez les enfants et les femmes. Ces résultats font craindre une situation d’urgence nutritionnelle potentielle dans l’une des situations de crise les plus prolongées au monde », alerte l’organisation mondiale.
« Le taux de malnutrition aiguë globale (GAM) atteint 13,6%, le chiffre le plus élevé observé depuis 2010. Et selon les standards de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le GAM a atteint des niveaux critiques ».
Cette crise humanitaire « met en péril la santé et la survie des enfants de moins de cinq ans. Un enfant sur trois souffre de retard de croissance, ce qui évoque une malnutrition chronique. De plus, 65% des enfants et 69% des femmes en âge de procréer et qui ne sont pas enceintes présentent des cas d’anémie. Autre fait alarmant, seuls 25% des ménages bénéficient d’une alimentation jugée acceptable », alertent encore les Nations unies.
Ce constat intervient alors que les traditionnels donateurs au Polisario ne se bousculent plus au portillon pour envoyer des aides. « Seulement 34% des 103,9 millions de dollars nécessaires pour le Plan de Réponse aux Réfugiés Sahraouis (2024-2025, ndlr) ont été mobilisés », reconnaît Savina Ammassari, coordonnatrice résidente des Nations unies en Algérie.
Les agences onusiennes n’ont aucun rôle dans le processus de la réception, le transport et la distribution des aides humanitaires destinées à la population des camps de Tindouf.
Sur ce dossier, le Maroc, via son représentant permanent auprès de l’ONU, avait à maintes fois dénoncé, le détournement massif et systématique par les dirigeants du Polisario des aides humanitaires destinées aux populations des camps de Tindouf. Malgré les résolutions du Conseil de sécurité, l’Algérie refuse d’autoriser les agences de l’ONU à opérer un recensement des Sahraouis des camps de Tindouf.