Près d’un an après leur dernière entrevue à Alger, la réunion entre A. Tebboune et B. Ghali n’est pas anodine d’autant qu’elle s’est tenue sans la participation du général Said Chengriha, chef d’état-major et cheville ouvrière du système algérien. Le 17 avril 2024 à Alger, à la veille d’une session du Conseil de sécurité consacrée à la question du Sahara, les deux hommes qui cultivent une animosité proverbiale à l’endroit du Royaume, avaient établi un plan de bataille pour faire avancer les pions du séparatisme. Sans succès. Aujourd’hui, cette rencontre prend une autre dimension avec les succès diplomatiques engrangés par Rabat pour consolider son intégrité territoriale. En effet, au-delà de la nouvelle partition jouée par la France dans ses relations avec le Royaume, laquelle reconnait sans ambages la marocanité du Sahara marocain, il y a lieu de souligner que la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le dossier saharien n’a pas manqué de faire la part belle au projet de règlement présenté par Rabat pour boucler ce chapitre conflictuel qui dure depuis près d’un demi-siècle.
Même Staffan de Mistura, envoyé personnel du SG de l’ONU, a fini par conclure de la pertinence de l’offre d’autonomie présentée par le Royaume comme base au règlement de ce dossier.
Voilà qui apporte un nouvel éclairage sur la visite imprévue de B. Ghali au Palais El Mouradia. Visite qui plus est intervient aussi au lendemain d’une réunion à New York entre le coordinateur du Polisario avec la MINURSO et Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix. Une réunion qui intervient dans le sillage des incidents fomentés par les milices du Polisario à l’encontre des agents de la mission de l’ONU déployés dans la région pour superviser le cessez-le-feu que le Polisario a choisi de violer.
Pis, la réunion intervient aussi dans le sillage des déclarations incendiaires de Mustapha Sidi Ali El Bachir, « ministre » du Polisario en charge des « territoires occupés et de la diaspora sahraouie ». Ce dernier a incité les milices du mouvement séparatistes à perpétrer des attentats contre « tout investisseur ou touriste étranger présent dans les territoires occupés ».
« Nous exigeons qu’ils quittent nos terres. Qu’ils ne prétendent pas être innocents ou civils », a-t-il averti. « Ce message doit atteindre les investisseurs et les touristes. Nous sommes en état de guerre et notre peuple souffre », a-t-il déclaré dans des propos diffusés sur les réseaux sociaux.
En décembre 2021, lors d’une réunion en France, le même hère avait déclaré que « la RASD n’est plus un Etat ». Depuis, il est marginalisé mais reste libre dans les camps de Tindouf, grâce à sa fortune, mais aussi à l’influence de sa tribu, les Rguibates-Bouihates, qui le protègent des représailles des autorités algériennes.
Aides problématiques
Le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en Algérie a lancé un appel pressant aux donateurs internationaux pour qu’ils accroissent leur soutien aux Camps de Tindouf. « Nous avons besoin de 100 millions de dollars par an pour fournir une assistance adéquate aux réfugiés sahraouis », a déclaré Alistair Alan Boulton jeudi 30 avril, lors d’un entretien avec un média algérien. Il a déploré que ce montant n’ait pas encore été atteint à ce jour.
Ces propos devraient conforter la direction des séparatistes dont les porte-paroles réclament sans cesse une augmentation des aides humanitaires pour les camps de Tindouf.
De son côté, le Maroc rejette cette version des faits. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité lundi 28 avril, le représentant permanent du royaume auprès de l’ONU a affirmé que « l’Algérie ne coopère aucunement avec les agences des Nations Unies et les partenaires humanitaires pour garantir l’accès des populations des camps de Tindouf aux services de base ». Omar Hilale a également souligné que « l’Algérie refuse au Haut-Commissariat aux réfugiés de procéder au recensement et à l’enregistrement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf depuis plus de 50 ans, malgré les injonctions claires du Conseil de sécurité depuis 2011 ».
« L’absence de recensement favorise le détournement de l’aide humanitaire, ce qui a poussé les agences et ONG à réduire le volume de leur assistance », a fait valoir le diplomate marocain.
Pour rappel, lors de la dernière session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui s’est tenue en mars à Genève, plusieurs ONG internationales avaient accusé le gouvernement algérien de « détourner les aides » destinées à la population sahraouie des camps de Tindouf.
Les opérations de réception dans les ports algériens, ainsi que le transport et la distribution des tonnes d’aide humanitaire, sont exclusivement gérées par l’Algérie et le Polisario, sans la moindre implication de l’UNHCR dans les camps de Tindouf.