« Aujourd’hui, notre beau ciel ukrainien devient plus sûr car les systèmes de défense antiaérienne Patriot sont arrivés en Ukraine », s’est félicité, mercredi, sur Twitter, Oleksiï Reznikov, ministre ukrainien de la Défense, remerciant les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas pour « avoir tenu parole ». Washington s’était engagé à la mi-décembre 2022, lors de la visite historique de Volodymyr Zelensky aux États-Unis, à fournir son système sophistiqué de défense antiaérienne Patriot, au moment où la Russie pilonnait les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Ce système va renforcer « de manière significative » la défense ukrainienne face aux attaques russes, s’était alors réjoui le président ukrainien, assurant que cet équipement serait uniquement utilisé de manière « défensive » et non pour frapper le territoire russe. Dans la foulée, le président russe avait, lui, affirmé que son armée trouverait un « antidote » pour contourner ce système avancé.
Le 20 janvier, les Pays-Bas avaient annoncé qu’ils allaient fournir à l’Ukraine « deux lanceurs » Patriot et les missiles intercepteurs qui vont avec, dans le cadre d’une « livraison conjointe » avec les États-Unis et l’Allemagne. Berlin s’était engagé à fournir un de ces systèmes le 5 janvier.
L’armée ukrainienne a également annoncé, mercredi, avoir déployé des chars de combat légers français AMX-10 RC, notamment utilisés pour des « missions de reconnaissance », sans en préciser le nombre. Les États-Unis sont à la tête d’une campagne internationale d’aide à l’Ukraine, après avoir formé rapidement une coalition de dizaines de pays pour soutenir Kiev depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
En plus des systèmes Patriot, les Occidentaux ont prévu de fournir notamment des chars à Kiev pour l’aider à mener une contre-offensive dans les prochains mois dans le but de reconquérir les territoires occupés dans l’est et le sud. De son côté, Moscou a dénoncé à plusieurs reprises l’interventionnisme de Washington, estimant que l’Otan, avec à sa tête le rival américain, menait une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine.
A signaler que la Corée du Sud voit de se joindre à la coalition occidentale. Jusqu’ici, Séoul ne souhaitait pas se fâcher avec Moscou en aidant militairement l’Ukraine, notamment à cause du soutien que Vladimir Poutine pourrait apporter à Pyongyang en retour. La Corée du Sud se contentait donc de vendre ses armes à des membres de l’Otan, dont la Pologne, voisine de la Russie.
Mais les dossiers du Pentagone ayant fuité dernièrement font mention de pressions US pour que la Corée du Sud envoie de l’armement en Ukraine. Cette dernière a particulièrement été sollicitée pour de l’équipement antiaérien et des munitions d’artillerie.
Le soutien militaire à l’Ukraine, insiste le président sud-coréen interviewé par Reuters, est soumis à condition : « S’il existait une situation que la communauté internationale ne peut tolérer, comme une attaque à grande échelle contre les civils, un massacre ou une violation sérieuse du droit de la guerre, il pourrait être difficile d’insister pour ne fournir qu’une aide humanitaire ou financière », justifie-t-il. Mais il est difficile de savoir ce que Yoon Suk-yeol entend par ces termes. Le sujet sera probablement discuté lors de la rencontre avec Joe Biden à la Maison Blanche le 26 avril pour célébrer les 70 ans de l’alliance entre les deux pays.
Des propos qui ont fait réagir au Kremlin. « Malheureusement, Séoul a pris une position assez inamicale dans toute cette histoire », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. « Le début de livraisons d’armes signifierait indirectement un certain degré d’implication dans ce conflit », a-t-il prévenu. « On a désormais de nouvelles personnes qui souhaitent aider nos ennemis », a également commenté, sur Telegram cette fois, Dmitri Medvedev, ex-président russe. « Je me demande ce que diront les habitants de ce pays quand ils verront les armes russes les plus modernes chez leurs voisins les plus proches, nos partenaires de la Corée du Nord », a-t-il ajouté.