« La veille de l’événement, les sources disponibles n’ont pas été en mesure de fournir les informations requises », admet le rapport de l’enquête. Citant entre autres que le nombre limité de sources humaines disponibles la nuit de l’attaque n’étaient pas efficaces, car l’une d’entre elles a menti à l’officier des renseignements israéliens, tandis qu’une autre n’était pas au courant des plans du Hamas, tandis que d’autres n’ont pas pu communiquer ou n’ont pas répondu aux appels.

L’enquête a également mis en évidence d’autres facteurs qui ont affecté la collecte des renseignements, notamment une opération menée par une unité spéciale israélienne à Khan Younès en 2018. Elle s’était soldée par la dénonciation des forces israéliennes à l’intérieur de la bande de Gaza, ce qui a en plus entravé la liberté de mouvement à l’intérieur pour recruter et opérer des agents et imposé des restrictions à son travail. Il en a découlé « une détérioration de la qualité des informations de renseignement », a conclu l’enquête. Toutefois, le rapport indique que les outils à la disposition de l’agence « auraient fourni une image plus claire s’ils avaient été pleinement exploités la nuit précédant l’attaque ».

Concernant les avertissements reçus avant l’attaque, l’enquête a expliqué qu’ils « n’ont pas été traduits en directives opérationnelles » et que l’envoi de l’unité de sécurité Tequilla sur le terrain, malgré leur contribution aux combats, « n’a pas été suffisant pour empêcher l’ampleur de l’attaque ». Cette unité affiliée au Shin Bet a été conçue pour éliminer les résistants palestiniens en Cisjordanie occupée.

Tout en admettant sa responsabilité pour avoir sous-estimé les capacités du Hamas, le Shin Beth a toutefois fait allusion à une responsabilité qui incombe au Premier ministre Benjamin Netanyahu. Lui reprochant d’avoir mis au point « une politique inadéquate pendant des années ».

Selon le Haaretz, l’enquête rapporte que Ronen Bar, chef du Shin Bet, avait en mai 2023, après l’offensive contre le Jihad islamique, prévenu que le Hamas serait le défi prochain et qu’il fallait bombarder la bande de Gaza. Elle révèle que B. Netanyahu lui a répondu par la négative affirmant que « le Hamas est dissuadé ». Mais le bureau du Premier ministre a démenti les révélations de R. Bar, arguant qu’il lui a plusieurs fois assuré pendant leurs réunions que le Hamas était dissuadé et cherchait à maintenir la stabilité à Gaza. Il a aussi critiqué les conclusions de l’enquête du Shin Beth au motif « qu’elles ne répondent pas aux questions ».

La publication de ces enquêtes par l’armée puis par le Shin Bet ne manquent pas de susciter des remous au sein de la classe politique et de la population. B. Netanyahu envisage de révoquer R. Bar dans les prochaines semaines, selon la chaine 12 de télévision israélienne. Plusieurs responsables de ce service ont déjà présenté leur démission. Les chefs de l’opposition Yaïr Lapid et Benny Gantz ont exigé des excuses de la part de B. Netanyahu, l’accusant de vouloir imputer aux autres protagonistes l’échec du 7 octobre.

Au sein de l’opinion publique, de plus en plus d’Israéliens insistent en faveur de la formation d’une commission d’enquête officielle sur l’attaque du 7 octobre. Plus de 75% selon un sondage de Channel 12. Ils sont aussi 60% à réclamer la démission de B. Netanyahu et de son gouvernement et 64% à estimer que le chef du Shin Bet devrait aussi subir le même sort.

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