Le directeur de la Sécurité générale du nouveau régime en place à Homs a déclaré lundi la fin de l’opération de ratissage des quartiers de cette ville assurant avoir réalisé ses objectifs. Des suspects ont été arrêtés pour être traduits devant la justice tandis que d’autres ont été relâchés, a rapporté l’agence syrienne officielle Sana. Il est question que sur les 650 personnes qui ont été arrêtées, 150 sont encore séquestrées.

Selon des habitants de la ville de Homs, rapporte le journal al-Akhbar, des actes de vengeance ont été perpétrés dans certains quartiers, au cours desquels plusieurs citoyens ont été tués. Dans la nuit de samedi à dimanche, la sœur et la tante du chanteur Baha al-Youssef ont été poignardées jusqu’à la mort et que son jeune neveu a été grièvement blessé. Il était connu pour ses prises de position pro Assad.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ce crime a été largement condamné parmi les habitants de la ville. On rapporte aussi que des hommes armés encagoulés de l’Administration militaire du régime en place ont ouvert le feu, attaqué certaines maisons et ont arrêté un certain nombre d’officiers. Des images postées sur les réseaux sociaux ont montré une rangée de militaires capturés obligés d’émettre des sons comme le braiment des ânes.

Le Groupe de la paix civile à Homs, formé d’activistes, a révélé dans un communiqué que pendant les perquisitions dans les maisons, des questions humiliantes étaient posées sur l’appartenance communautaire de ses occupants. Dans certains cas, des femmes ont été insultées parce qu’elles ne portaient pas de voile. Le Groupe rapporte que les instruments de musique ont été cassés, et les téléphones portables fouillés pendant les perquisitions. Indiquant qu’il y a eu 118 arrestations, il a réclamé aux nouvelles autorités de révéler la liste des personnes arrêtées et d’informer leur famille de l’endroit de leur séquestration.

Faillite économique

Sur un autre plan, Maher Khalil al-Hassan, ministre du Commerce du nouveau gouvernement syrien, a mis en garde que la Syrie sera confrontée à un « désastre » si les sanctions américaines sont maintenues. « Damas est incapable de conclure des accords pour importer du carburant, du blé ou d’autres produits importants en raison des sanctions américaines strictes contre le pays, malgré la volonté de nombreux pays, y compris les États du Golfe, de fournir ces produits à la Syrie », a-t-il déclaré pour Reuters.

Indiquant que les réserves actuelles de blé de la Syrie suffisent pour répondre aux besoins du pays pendant cinq mois, al-Hassan a indiqué que les subventions au pain seront supprimées d’ici un mois ou deux au maximum. « Le coût de production d’un kilo de pain sur le marché libre est de 40 centimes, alors qu’il est actuellement vendu à 20 centimes », a-t-il souligné.

Il a également révélé une hausse des salaires de 400 % dans les prochains jours, espérant que cela se produise avant le 15 janvier ou début février au plus tard.

Le site Internet du Département du Trésor américain a annoncé que les États-Unis ont délivré une licence générale relative à la Syrie. Cette licence autorise la réalisation de transactions avec les institutions gouvernementales syriennes, certaines transactions énergétiques, ainsi que le transfert de fonds personnels vers la Syrie, notamment via la Banque centrale.

Deraa hors contrôle

Dans le sud de la Syrie, un puissant groupe qui contrôle la région de Deraa n’exclut pas d’intégrer le ministère de la Défense mais dit vouloir garder ses armes, après la décision des nouvelles autorités de dissoudre les formations armées.

Les nouvelles autorités ont annoncé le 25 décembre un accord avec des groupes armés pour leur dissolution, affirmant qu’ils allaient être intégrés au ministère de la Défense. « Nous ne sommes pas convaincus par l’idée de la dissolution des groupes armés », affirme à l’AFP le colonel Nassim Abou Orra, porte-parole de la « Chambre d’opérations du sud » qui regroupe les forces contrôlant la région de Deraa. « Nous sommes une force organisée dans le sud (…) dirigée par des officiers ayant fait défection » de l’armée, explique cet ancien officier dans l’armée d’Assad a fait défection en 2012, lors d’une interview à Bosra, dans le sud de la Syrie. « Nous avons des armes, des équipements lourds, nous pouvons être intégrés au sein du ministère de la Défense (mais) en tant qu’organisme militaire » gardant son intégrité, ajoute-t-il.

Selon lui, la « Chambre d’opérations du sud » regroupe les forces conduites par un chef local, Ahmad al-Audeh, qui comptent « des milliers d’hommes », sans affiliation islamiste. A. Audeh est connu pour ses bonnes relations avec la Russie mais entretient également des liens avec la Jordanie voisine et les Emirats arabes unis, selon des sources proches de sa formation. Les combattants de la « Chambre d’opérations du sud » ont été « les premiers à entrer dans Damas à l’aube » du 8 décembre, raconte le porte-parole.

La coalition conduite par HTC a lancé une offensive éclair fin novembre depuis le nord de la Syrie, qui lui a permis de prendre la ville d’Alep (nord), puis descendre vers le sud en s’emparant de Hama et Homs (centre). « Quand les opérations militaires ont commencé dans le nord par la libération d’Alep, nous avons (…) décidé de commencer à libérer le sud de la Syrie pour arriver jusqu’à Damas », raconte le colonel Abou Orra. L’officier précise que ces forces avaient élaboré leurs propres plans militaires tout en maintenant une « certaine coordination » avec les combattants du nord. Des témoins ont affirmé à l’AFP avoir vu tôt le 8 décembre les hommes d’Ahmad al-Audeh, reconnaissables à leur turban noué, particulier à leur région, déployés autour de la Banque centrale et dans plusieurs quartiers de la capitale. « C’était le chaos mais nous avons pu prendre brièvement le contrôle des institutions vitales pour assurer leur protection », a dit le chef militaire, connu sous le nom d’Abou Hossam.

Le porte-parole a ajouté que ses hommes avaient assuré un temps la sécurité de plusieurs ambassades, notamment celles d’Egypte et de Jordanie, et conduit des diplomates en poste à Damas dans un grand hôtel de la capitale pour les mettre à l’abri. Ils ont également favorisé un passage sûr de diplomates jordaniens vers la frontière de leur pays.

Cette initiative est intervenue à la demande de « plusieurs pays étrangers » ayant appelé son chef, a-t-il affirmé sans autre précision. Lorsque les forces conduites par HTC sont arrivées à Damas l’après-midi du 8 décembre, les combattants du sud ont craint « le chaos ou des affrontements armés » avec elles et sont revenus à Deraa, affirme l’officier. Deux jours plus tard, A. al-Audeh a rencontré le nouveau dirigeant du pays, Ahmad al-Charaa, alias Mohamed A Joulani. Mais il n’a pas pris part à la réunion que ce dernier avait présidée le 25 décembre avec des chefs de plusieurs formations armées qui ont affirmé accepter d’être dissoutes.

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