La mesure figurait en bonne place parmi les projets de société prévus par la nouvelle coalition au pouvoir. L’Allemagne souhaite mettre un terme à la criminalisation de l’usage du cannabis. Le gouvernement estime que la prohibition actuelle est un échec.
La consommation de cannabis a augmenté. Quelque 4 millions de personnes dans le pays ont consommé cette drogue dite douce l’an passé, dont le quart étaient âgées entre 18 et 24 ans. Le marché noir profite de la situation. Les substances vendues ne sont pas toujours de qualité. La protection des plus jeunes n’est pas assurée.
Le projet du gouvernement allemand prévoit l’achat et la possession de 20 à 30 grammes de cannabis et de trois plants par personne pour la consommation personnelle seront autorisés pour les majeurs. Le tout doit se faire de façon contrôlée avec des licences accordées par l’État pour la production comme pour la commercialisation. « Si cette loi voit le jour, il s’agirait de la légalisation la plus libérale en Europe. Mais le marché serait bien plus contrôlé qu’ailleurs. Ce texte pourrait être un modèle pour l’Europe », a assuré Karl Lauterbach, ministre de la Santé. Il a justifié cette réforme par la volonté d’« obtenir une meilleure protection des enfants et des jeunes », jugeant la politique actuelle inefficace, dans un contexte d’augmentation de la consommation de cannabis. Le même responsable veut d’abord savoir si cette réforme est compatible avec le droit européen et international. Une loi ne sera adoptée que si l’Union européenne donne son accord. Si c’est le cas, la légalisation du cannabis pourrait intervenir en 2024.
Si le projet aboutit, l’Allemagne rejoindrait le club des rares pays à être allés jusqu’à légaliser cette drogue, comme Malte en Europe, ou le Canada et l’Uruguay sur le continent américain. Aux Pays-Bas, pays pionnier, posséder, consommer et vendre jusqu’à cinq grammes de cannabis, est toléré depuis 1976 dans les « coffee shops ». De nombreux États l’ont jusqu’ici dépénalisé, en renonçant aux peines de prison envers les consommateurs, ou ont admis seulement sa consommation à des fins médicales…