« Cette nuit, à 3h25, l’ennemi a frappé une installation dans la région de Briansk avec six missiles balistiques. Selon des informations confirmées, des missiles opérationnels-tactiques ATACMS de fabrication américaine ont été utilisés », précise un communiqué du ministère russe de la Défense, publié sur sa chaîne Telegram. Selon ce dernier, cinq missiles ont été « abattus » et un « endommagé » par les systèmes de défense anti-aériens S-400 et Pantsir. « Des fragments du missile abattu ont touché le territoire d’une installation militaire dans la région de Briansk, provoquant un incendie qui a été rapidement éteint », ajoute le rapport. Toujours selon cette source, il n’y a pas eu de victimes ni de « destructions ».

Le 17 novembre, citant des responsables américains, le New York Times a rapporté que Joe Biden avait autorisé Kiev a effectué des frappes de missiles semi-balistiques ATACMS dans la profondeur du territoire russe. Une information que l’administration Biden a pour l’heure refusé de commenter. Pour autant, plusieurs dirigeants ont réagi à cette information, à l’instar d’Emmanuel Macron qui a estimé qu’il s’agissait d’une décision « tout à fait bonne ».

La Russie a prévenu à plusieurs reprises qu’une telle autorisation serait considérée comme « une implication directe » des pays de l’OTAN dans le conflit en Ukraine, notamment en raison des moyens occidentaux que ces missiles nécessitent pour être opérés. Mi-septembre, le président russe Vladimir Poutine a ainsi averti qu’un feu vert des Occidentaux pour ce type de frappes « changerait considérablement l’essence et la nature même du conflit ». « Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens seront en guerre contre la Russie », avait-il précisé. Cette dernière sera alors contrainte de prendre des « décisions appropriées », toujours selon le chef de l’État russe. Un avertissement réitéré, dans la foulée, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, par Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’ONU. « Si la décision de lever les restrictions est prise, cela signifiera qu’à partir de ce moment, les pays de l’OTAN entreront directement en guerre avec la Russie », avait-il déclaré.

Brian Nichols, secrétaire d’État adjoint aux affaires de l’hémisphère occidental, a confirmé mardi les informations diffusées par les médias selon lesquelles le président US aurait autorisé l’Ukraine à utiliser des armes américaines de longue portée à l’intérieur de la Russie.

Riposte atomique :

Ce n’est pas pour rien que le président russe ait signé mardi 19 novembre un décret approuvant la mise à jour de la doctrine nucléaire. Annoncée fin septembre, celle-ci élargit les possibilités de recours à l’arme nucléaire, considérant notamment comme une attaque conjointe l’agression menée par un État non nucléaire soutenu par une puissance nucléaire. Ledit décret  énumère les principes fondamentaux de la doctrine nucléaire. S’il consacre le statut « défensif » de l’arme nucléaire, « mesure extrême et nécessaire », celui-ci en étend également les possibilités de recours. La dissuasion nucléaire vise à garantir qu’un « adversaire potentiel comprend le caractère inévitable de représailles en cas d’agression contre la Russie et (ou) ses alliés », souligne le texte. Au-delà d’une riposte à une attaque nucléaire, l’agression de tout État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un pays nucléaire, sera dorénavant considérée comme une «attaque conjointe» contre la Russie.

Par ailleurs, une réponse nucléaire russe devient possible en cas de « menace critique » contre sa souveraineté, même avec des armes conventionnelles, en cas d’attaque contre la Biélorussie ou encore dans le cas de « lancement massif » de missiles de croisière ou de drones franchissant les frontières russes. Comme précisé par l’agence Ria Novosti, ce texte entre en vigueur à la date de sa signature : ce 19 novembre.

Le 25 septembre, lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, V. Poutine avait annoncé que des « clarifications » de la doctrine de recours à l’arme nucléaire avaient été proposées. Un mois plus tôt, depuis le Forum économique de Saint-Pétersbourg, le chef d’État russe avait prévenu que des changements dans la doctrine nucléaire n’étaient « pas exclus », déclarant que celle-ci était un « instrument vivant ». « Il est proposé de considérer comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie l’agression de la Russie par un pays non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un pays nucléaire », avait-il déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité russe. « Nous envisagerons cette possibilité si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d’attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre État », a-t-il ajouté, avant de préciser faire référence « à l’aviation stratégique et tactique, aux missiles de croisière, aux drones, aux avions hypersoniques et autres appareils aériens ».

La veille lundi, le ministère russe de la Défense a déclaré sur sa chaine Telegram avoir pris le contrôle du village de Novoalekséïevka dans la République populaire de Donetsk (RPD). Ce village se trouve à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Sélidovo, dont la libération avait été annoncé le 29 octobre par l’armée russe. Le weekend dernier, il a été signalé que deux autres localités avaient été libérées : Léninskoïé, au sud-est de Pokrovsk, et Makarovka.
Sur le front de la défense aérienne, le ministère a déclaré que « quatre bombes aériennes guidées Hammer de fabrication française, quatre roquettes tirées par des HIMARS de fabrication américaine et 106 drones » avaient été détruits. Le 15 novembre, celui-ci avait indiqué que l’armée russe avait, au cours de la semaine, pris le contrôle de Voznéssenka, Voltchenka, Stépanovka et Rovnopol, quatre localités de la RPD,ainsi que de celle de Kolessnikovka dans la région de Kharkov.

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